Journal des Mines (1811, volume 29) [Image 101]

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192 SUR L'ART DE FABRIQUER DU FLINT-GLASS

à leurs propriétés, mais ne 'sont jamais que des

correctifs qui masquent plus souvent des défauts qu'ils ne les détruisent, et qui souvent en ajoutent. Aussi le produit est d'autan t plus beau,

qu'on a moins été obligé de recourir à ces correctifs. ConSidérons donc la vitrification d'oxyde de plomb , de potasse et de sable, et faisons la composition, pour obtenir, comme les Anglais, -

une densité de 33 à peu près (nous verrons plus tard pourquoi je dis à peu près) : le mé-

lange sera cinq parties d'oxyde de plomb , deux

parties de potasse, et six parties de sable. Le tout bien mêlé, mis dans un creuset de verrerie

avec une température suffisante , à l'instant

l'oxyde de plomb se fond , se sature à différens degrés du sable qui lui est mêlé , et forme ainsi des verres de plomb de diverses densités ; et, de son côté, la potasse agissant sur les molécules de

silice qui la touchent, donne naissance à Un

verre d'un autre ordre, d'une autre densité aussi , et d'une force réfringente beaucoup moindre. Ce n'est que par la violence du feu et

par la continuité d'une haute température,

que ces verres si différens entre eux .se mêlent et finissent par se combiner; mais cette combinaison n'est que rarement absolue; et même, lorsqu'elle est absolue, il suffit de quelques circonstances qui se rencontrent fréquemment, pour rappeler chaque élément à suivre des lois particulières et à commencer une espèce de dévitrification, ainsi que je l'ai fait voir dans rin Mémoire que j'ai eu l'honneur de lire à la Classe, il y a cinq ans, sur la dévitrification en général. Pour

BON POUR L'OPTIQUE.

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Pour obtenir du flint-glass propre à l'optique, il faudrait donc pouvoir saisir le moment où la combinaison des matières est parfaite, et employer le verre dans cet état. Mais combien de nouvelles circonstances viennent ici compliquer la difficulté ! Jamais cette combinaison parfaite que nous demandons, ne se rencontre dans la totalité ,d'un pot à la fois ; diverses circonstances s'y opposent, et nous allons les examiner successivement.

Le dessus d'une potée de verre est toujours sali par une espèce d'écume, où se trouvent pêle-mêle des grains de sable non fondus, des sels neutres non volatilisés, et toutes les autres impuretés échappées à la purification des ma-

tières , ou produites même par l'action de la

vitrification; et les couches inférieures à cette écume se ressentent du voisinage de ces saletés,

qui se trouvent jusqu'à une plus ou moins grande profondeur. D'autre part, le fond des

creusets contient toujours plus ou moins de ce

verre avec excès d'oxyde de plomb dont j'ai parlé, qui s'y étant précipité par suite de sa pesanteur spécifique, dès le premier moment de la fusion, s'y est amassé, et a résisté à tous les efforts de combinaison du reste de la masse

vitreuse. Tel on Voit, si je puis nie servir de cette comparaison, un verre d'eau dans lequel on aurait fait fondre du sucre ; souvent, après même qu'on l'a bien. remué , il se trouve encore dans le fond du vase une partie du sucre fondu, mais non mêlé à toute la masse, et qui est resté au fond malgré l'agitation qu'on lui a imprimée. A bien plus forte raison, dans un liquide épais et Visqueux, comme le verre Frilume 29. -