Annales des Mines (1867, série 6, volume 12) [Image 276]

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EAUX THERMALES DE LUXEUIL.

appartenir à deux époques distinctes, les uns aux premiers temps de l'occupation de la Gaule par les Romains, les

autres, plus anciens, puisqu'ils étaient placés plus bas, à l'époque où le pays était habité par les Gaulois ou les Celtes.

On a d'abord mis à découvert des murs en moellons fort bien faits et parfaitement conservés. Ces murs ne reposaient pas sur la roche même, mais bien sur une couche de crassin sablonneux mélangé de cendres, qui la recouvre sur l'épaisseur de i mètre. A 4 mètres de profondeur, on a découvert une médaille romaine à l'effigie de Constantin ; à. mètre plus bas, une autre médaille de Domitien ; enfin, à o^',5o seulement au-dessus de la roche, dans une terre noirâtre qui recouvrait la couche de crassin sablonneux ici moins épaisse que tout à l'heure, une troisième médaille à l'effigie d'Auguste. Ainsi, ces trois témoins, dont l'âge ne peut être l'objet d'un doute, se trouvent superposés les uns aux autres dans l'ordre d'ancienneté, et semblent marquer' les exhaussements successifs du sol. A la même profondeur et toujours au-dessus de la couche de crassin sablonneux, se trouvait une tête en pierre de grès très-bien sculptée et parfaitement conservée : le col est brisé, et aucune autre partie de la statue à laquelle elle appartenait n'a été retrouvée. Tous ces objets, qui ont été recueillis et sont conservés au musée des Thermes, gisaient pêle-mêle avec des débris de poteries rouges. romaines, et des poutres en bois de chêne décomposées et en partie carbonisées par le feu. A l'émergence de la source, et sur une certaine longueur à partir de ce point, des piédestaux de colonnes, à base quarrée, en pierre, reposant les uns sur la roche, les autres o"',3o environ au-dessus, ont été mis à découvert. Ces colonnes étaient disposées avec ordre, et sur deux rangées parallèles, se faisant face deux à deux ; leur distance d'axe en axe dans" une même rangée est de 5'1,55, et l'intervalle qui sépare les deux rangées est de 7"',85; leur base est un

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bloc quarré de om,95 de côté ; elles se composent de dés superposés à im5 de hauteur ; la dernière assise a o,m44 de côté. A l'ouest de la tranchée cinq colonnes ont été mises à découvert ; deux seulement du côté de l'est ont pu être dégagées, parce que les travaux ne devaient pas s'étendre plus loin dans cette direction. Au pied de celle qui se trouve au sud, parmi ces dernières, on a une. hache romaine en fer, assez bien conservée. rencontré Un mur en gros carreaudages à été retrouvé à l'alignement des deux colonnes du parement de l'est, et fait supposer que l'ensemble du travail devait consister soit en un réservoir, soit en un aqueduc. A l'appui de la première hypothèse, on peut invoquer ces deux circonstances : que les quatre colonnes qui se trouvent au point d'émergence comprennent dans le centre du rectangle qu'elles forment le griffon principal de la source du pré Martin, et que le parement ouest, derrière les colonnes, était formé de grosses pièces de bois de chêne superposées et reliées à. angle droit à i o mètres en aval du point d'émergence, à d'autres pièces de bois se dirigeant du côté de l'est pour rencontrer la maçonnerie de ce parement. Toutes ces pièces de bois étaient posées, et l'étanchement, à l'extérieur deexactement superqu'elles formaient, était obtenu au moyen d'unel'enceinte chape de o"',5o d'épaisseur, formée d'une argile blanchâtre, purgée de pierrailles, imperméable et soigneusement damée, qui ne se rencontre qu'à quelques kilomètres dans les environs de Luxeuil. Dans la deuxième hypothèse, ces ruines feraient partie de

l'ancien aqueduc de 3oo mètres de longueur, qui, si l'on ajoute foi à un ancien manuscrit déposé aux archives de la ville de Luxeuil, s'étendait depuis l'établissement jusqu'à la Corvée. Il faut noter en outre que la direction de ces colonnes passe à peu près dans l'emplacement du canal antique découvert lois des travaux de captage de la source ferrugineuse.