Annales des Mines (1867, série 6, volume 12) [Image 285]

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EAUX THERMALES DE LUXEUIL.

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EAUX THERMALES DE LUXEU1L.

centre commun dès qu'elle y trouverait une moindre résistance à son parcours. Pour donner à ce travail le plus de chances possibles de réussite, il faudrait le placer pour ainsi dire, au centre des moyennes distances des points d'émergence actuels, en tenant compte du débit de chacun d'eux : on concilierait parfaitement cette condition avec les autres convenances de l'établissement, en le plaçant der-

rière le bâtiment, dans l'angle rentrant existant entre la galerie Vitrée et le Grand-Bain. Ce puits serait, dans sa par-

tie supérieure, protégé par un cuvelage contre l'invasion des eaux ordinaires actuellement si funestes aux eaux thermales; à mesure qu'on l'approfondirait, on verrait croître, en même temps que la température .et la richesse, le débit des eaux thermales, et l'on arrêterait les travaux quand ce débit serait jugé suffisant. Au besoin, si l'appel des eaux vers ce collecteur n'était pas assez énergique, on pourrait établir au fond une galerie de recette allant de l'est à l'ouest ou se dirigeant vers les sources qui donneraient encore des écoulements d'eaux : on concentrerait ainsi facilement au fond d'un réservoir unique toutes les eaux qui actuellement

se dispersent sur une surface de près d'un hectare, comprise entre leurs points d'émergence, et qui perdent certainement dans ces trajets ingrats une bonne partie de leur volume, de leur richesse et de leur chaleur. Ce travail ne pourrait compromettre en rien les résultats déjà acquis à l'établissement de Luxeuil ; car ne traversant que les terrains sédimentaires, il ne courrait aucun risque d'ouvrir un moyen de fuite aux eaux qui viennent du granite ; toutes celles qui seraient dérivées de leur parcours actuel se rendraient dans le puits, où on les obtiendrait réunies en quantité supérieure à la quantité actuelle, et avec augmentation dans leur richesse et leur température, par suite de la suppression du funeste mélange avec les eaux ordinaires, qui s'effectue aujourd'hui dans les couches supérieures. La diminution graduelle et rapide du débit des sources actuelles,

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et l'impossibilité de réparer ou même de visiter leurs captages, rendra le creusement de ce puits indispensable dans un avenir prochain. Tandis que l'eau alcaline fait défaut, il y a au contraire à Luxeuil un grand excès non employé d'eau ferrugineuse. Cette eau est de beaucoup la plus précieuse : c'est elle qui constitue la réputation de la station thermale de Luxeuil, et qui en fera d'ici à quelques années, si l'on sait l'utiliser, une station de premier ordre. Il est d'autant plus nécessaire de chercher un moyen d'en faire emploi que les bains ferrugineux sont de plus en plus demandés ; on trouve en effet d'autres eaux chlorurées sodiques dans plusieurs sta-

tions thermales, tandis que les eaux ferrugineuses de Luxeuil sont les seules à la fois manganésiennes et demithermales qui existent en France, et même en Europe, et jouissant d'une efficacité spéciale et unique. On ne connaît en effet en Europe d'autres .eaux ferrugineuses manganésiennes que celles de Birkenfeld (Prusse), mais elles ne sont pas thermales ; ni d'autres eaux ferrugineuses thermales que celles de Scliacz, en Hongrie, mais elles ne sont pas manganésiennes. Qui ne voit donc que les eaux de Luxeuil sont appelées dans un avenir prochain à un succès extraordinaire, si du moins il y a dans le succès quelque chose de logique ? Déjà leur usage se propage avec rapidité : sur les 1.800 baigneurs de l'établissement, on remarque une forte proportion de femmes et d'enfants, sur qui ces eaux ont une action merveilleuse, et la partie ferrugineuse de l'établissement est chaque jour assiégée : les six séries de bains dont

on peut disposer sont constamment complètes pendant une grande partie de la saison ; 25 baignoires seulement sont affectées à ce service ; l'on devrait lui en consacrer dès à présent une quarantaine. Le bain ferrugineux a été d'ail-

leurs établi en 1856, alors que le nombre des visiteurs arrivant à l'établissement était le quart de ce qu'il est aujourd'hui, la dixième partie peut-être, si l'on ne parle que