Annales des Mines (1866, série 6, volume 10) [Image 35]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

INFECTION DES EAUX.

MATIÈRES FÉCALES, EAUX-VANNES.

fermentescible. La méthode est fondée sur la réaction connue du phosphate acide de magnésie, lequel, en présence de l'ammoniaque des excréments, forme du -phosphate ammoniaco-magnésien qui se fixe dans les résidus solides. La partie originale de l'invention réside, d'une part, dans le mode

rique liquide. Ces deux corps, par leur réaction mutuelle et en présence de l'ammoniaque, donnent naissance au phosphate acide de magnésie et, par suite, au phosphate amnaoniaco-magnésien. La tinette ainsi garnie est placée sous le tuyau de chute des latrines. Au fur et à mesure que les matières y tombent, une vive effervescence se produit par suite de la décomposition du carbonate d'ammoniaque. Le dégagement favorise le mouvement ascensionnel des agents chimiques, qui continuent à agir, lors même que la

48

de fabrication du réactif, dont le prix de revient a eté considérablement abaissé (*), et, d'autre part, dans l'agencement des appareils destinés à en utiliser les propriétés. La fosse mobile, ou tinette, consiste dans un petit tonneau de bois à double fond, d'une capacité de go ioo litres (environ o'",6o de haut sur orn,45 de diamètre moyen) (**).Le fond supérieur formant filtre, placé à 6 centimètres au-dessus

du fond inférieur, est percé de trous de 6 à 7 milimètres de diamètre. On place au-dessus : i° une claie en osier, destinée à arrêter les matières et à préserver le filtre ; 2" 5 litres de

matière poreuse, de préférence du crottin de cheval, sur lequel on éparpille un litre de sulfate de magnésie solide ; 5° 5 litres de crottin arrosé avec un litre d'acide phospho(*) « Nous sommes arrivés, disent MAL Blanchard et Château, tant

« par l'application industrielle perfectionnée par suite des moyens

« de laboratoire, que par des procédés nouveaux, à fabriquer : t.° L'acide phosphorique libre à "c7,5 degrés Beaumé, au prix de

01,50 le kilogr., produit qui n'est livré actuellement aux laboratoires qu'aux prix inabordables de /15, 65 et 100 fr. le kilogramme ;

2' Le phosphate acide de magnésie à 350 Beaumé,, au prix de « 01,15 le kilogramme.

Nous ferons remarquer en passant que ce sel est complètement « inconnu dans le commerce des produits chimiques et qu'il n'est « même pas fabriqué pour les besoins du laboratoire. » Voici le mode de fabrication que nous avons vu appliquer pae ces messieurs dans leur usine de la rue Château-des-Rentiers à Paris. Les os en morceaux (non pulvérisés) sont attaqués par la moitié de leurs poids d'acide sulfurique. On sépare par filtration le phosphate

acide de chaux qu'on concentre à 35". On le traite ensuite par 7 p.10. d'acide sulfurique concentré, lequel précipite la chaux et libère l'acide phosphorique qu'on isole par filtration et lavage. Pour

obtenir le phosphate acide de magnésie, on décompose le phosphate acide de chaux par le sulfate de magnésie. (**) La tinette dont nous donnons ici la description est celle qui est actuellement employé à la colonie de Mettray.

49

couche de matières au-dessus d'eux atteint une épaisseur de 4o centimètres. C'est à ce moment qu'on vide l'appareil pour l'approprier à nouveau. On en retire de 5o à 6o litres de so-

lides, constituant un engrais de premier ordre. D'après le programme des inventeurs, la destruction des odeurs devrait être complète et les liquides qui s'écoulent entre les deux fonds devraient être à peu près dépouillés de principes fertilisants. Il est difficile d'admettre que ce double résultat soit obtenu ; car si l'ammoniaque est fixée, d'autres. éléments odorants, comme l'hydrogène sulfuré, et certaines

émanations sui generis, ne sauraient être retenus par les mêmes réactifs. En ce qui concerne les liquides, il y a deux réserves à faire : d'une part, une portion de l'ammoniaque

doit être entraînée à l'état de sulfate, et d'autre part, le phosphate ammoniaco-magnésien, insoluble dans les urines, ne lest pas dans l'eau pure. Or les habitudes modernes, dans

les grandes villes surtout, tendent de plus en plus à accroître le volume d'eau qui s'écoule avec les matières fécales. Les eaux-vannes des tinettes doivent donc être sensi-

blement chargées. En fin de compte, cependant, il reste établi, d'après ce que nous avons vu à Mettray, que l'infection est beaucoup moindre avec ces appareils qu'avec les fosses ordinaires ; il y a là certainement un progrès à la fois sanitaire et agricole qui mérite d'être examiné (*). (*) Les procédés de MM. Blanchard et Château ont été très di versement appréciés. A Mettray, où toutes les latrines de la colonie TOME X, 1866.