Annales des Mines (1866, série 6, volume 9) [Image 261]

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PRÉPARATION DES CUIRS.

OPÉRATIONS INSALUBRES POUR LES OUVRIERS.

de souffler pour nettoyer la surface de la pièce. Grâce à cette excellente installation, l'atelier du sciage est devenu aujourd'hui un des plus salubres, et l'on y compte moins de

malades que parmi les charpentiers ou les simples journaliers.

Préparation des cuirs. -L'insalubrité de ce travail est une question encore controversée. D'après MM. Pécholier et Saint-Pierre, professeurs agrégés à la Faculté de médecine de Montpellier, les opérations de la tannerie seraient même, dans leur ensemble, plutôt favorables que nuisibles à la santé

des ouvriers (*). 11 n'en reste pas moins quelques détails fort incommodes, sinon malsains, tels que l'ébourrage, récharnage et une opération positivement insalubre, de l'avis de ces hygiénistes eux-mêmes, celle du broyage du tan, quand elle n'est pas effectuée avec tous les soins convenables.

L'ébourrage ou épilage qui s'exerce sur les peaux une fois chaulées met les ouvriers en contact prolongé avec la chaux ; leurs mains se gercent profondément, et il en résulte même parfois de véritables ulcères que le voisinage de matières putréfiées peut rendre dangereuses. Ce travail est assaini au moyen du tonneau purgeur, dont l'emploi (5) Voir l'Étude sur l'hygiène des ouvriers peaussiers du département de l'Hérault, 1864. Nous en reproduisons les principales conclusions, déduites de l'observation d'un grand nombre de faits :

« Une forte constitution, une grande vigueur, un tempérament sanguin ou bilioso-sanguin, une complexion robuste, une taille droite, des traits mues, un teint frais, de larges épaules, un cm-

bonpoint modéré, une longévité remarquable, tel est le type « ordinaire des ouvriers tanneurs de notre département. « Les relevés statistiques faits par nous à Aniane nous ont dé« montré que sur go adultes morts du choléra ii seulement étaient « tanneurs; tandis que le chiffre total des tanneurs est à, celui des adultes dans le rapport de un à quatre. Les chances de mort pendant cette épidémie ont donc été moitié moindres que pour les autres habitants.

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commence à se répandre dans les grandes tanneries, par exemple chez M. Pelletreau, à Château-Renaud (Indre-etLoire) , chez M. Leroux, à Rennes, etc. Les peaux sont agitées et lavées dans cet appareil pendant une heure et demie et abandonnent toute leur chaux ainsi qu'une partie des

poils. L'écharnage se pratique le plus souvent sur des billots en bois qui retiennent les débris organiques et exhalent perpétuellement une odeur de fermentation. Une disposition simple consiste à les recouvrir de feuilles de zinc.

M. Leroux a soigné tout particulièrement le broyage du. tan, qu'il pratique sur une grande échelle (environ, 2.500 tonnes par an) pour la consommation de plusieurs de ses confrères. Il se sert de moulins à noix parfaitement clos. Immédiatement au-dessous de la cloche est un orifice d'aspiration par lequel un ventilateur lance les poussières fines dans une caisse de dépôt, du système Perrigault. Cette o de haut, caisse de 4r",5o de long, 1-,20 de large et est divisée par des tablettes en dix compartiments que l'air parcourt successivement, en déposant les poussières sur chacune d'elles, et de là s'échappe sur le toit à peu près purifié (1). M. Leroux utilise ces poussières, qu'il reconnaît, à poids égal, plus actives que le tan ordinaire, (5) Les appareils de M. Perrigault, appliqués depuis peu à diverses industries, notamment à des meuneries, ont pour objet la précipitation des poussières dans un espace relativement très-circonscrit. Voici comment l'auteur rend compte, dans une brochure en date de ,865, des motifs qui l'ont conduit aux dispositions actuelles « Me trouvant dans une chambre ou pénétrait un rayon desoleil et où l'air était tranquille, je vis des atomes nombreux flottant clans l'atmosphère.... Une table était devant soi; la pensée me vint « d'étudier quelle. marche suivraient ceux de ces corpuscules qui se trouvaient dans le voisinage de sa surface. Arrivés à s ou ,s millimètres seulement, je les vis se précipiter sur la surface de « la table, obéissant évidemment à une lei d'attraction dont les effets n'ont jamais été signalés. « je reconnus alors pourquoi tous les rayons d'une bibliothèque,