Annales des Mines (1868, série 6, volume 13) [Image 106]

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-INFECTION DES EAUX.

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ASSA INISSENIENT INDUSTIllEt ET MUNICIPAL.

maisit n'a sanctionné qu'en partie la. première. Il n'a pas cru, du moins quant à présent, devoir aller jusqu'à proscrire des pratiques qui avaient pour elles la consécration du temps, et en vue du maintien desquelles beaucoup d'intérêts s'étaient constitués. On a jugé prudent dajourner une solution aussi radicale, mais le: législateur a clairement manifesté ses .sympathies et marqué la voie à suivre en prohibant. tout abus de ce genre pour l'avenir. En datttres termes, on tolère l'existence des conduits qui, au moment de la promulgation de la loi, déchargent des résidus aux cours d'eau ; mais ni particuliers, ni corporations,. n'ont plus le droit d'établir un seul conduit nouveau. Telle est, en substance, la pensée des actes qui ont été rendus pour la protection de la Tamise (*) ; telle sera aussi, sans nul doute, celle de l'acte qui sera rendu bientôt pour l'Aire et le 'Calder, et des autres actes qui suivront, à brefs intervalles, pour les divers bassins du royaume. Quelque incomplète que soit maintenant la solution, elle n'en constitue pas moins un pas immense dans la voie de l'assainissement ; car, par cela seul qu'on interdit au mal de s'étendre, on le condamne par avance à disparaitre (**) ou, (*) 1' !bulles navigalioh act, dLl 6 août 1866, et riantes conscrvancy

act du 7 juin 1867. Aux termes de l'article 63 du premier de ces

actes et des articles 5 et Lt du second, il est interdit à toute personne ou corporation i° De faire déboucher à. la Tamise aucun égout, drain, conduit au canal en vue d'y écouler l'eau d'égout ou toute autre matière nuisible ou incommode; a" D'écouler ou de 'hisser écouler dans la Tamise aucune eau d'égout ou matière infectante, à l'aide de quelque égout, drain; conduit ou canal qui ne serait pas déjà affecté à cet usage au moment de la promulgation de l'acte. Pareille interdiction s'étend, dans un rayon de 5 milles- (près de 5 kilomètres, à droite et à gauche de la Tamise, à tous les cours d'eau ou canaux communiquant avec le fleuve : ils ne peuvent, dans ce rayon, servir d'exutoires aux villes ni aux particuliers. (**) Cela est bien évident tout d'abord pour les fabriques. Les nouveaux établissements devant s'abstenir de s'évacuer aux cours

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ce qui est plus probable encore, avec un tel principe posé

dans la loi, ou se préparera graduellement de part

e.t.

d'autre, le législateur à élaborer des mesures plus radicales., le publie à les subir. En Belgique, on n'a pas pris de dispositions aussi vigou-

reuses , que ne comportait pas 'd'ailleurs l'état des choses; car, sauf Bruxelles, il n'existe pas de grands centres de: population, et les principaux. cours d'eau, tels que la Meuse: et l'Escaut,. ont un débit hors de proportion avec les causes de souillure; Mais pour la Senne,. dans. laquelle Bruxelles eLvoie tous ses immondices,, à l'instar des. villes: anglaises,. et qui est devenue un foyer d'infection, il a été décidé,. par acte royal du 29 novembre i8,66, que les eaux. d'égout de la métropole seraient purifiées, par leur passage

à. travers les terres avant d'être déchargées à la rivière. En outre, le Conseil supérieur d'hygiène publique, saisi de nouveau par le ministre de la question de l'assainissement des villes, a reproduit sa délibération de 1862, par laquelle d'eau seront amenés à appliquer des procédés spéciaux de purification ou d'emploi des résidus. Or qui ne sait que ces procédés, après les difficultés inhérentes aux innovations, finissent tou jours par tourner au profit même dés industriels? Nous connaissons peu d'exemples de fabrications qui, en s'assainissant, n'aient pas réalisé un M., néfice pécuniaire. Il arrivera donc nécessairement que les anciennes usines, vivant à côté d'usines nouvelles où les méthodes seront plus parfaites, finiront par se mettre à l'unisson avec ces dernières, et .erioriceront ainsi aux facilités d'écoulement que 'aloi leur con-

cède. Pour les villes,, une semblable considération peut être invoquée, quoique à un degré moindre. Pour quiconque a eu occasion de remarquer la rapidité avec laquelle se sont fondées en Angle-

terre, depuis une trentaine d'années, les agglomérations disséminées le long des principaux cours d'eau, il n'est pas douteux que ce mouvement de concentration se continuera encore et que de nouvelles villes ou bourgades se constitueront nécessairement dans le voisinage des anciennes. Or les villes comme les fabriques ne tarderont pas à trouver avantage à utiliser leurs déjections : il naîtra, en outre, entre les municipalités d'un même groupe, un sentiment d'amour-propre et d'émulation qui devra tendre à généraliser les améliorations adoptées par quelques-unes d'entre. eliesL