Annales des Mines (1868, série 6, volume 13) [Image 58]

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GISEMENTS DE CHAUX PHOSPHATÉE.

filon mince encaissé dans un schiste, aux environs de SaintGirons (Ariège); dans le même schiste et à peu de distance

du filon se trouve du phosphate d'alumine (wawellite). En terminant cette énumération, nous ne pouvons nous empêcher de remarquer que Berthier a été le principal initiateur des divers gisements de phosphates aujourd'hui exploités, non-seulement en signalant, le premier, cette substance à la base du terrain crétacé, mais aussi en la décou-

vrant dans d'autres positions très-différentes : dans le fer carbonaté du terrain houiller de Fins (Allier); en mélange intime, avec le graphite et le quartz, dans le terrain de transition, près de Quillan .(Aude) (*); en rognons, dans les amas de minerai de fer en grains de la Bourgogne; enfin, en mélange, également très-intime, avec certaines roches mé-

tallifères d'Idria ("). La découverte, dans des gisements aussi différents, et sous des aspects aussi variés, d'une substance tout à fait dépourvue de caractères physiques remarquables, et qui, bien que destinée à acquérir une grande importance agricole, restait inaperçue, montre la judicieuse pénétration (l'esprit, dont ce savant éminent a fait preuve, dans les nombreuses recherches qu'il a si activement poursuivies, pendant plus de cinquante ans, et qui, à tant d'égards, en dehors de la science proprement dite et des industries métallurgiques, méritent un tribut de reconnaissance. Origine du phosphore dans ses différents gisements. En résumé, si le phosphate de chaux, renfermé dans les terrains stratifiés, se présente fréquemment sous des formes (*) Annales des mines,

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qui rappellent qu'il a passé par la vie, il n'en est pas de même de celui qui est associé aux roches éruptives et aux filons métallifères. Dans ces deux derniers gisements, les phosphates paraissent tout à fait indépendants de l'action des êtres organisés (5).

En outre, c'est dans les profondeurs du globe, d'où déri-

vent les roches éruptives, que se trouvent les réservoirs principaux du phosphore, fait sur lequel M. Élie de Beaumont a insisté. C'est de ces réservoirs intérieurs que les terrains stratifiés et l'Océan ont principalement tiré, aux diverses époques, et souvent d'une manière indirecte, le phosphore qu'ils renferment. C'est ainsi qu'aujourd'hui encore, des sources thermales, sortant des profondeurs infra-granitiques, comme à Carls-

bad, en Bohême, apportent de l'acide phosphorique en dissolution. On sait que Berzelius, dans sa mémorable ana-

lyse de ces sources, y a découvert l'acide phosphorique, dans la proportion de 45O.00O , et que depuis lors, on l'a retrouvé dans beaucoup d'autres sources, où il est surtout appréciable par les dépôts insolubles qu'elles forment. Documents apportés par les météorites sur les gisements originels du phosphore, et sur sa diffusion dans les corps célestes. En dehors même du globe terrestre, les météorites nous apportent des faits qui me paraissent bien dignes d'attention, même pour le sujet qui nous occupe. Le fer métallique, qui caractérise d'une manière si générale les météorites, renferme ordinairement, comme l'a

série, t. Il, p. 439, 1842.

() Comme exemple de la découverte du phosphore par Berthier, on peut également mentionner les dépôts gélatineux contemporains, reconnus dans les galeries des mines de Huelgoat, en Bretagne, et de Carmaux, dans le Tarn, qu'il reconnut, comme principalement formés de phosphate alumineux.

(5) Comme l'a rappelé récemment M. Chevreul, Proust avait dit dès 1787 :1 L'acide phosphorique, loin d'être pris pour un

transfuge échappé des corps organisés, sera enfin reconnu comme production légitime du règne minéral. » Lettre de Proust à d'Arcet, Journal de physique, 1788, t. XXXII, p. Ai.