Annales des Mines (1866, série 6, volume 10) [Image 50]

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INFECTION DU SOL.

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1° Drainage des eaux sales el des matières impures.

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Ce drainage comprend le système des canaux aboutissant des maisons aux égouts publics et ces égouts euxmêmes avec leurs grands collecteurs et leurs émissaires. Les matières qu'ils reçoivent sont, d'une part celles qui proviennent de l'intérieur des habitations ou des établissements industriels, et d'autre part celles que les eaux pluviales ou autres entraînent avec elles en coulant sur les toits, les cours et allées, les rues, places et autres endroits affectés à la circulation.

Égouts publics. - Les égouts ne constituent pas par euxmêmes un moyen nouveau d'assainissement. On en a seulement accru l'efficacité par l'extension et les perfectionnements qu'on leur a donnés dans ces dernières années. On s'est attaché à les rendre plus étanches, à en régulariser la

pente et à leur assigner des profils plus favorables à l'écoulement des eaux. En même temps on a doublé peut-être la longueur de ces évacuateurs sur l'ensemble du territoire.

Ce n'est pas à dire que l'on soit très-avancé sous ce rapport. Loin de là : ce qui resie à faire dépasse de beaucoup ce qui a été fait. Sauf Paris, où la canalisation souterraine, sous la direction de M. Belgrand, marche à pas de géant, les autres villes sont encore bien peu pourvues. A Lyon, Bordeaux, Marseille., Nantes, la proportion des rues drai-

nées varie de la moitié à un tiers. Cette proportion s'abaisse graduellement dans les autres villes, à mesure que leur importance diminue. Déjà très-faible dans des cités

de second ordre, comme Lille, Strasbourg, Toulouse, Nîmes, etc. (*), elle devient nulle ou à peu près pour la

ÉGOUTS PUBLICS.

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la longueur des égouts et à peine le quinziènie de celle des

rues. Mulhouse, Rennes, Anas, Angers, Limoges, etc., sont peut-être dans des conditions pires encore. Quant aux petites localités, il n'en faut pas parler : les égouts y sont

pour ainsi dire inconnus. La banlieue des grandes villes n'est pas moins déshéritée : les rues, les grandes voies de communication, les routes impériales même, dans leur traversée au sein des agglomérations, n'ont d'autre moyen d'écoulement que les fossés à découvert. C'est une des choses par lesquelles la France contraste le plus avec l'Angleterre, où l'on a mis tant soins à assainir les environs des centres

populeux. Il faut venir dans le département de la Seine, pour trouver quelques travaux de cette nature, et encore sont-ils bien incomplets : sur un territoire qui renferme des localités aussi industrielles que Puteaux, Saint-Denis, Vincennes, Pantin , Aubervilliers, etc., on ne comptait en 864 que 6o kilomètres d'égouts. Les détails d'exécution varient naturellement beaucoup, puisque la construction des égouts dépend exclusivement des administrations I ocales. Mais on paraît d'accord, aujourd'hui, sur ce principe, que les galeries doivent avoir au minimum des dimensions telles que les ouvriers puissent y pénétrer. L'exemple des conduites anciennes, souvent engorgées et d'un accès impossible, a détourné de s'en rapporter uniquement aux forces naturelles pour opérer le curage, et l'on n'a vu de garantie suffisante que dans l'intervention de l'homme. Les moindres dimensions des égouts récemment construits -tombent donc rarement au-dessous de im,5o de haut sur mètre de large. Dans ces grandeurs, le profil est généra-

grande majorité des chefs-lieux de départements. A Rouen,

une existence considérable : elles ont été assainies, selon les connaissances du temps, pendant que leurs voisines étaient négligées, et se sont ainsi trouvées de bonne heure en possession d'un réseau

() Les exceptions qu'on rencontre dans quelques villes moins populeuses, telles que Montpellier, Nancy, etc., tiennent à des circonstances toutes particulières. Ces villes ont eu dans le passé

d'égouts assez imparfait quant à l'exécution, mais à peu près complet quant à l'étendue : c'est ce réseau ancien qui les dessert encore aujourd'hui.