Journal des Mines (1806, volume 20) [Image 82]

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WSEUDOMORPHOSES.

d'expliquer comment la chan* carbonatée , le quartz hyalin et le feld-spath, ont pu céder leur place aux molécules stéatiteuses , en leur permettant de s'arranger dans l'ordre précis qu'exige la régularité des formes conservées , ont paru un znotif suffisant de regarder ces formes comme propres aux substances que l'on en voit revêtues (1). L'analogie et les lois que suit ordinairement la cristallisation, me paraissant peu favorables à cette dernière opinion , je vais proposer en peu de mois mes doutes à ce sujet. On voit fréquemment le quartz prendre tantôt la forme

cubique ou octaèdre de la chaux fluatée , tantôt affecter celle de la chaux carbonatée métastatique , se revêtir ensuite de plusieurs de celles de la baryte sulfatée (2). L'origine de ces formes n'est point équivoque. Le fluate de chaux, la baryte sulfatée, la chaux carbonatée, qui se trouvent dans (i) Journal de Physique an X. Ventôse, pag. 44(2) on voit dans la collection du Conseil. des Mines plusieurs ,pseudemorphoses quartzeuses , dont je me contenterai de citer les plus remarquables. La première est empruntée de la chaux carbonatée métastatique, et a été trouvée à Montbrizon , Département 'de la Loire, par M. Laverrière , Ingénieur en chef. L'origine de cette forme accidentelle n'est pas énigmatique. Il n'est pas même nécessaire , pour en rendre raison , de recourir à une sorte de cémentation , par laquelle les molécules quartzeuses auraient remplacé petit à petit celles de la chaux carbonatée métastatique qui se trouve air même lieu , il suffit qu'une cavité laissée vide par le spath calcaire détruit sur place par une cause quelconque, ait servi de moule à la matière du quartz. Un morceau de calamine du comté de Sommerset en Angleterre , qui fait partie de la collection systématique du Conseil des Mines , offre une pseudomorphose semblable à celle du quartz de Montbrizon. Les pseudo-cristaux de cette mine de zinc , (l'un brun rougeâtre longs de trois pouces , sont Creux dans leur intérieur, en quoi ils diffèrent des précédens qui sant pleins et compactes. Les cristaux de spath calcaire méta,tatique que l'on trouve quelquefois logés dans l'intérieur de ceuxde la, calamine, et certains groupes de spath calcaire' métastatique cités par Romé de l'Isle , dont une partie est encore à l'état de chaux '

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les mêmes lieux , sont autant de témoins fidèles qui font remonter jusqu'à la source d'où découlent ces formes. Et quoiqu'on ne puisse pas expliquer complètement tous les accidens qu'elles présentent, on n'a aucun doute sur leur nature. Lorsqu'on voit la stéatite se montrer sous plusieurs des formes de la chaux carbonatée, ne doit-on pas présumer carbonatée , tandis que le reste est à l'état de zinc oxydé , ne laissent aucun doute sur l'origine de cette psendomorphose. Les Départemens de Saône-et-Loire et de la Nièvre , visités par

M. de Champeaux , ont offert des pseudomorphoses de nature quartzeuse très-variées , et dont les principales ont été trouvées dans les communes de la Boulaye , canton de Roussillon , et de la Petite-Verrière (Saône-et-Loire) ; dans celle de Chide ( Nièvre ). Ces formes, toutes empruntées des substances acidifères , tirent leur origine , tantôt de la chaux fluatée , tantôt de la baryte sulfatée. Les formes régulières empruntées du fluate de chaux , sont l'octaèdre et le cube. Ces octaèdres sont ou creux ou en relief. Dans les premiers, les faces sont planes, bombées ou arrondies; les seconds présenteut , tantôt un sommet d'octaèdre régulier, tantôt un simple triangle équilatéral. Les formes cubiques , plus multipliées que les précédentes, sont elles-mêmes solides ou creuses. Toutes ces formes existent avec les mêmes accidens dans les spaths fluors que l'on trouve dans les mêmes lieux. Les formes originaires de la baryte sulfatée , sont la forme primitive , la variété trapézienne , l'épointée , la laminaire, la concrétionnée , la radiée ; les quartz pseudo' rnorphiques originaires de la baryte sulfatée ne sont pas accompa-

gnés par cette dernière substance, comme le sont par la chaux fluatée ceux qui doivent leurs formes au fluate de chaux , soit que

le fluate de baryte ait été détruit postérieurement , soit que le quartz pseudomorphique ait été déplacé ; ce qui a dû arriver quelquefois, puisqu'on ne le trouve pas seulement en filon , mais aussi dans les ravins et à la surface du terrain. Au reste , pour peu qu'on s'éloigne du lieu du gisement de ces quartz pseudornorphiques , on ne tarde pas à trouver la baryte sulfatée en filon , et assez abondante pour ne laisser aucun doute sur l'origine de ces pseudornorphoses. Si l'on compare ces psemlomorphoses de nos Départemens avec celles de Saxe , de Bohême, de Hongrie, décrites par M. le Chevalier de Born , on trouvera qu'elles offrent les mêmes accidens de formes et (le gisement , et qu'elles ont une même origine.