Annales des Mines (1868, série 6, volume 13) [Image 151]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

e -8

NOTES.

Dans le but de vérifier complétement les effets des irrigations avec l'eau d'égout sur la santé publique, nous avons visité les « principales localités où ce procédé est appliqué savoir : Croydon, Norwood, Worthing, Carlisle etÉdimbourg. « Nous avons également ouvert des enquêtes publiques à Worthing, Croydon et Norwomi. « A Worthing, nous avons trouvé le système qui fonctionne de-

« puis plus d'un an, irréprochable. Pas un seul cas de maladie n'a été attribué à l'arrosage. Quant à Croydon, les habitants de « la ville ne peuvent en général en être incommodés, car la ferme où l'on emploie l'eau d'égout, à Beddington, est à une distance « d'environ 3 milles (4.800 mètres). A l'enquête publique tous les

« témoins, médecins et autres, ont été d'accord que l'irrigation « n'était pas nuisible à la santé. En ce qui concerne Norwood, aucune plainte n'a été formulée par les personnes qui représentent ce district dans le conseil de salubrité de Croydon, et le « chiffre de la mortalité y est peu élevé. Quelque incommodité « cependant a été ressentie par un ou deux propriétaires ou occupants de la maison de campagne située dans le voisinage immé« diat des travaux; et le D` Creswell, l'un des médecins de la loca-

« lité, a dit que la question s'était posée à lui comme méritant examen, de savoir si certains cas particuliers de maladie ressem« blant à la fièvre, qu'il avait rencontrés dans le district, ne pour« raient pas avoir été occasionnés par les miasmes provenant des champs arrosés. Les ouvrages sont mal à propos situés près des « faubourgs de la ville, et peuvent déprécier la valeur des maisons voisines ; mais en somme, nous avons la conviction qu'il n'y a pas lieu de redouter sérieusement les miasmes des champs qui « reçoivent l'eau d'égout. Si l'irrigation à l'eau d'égout avait réellement fait naître une

classe particulière de maladies, on l'aurait difficilement supportée près d'Édimbourg sur une aussi grande échelle. Il ne faut pas se méprendre sur les cas où les inconvénients sont dus à des défauts dans l'application de la méthode. L'eau d'égout, si elle est fraîche et à l'air libre, est à peine perceptible pour l'odorat ; si elle reste enfermée dans les égouts'et est écou-

bic aux terres dans un état de putréfaction avancée, ou si, « comme cela a eu lieu une fois à Norwood, on laisse le bassin de I( dépôt déborder, ou si, comme à Édimbourg, les rigoles d'amenée sont si grossièrement établies et si mal entretenues qu'elles de(< viennent des cloaques d'eau stagnante où s'accumulent des dépôts de matières corrompues, des conséquences désagréables,

NOTES.

279 pour ne pas dire nuisibles, sont à redouter ; mais ce sont là des vices qui peuvent être prévenus par les soins ordinaires. « L'eau d'égout, quand elle est répandue sur une surface suffisante de prairie, sort limpide, sans goût ni odeur. A Croydon, depuis que la ville a été drainée (environ depuis 1852), les immondices d'à peu près 17.000 personnes se déchargent dans la « Wandle, clair ruisseau à truites qui sort de la craie au-dessus « de la ville et coule comme une eau d'agrément au milieu de maisons de campagne. Aussi longtemps que le conseil de salu-

brité a eu recours à des procédés chimiques pour purifier les eaux d'égout, il a été en butte à des procès continuels à raison de la « corruption du ruisseau. Il s'est mis alors à appliquer la méthode

des irrigations à Beddington, et les eaux qui sortaient des

champs arrosés tombaient dans la M'anale. M. Curney, n'ayant « pas assez d'eau à son usine, demanda au conseil de lui laisser conduire l'eau qui s'écoulait des champs arrosés dans la Wandle,

à un point au-dessus de l'usine; et en ayant obtenu la permission, il établit à ses frais un canal d'une longueur considél'able, par lequel toute l'eau est maintenant amenée à travers ses terres le long d'un chemin à voitures, et rejoint la rivière dans son parcours sur la propriété. Il ressort du témoignage et de M. Gurney et de son agent M. Reynolds qui réside sur le do maine, tout près de l'embouchure à Beddington, qu'il y a encore accidentellement quelques sujets de plainte sur l'état de l'eau d'arrosage qui vient quelquefois des champs soit trouble, soit

assez imparfaitement purifiée pour souiller à la fois la ri-

vière Wandle et l'atmosphère dans le voisinage. Ces faits, quand ils se produisent, admettent, nous nous en sommes assurés, une explication. Quand l'eau est trouble (sans être souillée par les matières d'égout), cela tient probablement, comme le suggère « M. Gurney, à ce que le bétail qu'on envoie pâturer sur les terres arrosées (lequel est très-nombreux par rapport à la superficie) a foulé le sol et l'a souillé avec ses excréments. Quand au contraire l'eau de sortie manifeste à la fois à la vue et à l'odorat des signes incontestables de la présence des matières d'égout, c'est que celles-ci n'ont pas été répandues sur une assez grande étendue de terrain. L'odeur a été reconnue la plus forte le dimanche « soir, probablement parce que ce jour-là on néglige de faire tout le nécessaire pour distribuer convenablement l'eau d'égout (). (") Cela ne paraîtra que naturel à quiconque connaît la manière dont le repos du dimanche est observé en Angleterre.

TOME XIII, 1868.