Annales des Mines (1866, série 6, volume 9) [Image 258]

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PRÉPARATION DES BOYAUX, SOUFFLAGE.

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OPÉRATIONS INSALUBRES POUR LES OUVRIERS.

afférente au maniement des chiffons a presque entièrement disparu des ateliers de M. Breton.

Sécrétage des peaux, arçonnage. - Les procédés perfectionnés que nous avons eu occasion d'observer en Prusse se répandent également dans les grandes maisons françaises. On en peut voir de bonnes applications chez divers fabricants de Paris, notamment dans l'importante chapellerie de MM. Laville, Petit et Crespin. Nous ne reviendrons pas sur cette description. Nous nous bornerons à relever, dans la fabrique de madame veuve Vallagnosc, à Marseille, un détail intéressant que nous n'avions pas eu occasion de

remarquer ailleurs, et qui est relatif au décatissage des peaux sécrétées et séchées. Cette opération, qui précède le coupage à la machine, se fait généralement à la main, au moyen d'une. brosse tenue par l'ouvrier. Il se produit des poussières mercurielles en proportion assez notable. Chez madame Vallagnosc on emploie une machine dite brosseuse, consistant en un cylindre brosseur analogue à celui des nouvelles balayeuses qu'on vient d'introduire à Paris. L'appareil est contenu dans une enveloppe. Les poussières sont aspirées par un ventilateur et envoyées dans un compartiment situé à l'arrière. Cette maison fait d'ailleurs usage des machines à éjarrer et à arçonner. Préparation des boyaux, soufflage. -Ces opérations sont incommodes et même malsaines. Pour prévenir les plaintes du voisinage, on a soin lé plus souvent de maintenir fermées les portes et fenêtres des ateliers, en sorte que les ouvriers vivent dans une atmosphère des plus nauséabondes. En outre le soufflage fatigue la poitrine et occasionne parfois des ulcères par suite du contact des lèvres avec des matières impures. Indépendamment de tout procédé spécial, les inconvénients sont beaucoup diminués par la propreté générale de

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l'usine et par l'emploi d'une grande quantité d'eau. Sous ce rapport on peut citer la fabrique de cordes harmoniques de M. Savaresse, à Grenelle, comme un véritable modèle. Les opérations s'exécutent dans des grésalles ou terrines en grès, dont les parois lisses ne retiennent aucun débris organique. Une machine à vapeur fournit une eau abondante qui permet de vider les terrines plusieurs fois par jour et de laver continuellement les tables de travail. Les parquets bitumés et en pente assurent le prompt écoulement de tous les résidus. Mais ces moyens, quelque précieux qu'ils soient, sont loin de suffire dans les établissements où l'on prépare les boyaux de boeuf pour la charcuterie et autres usages analogues. Le nettoyage et le soufflage nécessitent le concours de procédés spéciaux. Le nettoyage ou séparation de la membrane péritonéale, dont une partie seulement a été enlevée par le dégraissage

à l'abattoir, s'exécute ordinairement à la suite d'une fermentation putride qui constitue un des détails les plus repoussants de cette industrie. Cette macération , dont la durée varie de huit jours à un mois selon la saison, a pour objet de décomposer en partie la muqueuse et de la rendre moins adhérente, afin que les ouvriers puissent la détacher

sans risquer de nuire à la qualité des boyaux. Quelques industriels commencent à adopter le procédé Labarraque, consistant à immerger les intestins dans une solution de chlorure de soude, ce qui dispense de toute fermentation putride. La fabrique de MM. Monnier et Dutripon, à Eysines (Gironde) , remarquable d'ailleurs' par l'ordre et la propreté

qui y règnent, marche dans ces conditions depuis trois ans. Aujourd'hui quelques heures suffisent pour permettre d'effectuer le ratissage des boyaux (*). M. Fabre, à Gre(*) Le conseil d'hygiène publique de la Gironde est tellement convaincu de la supériorité de ce procédé, qu'il le rend mainteTOME IX, i866.

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