Annales des Mines (1866, série 6, volume 10) [Image 23]

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INFECTION DES EAUX.

FAIM 1 QC ES DE COULEURS.

comme M. Kuhlmann dans sa succursale d'Amiens : il fait couler les liqueurs acides sur la sole d'un four à réverbère garnie d'un lit de calcaire et calcine le mélange à siccité;

difier cette situation. En ce qui concerne spécialement la fabrication des couleurs d.'aniline, centralisée, on le sait,

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le résidu, formé de chlorures secs, est emporté dans une carrière d'où l'usine tire sa pierre à chaux. On peut encore procéder comme M. Kestner, à Thann ; les liquides sont reçus dans un grand réservoir cimenté à double paroi, afin de prévenir toute chance d'infiltration ; on les reprend à la pompe et l'on en remplit des tonneaux, qu'on va vider ensuite dans une gravière abandonnée, en aval du vieux Thann et très-loin de toute habitation.

Quant aux solutions faibles d'acide chlorhydrique, d'un débit toujours difficile, il est visible que, mieux encore que le chlorure acide de manganèse, elles peuvent être utilisées pour les divers objets que nous avons indiqués. Au surplus, la fabrication croissante des chlorures alcalins tend à restreindre incessamment la perte de l'acide muriatique. Aujourd'hui, on le recueille dans le nord et l'est de la France,

et ce n'est guère que dans les fabriques des environs de Marseille qu'on en envoie encore de grandes quantités, soit à la mer, soit aux étangs. Fabriques de couleurs, teintureries, papiers peints. - En général, les matières colorantes vont aux cours d'eau sans être préalablement dénaturées. Toutefois, depuis quelques années, on cherche en Alsace et surtout en Flandre à mocalcaires qu'elles ont graduellement rongés à une grande distance. Aujourd'hui, M. Pouyer-Quertier, dont la filature est à 7 ou 800 mètres de la fabrique de M. Malétra, se plaint que l'eau du puits qui alimente ses appareils à vapeur est devenue assez acide pour attaquer la tôle des chaudières. A Thann, où pendant longtemps on a laissé perdre les liquides dans le sol, les puits ont été infectés à une grande distance, et M. Kestner s'est vu obligé à fournir de l'eau à la ville, en dérivant. à ses frais, une source à 7 kilomètres. Quoique depuis '12 ans cette facheuse pratique ait été abandonnée, le sol est demeuré as-

sez imprégné pour que bon nombre de puits se trouvent encore

à Lyon, des accidents récents, d'une extrême gravité, ont attiré l'attention de l'autorité publique, et des précautions spéciales ont dû être prises pour prévenir le retour de semblables malheurs (5). Des faits analogues, mais heureusement sur une échelle moindre, ont été signalés dans des fabriques de papiers peints. A Nancy, notamment, des empoisonnements . ont eu lieu par suite d'infiltrations de liquides arsenicaux

Les teintureries du département du Nord ont été l'objet de travaux remarquables. Elles sont assujetties, depuis deux ans, à un régime raisonné grâce auquel les plus importantes d'entre elles ont réalisé de sensibles amélioraimpropres à la boisson, il est même arrivé, par suite du mouvement

des eaux souterraines, que des puits qui avaient été d'abord préservés se sont infectés dans ces derniers temps. (') Aux mois d'août et de septembre 1862, une quinzaine de personnes appartenant à l'usine de Pierre-Bénite, près Lyon, ou vivant dans son voisinage, tombèrent gravement malades, et trois moururent. Une enquête fut faite par le conseil d'hygiène de Lyon, mais elle n'aboutit pas. On attribua les effets à une épidémie. Deux ans

plus tard, en mai i86à, la famille d'un garde barrière du chemin de fer de Lyon à Saint-Étienne présenta les mêmes symptômes de maladie. La femme et les enfants succombèrent, le garde-barrière lui-même vint à un état presque désespéré. Sur la plainte de la Compagnie, la justice et l'autorité préfectorale s'émurent. On procéda à une exhumation et à une série d'analyses chimiques. 11 fut reconnu alors que ces divers accidents étaient dus à la présence

de l'arsenic, en quantité notable, dans l'eau des puits, et que cet arsenic provenait des résidus de la fabrication de la fuchsine, préparée à Pierre-Bénite dans de grandes proportions. Il y a quelques années, toute une famille de Nancy éprouva à plusieurs reprises les premiers symptômes d'un empoisonnement.

On reconnut que le puits à l'usage de cette famille contenait de l'arsenic rejeté par la fabrique de papiers peints de M. Huin. Déjà une autre fabrique, celle de M. Noël, avaitcoûtéla.vieà quelquespersonnes

et avait infecté tellement les terres de tout un quartier que longtemps après des puits se chargeaient encore d'éléments arsenicaux. Le conseil d'hygiène recommanda de continuer pendant plusieurs années les analyses de ces puits, afin de prévenir de nouveaux accidents, bien que la cause elle-même eût cessé.