Annales des Mines (1867, série 6, volume 11) [Image 225]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

L4

EMPLOI DU SEL EN AGRICULTURE.

épaisseur de 18 à 24 pouces. Le sulfate de potasse dans les mêmes conditions pénètre à une profondeur moins grande encore.

En employant un sel de potasse renfermant 2,5 p. 100 de chlorure de sodium, on voit que la potasse pénétrait plus loin et même à 18 pouces il y en avait encore 14 p. ioo dans la liqueur; cela conduisit à recommencer l'expérience avec une dissolution formée de : ',mo parties d'eau partie de sel de potasse; 1 partie de sel marin.

En opérant comme précédemment, on reconnut dans ce cas que la potasse descendait beaucoup plus loin ; ainsi, tandis que dans le premier cas, il n'y avait plus à 18 pouces que 5 p. 100 de potassium dans la liqueur écoulée, cette fois il s'en trouvait encore 18 p. 1 oo ; à 4 pieds de profondeur il en restait encore 5 p. 100. Le chlorure de sodium a donc pour effet de faire descendre davantage la potasse. Pour montrer d'une autre manière cette action, on commença par saturer un sol de sels de potasse ; on lava en-

suite à l'eau pure,. jusqu'à ce que cette eau ne dissolût plus de potasse ; en lavant ensuite avec une dissolution de sel marin, le liquide écoulé renfermait de nouveau une forte proportion de potasse. Des expériences analogues, quoique moins complètes,

lurent faites par M. Franck sur l'acide phosphorique. Il mélangea la couche supérieure de terre, sur 3 pouces d'épaisseur environ, avec du phosphate de chaux basique, obtenu par précipitation l'eau pure passant dans le cylindre ne contenait, à sa sortie à 1 2 pouces, que des traces d'acide phosphorique; une dissolution de sel marin (1 pour 000) montrait des quantités notables de cet acide, même à une profondeur de 4 pieds.

EMPLOI DU SEL EN AGRICULTURE.

425

Ce qui précède démontre parfaitement l'action de transport indiquée plus haut, et il est évident que cette action, qui appartient d'ailleurs à quelques autres substances, au gypse et au sulfate de magnésie par exemple, comme au

sel, est d'une grande importance pour la culture des plantes à racines profondes. Tels sont les principaux effets du sel marin connus aujourd'hui ; on lui attribue fréquemment encore d'autres pro-

priétés, mais il est permis de conserver des doutes à cet égard. Ainsi l'on dit que le sel préserve le blé de la rouille, qu'il l'empêche de verser, qu'il détruit les vers, qu'il empêche la maladie des pommes de terre, etc. M. Zoller, faisant remarquer que le coton vient toujours dans des terrains à forte salure, pense qu'on devrait essayer les effets du sel sur le lin et le chanvre : il faut observer cependant que la pro-

duction de la fibre textile ne se fait pas du tout dans ces dernières plantes comme dans le coton.

A l'appui de ce qui vient d'être dit sur l'action avantageuse du sel, on peut citer maintenant un certain nombre d'essais dans lesquels elle devient évidente, par suite d'essais parallèles dans lesquels le sel n'a pas été employé. Blé. Essais de la Société royale d'agriculture de Bavière à Weyenstephan, en 1858, dans un champ très-épuisé

10 25o livres de nitrate de sonde et 75 livres de sel ont donné 2.526 livres de paille, 1.590 livres de graine.

250 livres de nitrate sans sel ont donné 2.4°6 livres de. paille, 1.152 livres de graines. 20 3oo livres de nitrate de potasse et 75 livres de sel ont donné 2.710 livres de paille, 1.415 livres de graines.