Annales des Mines (1867, série 6, volume 11) [Image 81]

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guise ses travaux de drainage, la plupart du temps sans se préoccuper des effets qui en pouvaient résulter sur les districts voisins, à travers lesquels les eaux avaient à passer. Les travaux n'étaient point établis d'après un plan uniforme, mais les dimensions, la forme ainsi que le niveau des égouts, aux limites des divers districts, étaient souvent très-variables. Ainsi des égouts plus vastes se déchargeaient clans des égouts plus étroits; d'autres, à parois planes, avec couronne et radier circulaires, étaient reliés avec des galeries ovoïdes; ou encore, des égouts à section ovoïde, ayant la pointe en haut, étaient reliés avec d'autres également ovoïdes, mais ayant la pointe en bas. Le premier essai de centralisation date de /847. Les huit commissions distinctes furent remplacées par une commission unique, appelée Commission métropolitaine des égouts, dont les membres étaient nommés par le gouvernement. Cette commission entretint, à l'égard des égouts, des vues opposées à celles qui avaient prévalu jusqu'alors et employa toute son énergie à substituer des tuyaux d'un très-petit diamètre aux vastes galeries en briques précédemment en vogue, à abolir les fosses d'aisances, à évacuer tous les résidus

de la maison au moyen de conduits débouchant directement à l'égout public, et à rendre obligatoire l'adoption de ce nouveau

système de drainage : si bien que, dans la seule période de six ans, 50.noo fosses furent supprimées et les ordures des maisons et des rues rejetées dans la Tamise. Malheureusement les travaux d'ensemble furent entravés par les nombreux changements survenus au sein de la commission. Dans les neuf années qui suivirent sa création, elle fut renouvelée six fois ; c'est-à-dire que des hommes nouveaux eurent, à six reprises différentes, à continuer la tâche de leurs devanciers. Ces corps éphémères furent, on le comprend, impuissants à mûrir convenablement et à mener à bonne fin aucune entreprise de grande importance. NOTE b.

La création du Conseil métropolitain des travaux a été déterminée par la nécessité de remédier à l'infection de la Tamise. C'est ce besoin de premier ordre pour la grande cité, et auquel la précédente Commission métropolitaine des égouts s'était montrée impuissante à satisfaire, qui a amené l'ordre de choses actuel. Nous empruntons à M. Rasalgette les principaux détails qui vont suivre. En 1849, les ravages du choléra et les chaleurs d'un été excep-

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tionnel se réunirent pour faire plus vivement sentir les dangers de la situation. La Tamise était à ce moment saturée de résidus d'égout; et, comme diverses compagnies d'eau s'alimentaient au fleuve, près de Londres ou dans Londres même, la presse publique commença à agiter la question pour amener un remède à des dan-

gers croissants. La Commission métropolitaine mit au concours l'étude de la purification du fleuve ; elle ne reçut pas moins de cent soixante projets différents, qui furent livrés à l'examen d'un comité de trois membres, composé de MM. Robert Stephenson, Rendel et William Cubitt. Après de longues et minutieuses recherches, le

comité aboutit à cette conclusion décourageante, que le meilleur de tous les projets, celui de M. Mac Clean, n'était pas lui-même complétement exécutable. La question subit ensuite des phases diverses sous les commissions métropolitaines qui se succédèrent jusqu'en 1854, époque où M. Basalgette, devenu ingénieur en chef de la commission, fut chargé, de concert avec M. flaywood, l'ingénieur actuel de la Cité de Londres, de préparer un projet définitif pour la réalisation du main drainage de la métropole. Le projet ainsi dressé obtint la haute approbation de Robert Stephenson et de William Cubitt. Toutefois, les changements incessants de la commission, renouvelée pour la sixième fois en 1855, ne permirent pas que rien de sérieux fût tenté jusqu'en 1856, date de Pavénement du Conseil métropolitain des travaux. Cependant, tandis que le temps s'écoulait en études et en débats stériles, la ville souffrait gravement d'une situation qui allait empirant chaque jour. Déjà, à deux reprises, en 1852 et en 1849, le choléra avait sévi à Londres et, à sa seconde invasion, il avait fait plus de 18.000 victimes. La troisième épidémie, celle de 1854, fut plus meurtrière encore. Quoiqu'il soit difficile d'expliquer la filiation mystérieuse qui peut exister entre une semblable maladie et l'état défectueux du drainage, il n'en fut pas moins établi, par les faits observés alors, qu'une semblable relation existe positivement. L'inspection des maisons de Londres, frappées dans les diverses

épidémies, le montre clairement; on constate, en effet, ce fait capital que les maisons qui avaient été le plus ravagées par le fléau, dans ses premières apparitions, ont été, au contraire, préservées dans l'apparition suivante, époque où les conditions du drainage se trouvaient profondément améliorées dans ces quartiers.

Cette vérité ne contribua pas peu à hâter un dénoûment appelé des voeux de tous, et le Conseil métropolitain fut enfin créé par l'Acte de 1856. Ce fut un changement radical de système, non-seulement au point