Annales des Mines (1866, série 6, volume 10) [Image 271]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

58

REVUE DE GÉOLOGIE.

TERRAINS.

périeur à celui des plus hautes marées. Parmi les nombreuses

Les graviers des vallées contiennent des galets plus roulés; leur stratification est plus régulière; le climat indiqué par les fossiles paraît avoir été à peu près le même que pour les dépôts élevés. C'est dans ce climat assez rigoureux que l'auteur voit la cause des puissantes actions érosives dont les vallées portent la trace. La neige et la glace en fondant devaient entraîner une grande quantité de matières solides et dégrader les rives avec énergie. En outre cette action a dû se combiner avec un soulèvement graduel, attesté par les rivages élevés (raised beaches) qu'on observe sur les côtes de France et d'Angleterre. Enfin, tout en reconnaissant que l'état actuel de la science ne permet pas de se faire une idée précise du temps qu'il a fallu pour le creusement des vallées, M. Prestw ch déclare cependant qu'il est nécessaire de reculer beaucoup l'époque de l'apparition de l'homme sur la terre.

localités qui offrent des exemples de ce phénomène, il faut citer le petit port de Sangatte, près de Calais. M. Prestwi ch (i) l'a visité récemment, et il a reconnu, au milieu des galets et des sables, des morceaux de chert qu'il suppose appartenir aux couches crétacées

inférieures; en outre, on y trouve des fragments de roches de la série oolithique du Boulonnais et deux galets de granite rouge, venant probablement du Cotentin. Il croit pouvoir conclure de ces faits que le canal était ouvert à l'ouest et s'étendait déjà entre la France et l'Angleterre avant la période du dépôt des graviers des vallées.

Au-dessus du raised beach de Sangatte, apparaît une masse de galets de craie et de silex avec couches de limon, ayant de 5 à u5 mètres, et contenant des coquilles terrestres. M. Prestwi ch regarde ces couches comme l'équivalent du loess.

Distribution des dépôts diluviens. M. Prestwich (2) a encore publié ANGLETERRE ET FRANCE. récemment un travail d'ensemble sur la position géologique des graviers diluviens à silex travaillés ainsi que sur le loess du sud-est de l'Angleterre et du nord-ouest de la France. Il croit que la production clos graviers diluviens à silex peut s'expliquer par la simple

5I9

-

Le travail de M. Pr es t wi c h est accompagné de cartes indiquant la position du loess, des graviers et du limon aux environs d'Abbeville et d'Amiens, ainsi que d'une carte d'ensemble indiquant les

routes parcourues par les galets des diverses formations géologiques dans les vallées de la Seine, de l'Yonne, de l'Oise, de l'Aisne,

de la Somme pour la France, et dans celles de l'Ouse, de la Waveney et la Tamise pour l'Angleterre.

action fluviatile, en supposant seulement qu'elle avait plus d'intensité autrefois que de nos jours, et que certaines causes imprimaient périodiquement aux rivières un caractère torrentiel. En tout cas, les agents auxquels est dû le transport des éléments de ces graviers auraient fait sentir leur action dans les mêmes bassins hydrographiques que ceux où coulent les rivières actuelles. Ainsi le granite ne se rencontre, dans la vallée de la Seine, qu'après sa jonction avec la vallée de l'Yonne, et les roches paléozoïques des Ardennes se trouvent dans le lit de l'Oise et jamais

M. N. de M ercey (I) a étudié les dépôts diluviens des bassinscle. la Seine et de la Somme. Il y distingue deux périodes successives, qui sont, en commençant par la plus ancienne: Période des cailloux roulés, mélangés de sable aigre et souvent surmontés de sable gras (Saint-Acheul, Moulin-Quignon, Menchecourt). Les sables contiennent des coquilles fluviatiles et terrestres; et c'est dans ces dépôts qu'on trouve, avec les ossements de

dans celui de la Somme.

correspondant exact du diluvium gris. Période de l'alluvion ancienne

M. Pr est wich distingue deux sortes de dépôts : ceux des niveaux élevés, et ceux qui occupent le fond des vallées. Les premiers contiennent des coquilles fluviatiles et des blocs peu roulés qui ont de grandes dimensions; les couches y sont très-contournées; l'examen des fossiles indique un climat plus rigoureux que celui d'aujourd'hui.

mammifères, la plupart des silex taillés. Ces dépôts seraient le i° Dépôt du diluvimn rouge à cailloux brisés, pénétrant, sous forme de puits, dans les cailloux roulés. 2° Dépôt du loess ou limon des plateaux, recouvrant toutes les formations précédentes et suivant M. de Mer c ey, produit peutêtre par des eaux en rapportdirect avec la mer, comme le pense

M. Hébert. Geol. Society, XXI, 44o.

Phil. Trans., 1864,11.

(4) Bulletin de la Société géologique, XXII, 75.

TOME X, 1866.

35