Journal des Mines (1808, volume 23) [Image 169]

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OBSERVATIONS GIU)LOG/QUES

FAITES DANS LES ALPES.

d'oeil sur la constitution de cette grande chaîne de montagnes. La partie centrale, qui est là plus élevée et qui forme le partage des eaux entre la France et l'Italie , est composée de roches de la nature des primitives, au moins en apparence. Mais à l'Ouest du côté de la France, cette chaîne centrale est bordée dans toute sa longueur, depuis la mer jusqu'en Suisse et au-delà, par une chaîne secondaire qui forme pour ainsi dire le premier rang des Alpes. Le minéralogiste doit donc reconnaître , dans les Alpes, deux- chaînes différentes, l'une primitive , l'autre secondaire. Elles se distinguent parfa:tement l'une de l'autre, tant par la nature des roches qui les constituent, que par leur stratification et la forme de leurs sommités. Dans la chaîne primitive, ce sont des roches très-variées, souvent composées d'élémens cristallins, et ayant tous les caractères des roches

rapides , mais non absolument verticaux; dans la chaîne secondaire , la plupart des cimes sont des plateaux parsemés de quelques rochers peu proéminens , et les escarpemens sont verti-

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primitives. Dans la chaîne secondaire, on ne trouve presque que du calcaire compacte souvent mélangé de corps marins, sur-tout dans les parties les plus éloignées du terrain primitif. L'une renferme beaucoup de gîtes de minerais métalliques l'autre en offre à peine quelques faibles traces. Dans la première, la stratification est presque toujours à peu près verticale, et la direction la ,plus générale des couches est du Nord-Est au Sud-Ouest ; dans la seconde ,les couches ,quoique contournées en

grand, sont plus généralement horizontales. Dans la chaîne primitive , les sommités sont hérissées de pointes aiguës très - élevées audessus de leurs bases , les esearpemens très-

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caux (/).

Ces deux chaînes se trouvent d'ailleurs souvent séparées naturellement par des vallées qui

se sont ouvertes dans leur jonction. On peut

citer la grande vallée du Rhône dans le Valais, celle de l'Isère, depuis Conflans jusqu'à G-renoble ; enfin en suivant plus loin les Alpes jusqu'en Allemagne , la vallée de l'Inn (voyez 5. Io). Cependant il y a quelques endroits où la chaîne secondaire s'élève jusque sur les flancs de la chaîne centrale. 5. C'est dans cette chaîne centrale, regardée jusqu'ici comme entièrement primitive , que

j'ai observé les terrains de transition que je

vais décrire. Ayant fait plusieurs voyages dans cette partie du département du Mont-Blanc, qu'on_ appelait autrefois la Tarentaise, j'ai reconnu que les montagnes de cette contrée étaient compo-

sées presque uniquement de ce genre de terrain. J'en ai observé aussi dans d'autres parties des Alpes que j'ai parcourues , et après (1) Cette différence dans la forme des sommités est telle, ment caractérisée, que. quand on'a pris l'habitude de les observer, elles peuvent servir à déterminer de loin , au premier coup-d'ceil, la nature des montagnes avec quelque certitude. Cette différence est même souvent consacrée dans le langage populaire ; on donne le ,plus ordinairement le nom de pics,

d'aiguilles, aux rochers aigus qui couronnent les montagnes primitives5 et celui de dents aux rochers peu élevés qui surmontent et là les plateaux des secondaires..

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Les ter-

rains de transition se trouvent danslachai. ne centrale.