Annales des Mines (1868, série 6, volume 13) [Image 101]

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ASSAINISSEMENT INDUSTRIEL ET MUNICIPAL.

p. 100 de réactif et d'abandonner le travail à lui-même pendant quelques jours. Quand on se propose, au contraire, de désinfecter la fosse d'une manière permanente, pendant le service, on commence, aussitôt après la vidange précédente, par laver le sol et les parois de la fosse avec du réactif étendu de dix fois son volume d'eau. Puis on éparpille sur lé sol une matière poreuse quelconque, telle que tannée, tourbe, etc., imbibée de réactif étendu de deux à trois volumes d'eau; MM. Blanchard et Chateau recommandent, en outre, d'en disposer de petits tas sous les tuyaux de chute. Après cela l'on ferme la fosse et l'on n'a plus besoin de la

rouvrir jusqu'à la vidange suivante. L'entretien du réactif se fait, en effet, au moyen des cabinets d'aisances eux-mêmes : tous les quinze ou vingt jours on introduit du réactif par l'une des cuvettes ; la dose doit représenter à peu près

1 p. ioo du poids des matières solides et liquides, non compris, bien entendu, les eaux de lavages. Il n'est pas nécessaire de verser le réactif par tous les tuyaux à la fois ; il suffit d'opérer tantôt par l'un, tantôt par l'autre, de façon à répartir autant que possible la dose au bout d'un certain temps. Ce système a été appliqué à Paris dans soixante-dix ou quatre-vingts fosses, et continue encore à

FOSSES FIXES ET CABINETS D'AISANCES.

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compte établi par MM. Blanchard et Chateau, d'après un certain nombre d'expériences officielles. Quant à la désinfection même, si elle est pratiquée avec les soins conve-

nables, elle est très-efficace, ainsi que l'attestent des témoins autorisés et comme le confirme la détermination prise par M. le maire de Saint-Étienne, lequel vient, par

un arrêté spécial, de rendre le procédé obligatoire

(*)

pour les fosses fixes des maisons qui n'ont pas la possibilité d'écouler leurs immondices à l'égout public. En regard de cette importante adhésion, il convient de dire que par suite de difficultés sur la nature desquelles nous ne sommes pas très-bien édifié, et que les inventeurs attribuent à des

considérations d'ordre purement administratif ou à des froissements d'intérêts privés, le procédé ne s'est encore généralisé dans aucune autre localité. Somme toute, cepen-

dant, là où l'on pratique le système (très-défectueux, selon nous) des fosses d'aisances fixes, l'emploi du phos-

phate double de magnésie et de fer nous paraît être le mode de désinfection le plus rationnel et le plus avantageux de tous ceux que nous avons eu jusqu'ici occasion d'étudier (**). Nous pourrions signaler encore plusieurs méthodes intro-

l'être chez plusieurs personnes qui s'en montrent satisfaites (5).

L'opération paraît, dans tous les cas, fructueuse ; nonseulement elle couvre, dit-on, les frais du traitement et de la vidange, mais elle laisse un bénéfice à l'entrepreneur qui l'opère gratuitement (5*). On trouvera à la Note h le (*) Notamment aux bureaux du Moniteur universel, du Siècle, des Débats, chez M. Dumas, à la Compagnie des omnibus, etc. (*) Les 70 à 80 fosses de Paris signalées plus haut, ont été vidangées gratuitement par la compagnie de vidanges la Mutualité, laquelle a transformé la matière, non en engrais pur et concentré,

ce qui eût été le mode le plus avantageux, mais simplement en poudrette supérieure à la poudrette ordinaire.

(5) L'article z de l'arrêté de M. le maire de Saint-Étienne, en date du 5juillet 1867, est ainsi conçu « Le curage de ces fosses devra être opéré fréquemment et dans tous les cas à toute réquisition de la police, et la vidange devra être préalablement désinfectée par le phosphate acide double de magnésie et de fer, ou un autre procédé reconnu supérieur par le conseil d'hygiène et approuvé par le maire. » Diverses commissions déléguées par les municipalités pour procéder à des expériences, notamment à Marseille, à vannes, etc.,

en ont constaté les bons résultats dans des documents officiels. Mais les pourparlers engagés en vue d'une application définitive n'ont pas encore eu de suite. (**) A la condition toutefois que les matières ne soient pas trop étendues d'eau, vu que le phosphate ammoniaco-magnésien s'y dissoudrait en partie.