Annales des Mines (1867, série 6, volume 11) [Image 266]

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BULLETIN. 5o6 généralement tout premier travail de ce genre; depuis la seconde,

qui se rapporte à I 86o, il en a paru une chaque année. La dernière,

relative à l'année '863, est beaucoup plus complète et doit être. plus exacte que les précédentes.

La rédaction de ces satistiques est confiée aux soins éclairés, d'hommes instruits et laborieux, mais malheureusement trop Fares. en Espagne, qui travaillent avec ardeur et abnégation à la prospérité de leur pays, à son développement moral et matériel. La voix

de ces hommes est encore peu écoutée; car les esprits sont toujours préoccupés par les luttes des nombreux partis qui divisent la péninsule, et les vieilles habitudes, si contraires à l'activité et aux idées de progrès de notre époque, ne disparaissent que lentement. L'ensemble des chiffres fournis par les statistiques donne une idée assez exacte de la situation actuelle de la richesse minérale de l'Espagne et de l'importance qu'elle prendra dans les échanges de la péninsule avec les autres nations, lorsque les causes complexes et nombreuses qui paralysent le développement industriel du pays auront cessé d'exister. Les tableaux ci-joints résument les statistiques officielles. (Voir pages 509 et 510.)

Le tableau n° I indique l'accroissement qu'a pris l'exploitation des mines depuis 1860. L'Espagne produit aujourd'hui plus de minerais de plomb, cuivre,

zinc, manganèse, que l'Angleterre, et cependant dans quelles conditions se font ces exploitations!

Sur un total de fi.512 concessions, 1.808 seulement peuvent écouler leurs produits. L'insuffisance ou plutôt l'absence complète de voies ordinaires de communication ne permet d'exploiter que les gisements exceptionnellement riches et bien situés; les transports devant presque toujours être à dos d'ânes ou de mulets, les mines qui se trouvent dans les provinces du centre de la péninsule, restent improductives; elles ne peuvent traiter leurs minerais sur place, un combustible quelconque, houille anglaise ou autre, leur reviendrait

à. 80 francs et plus la tonne; elles peuvent encore bien moins songer à exporter leurs minerais bruts. Les mines situées sur les côtes et près d'un port sont les seules qui puissent être avantageusement exploitées; quelques-unes ont donné naissance à des usines qui payent sous palan de 35 à 40 fr. la tonne de charbon anglais; ce qui, avec les droits d'entrée, les

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déchargements, chargements et transports, quelque minimes qu'ils soient, porte toujours le prix de la tonne rendue à l'usine à 48, 55 francs et au delà; aussi la plupart des mines, grâce à des frets de retour avantageux pour l'Angleterre, la Belgique et la France, ont-elles plus de profit à exporter leurs minerais. La production actuelle des houillères est à peu près nulle et ne peut donner aucune idée du développement qu'elle est susceptible de prendre.

Après une étude sérieuse des principaux bassins houillers de l'Espagne, on peut affirmer que leur richesse, sans être, comme l'ont prétendu quelques personnes, supérieure à celle des houillères anglaises, suffira largement à tous les besoins de la péninsule.

La production n'était, en 1863, que de 401.501 tonnes ; elle atteindra et dépassera peut-être un chiffre quinze à vingt fois plus fort dans un laps de temps plus ou moins long, suivant l'efficacité des mesures qui seront prises pour développer l'industrie géné-

rale du pays. Le Gouvernement espagnol s'occupe en ce moment de quelques réformes douanières; les droits successifs qui pèsent sur l'entrée

des houilles étrangères vont sans doute être réduits. Il serait à désirer que ces droits fussent complètement abolis; cette mesure serait un encouragement sérieux donné à l'industrie, et, loin d'être nuisible à l'exploitation houillère du pays, elle lui serait, au contraire, très-favorable par le développement que prendrait la consommation ; les bassins houillers de l'Espagne se trouvent

presque tous dans des conditions aussi bonnes que possible pour

éliminer, dès qu'ils seront mis réellement en exploitation, les combustibles étrangers sur tous les marchés de la péninsule. Les mines de fer pourront également suffire à la consommation du pays; mais elles ne sont pas exploitées. Le tableau n° II prouve combien l'industrie métallurgique est peu développée en Espagne. La production en fonte, fer et acier est faible.

La presque totalité des minerais de zinc et plus de la moitié des minerais de cuivre ont été exportés en Angleterre, en Belgique et en France. Les minerais de plomb sont en grande partie traités, dans la péninsule, à cause de la faible proportion de combustible que nécessite leur réduction et de la simplicité des opérations. Les usines à plomb qui se trouvent à quelque distance des côtes em-