Annales des Mines (1866, série 6, volume 9) [Image 208]

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ESQUISSE GÉOLOGIQUE

dentelées, mais bien plutôt une suite de grands plateaux déclives, placés en recouvrement les uns au-dessus des autres et découpés par des vallées profondes. Un bombement général du sol qui commence dans les environs de la Cabeza de Don Pedro et se continue bien au delà du pic de Banera, suivant une ligne qui s'écarte peu de la direction nord-ouest sud-est, constitue l'accident principal de la Set.rallia. La petite carte (PI. IX) jointe à notre mémoire montre que cette ligne forme, sur une certaine étendue, le point de partage des eaux qui se déversent dans le Gabriel d'une part et de l'autre dans le ruisseau de Moya. La Sierra de Valdemeca dans le nord et celle de Mira du côté du sud donnent aussi lieu à des mouvements de terrain dont le relief au-dessus du niveau moyen de la contrée est trèsprononcé.

Par une exception qu'explique son isolement, cette

pointe extrême de la Nouvelle-Castille est, en grande partie encore, couverte de forêts d'arbres verts (*), lesquelles (*) Les forêts de la Serrania sont, pour la plus grande partie, peuplées de pins. Deux espèces y sont surtout répandues : connue sous le nom vulgaire de Rodeno, est, d'après la détermination qu'en a faite M. Durieu de Maisonneuve, le savant directeur du jardin public de Bordeaux, le Pinus pinaster; l'autre, appelée Negrule, est le Pinus Pyrenaina. L'influence chimique du sol se manifeste de la manière la plus marquée dans la répartition de ces deux espèces à la surface de la contrée. Le Rocleno est l'arbre des terrains siliceux ; le Negrale, au contraire, celui des sols calcaires. J'ai parcouru des étendues considérables de forêts couvertes de ces pins, et il ne m'est pas arrivé une seule fois de rencontrer les deux espèces réunies sur un même terrain. Chacune d'elles est au contraire cantonnée sur le sol qui lui convient. La division est même tellement profonde qu'elle a passé dans le langage ; de telle sorte que, dans la Serrania, le mot Bodeno est employé indifféremment pour désigner le pin maritime et les grès rouges, sur lesquels on le rencontre habituellement. Ce fait de répartition si remarquable doit tenir à des différences d'une certaine valeur dans la constitution intime des deux espèces de pins. Il aurait été intéressant de chercher à s'en rendre en exécutant des analyses complètes sur les cendres du compte, bois et

DE LA SERRANIA DE CUENCA (ESPAGNE).

595 contribuent, avec les accidents du sol, à en faire une région, bien distincte de tout ce qui l'entoure.

J'y ai fait deux excursions de quelques jours chacune. dans l'automne de 1859 et au printemps de 186o. Les observations que j'ai recueillies, pendant ces rapides voyages, dans une contrée dont l'étendue est comparable à la moitié d'un département français de moyenne grandeur, ne sauraient embrasser tous les détails de sa structure géologique, laquelle est d'ailleurs assez compliquée. Aussi n'est-ce point une description détaillée de la Serrania que je me propose de donner, mais simplement une esquisse de sa constitu-

tion qui en fasse ressortir les traits les plus saillants. je crois du reste deVoir entrer à ce sujet dans quelques considérations qui mettront en évidence le but que j'ai eu en vue en publiant ce mémoire et feront en même temps connaître certaines particularités propres au sol de la Péninsule.

Traits caractéristiques de la constitution géologique de l'Espagne. ils se trouvent reproduits dans la Serrania. L'Espagne présente, dans sa structure géologique, des caractères qui la distinguent nettement du reste du continent européen. Les formations n'y sont que bien rarement disposées par bassins ou par bandes symétriquement alignées le long d'un axe de soulèvement, comme cela est habituel pour ce dernier; elles s'y trouvent le plus souvent découpées par une multitude d'accidents qui en interrompent la continuité. On ne saurait, à moins d'avoir parcouru quel-

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ques-unes des parties montagneuses de cette contrée, se faire des divers organes de chacune d'elles. Il m'a été impossible, faute d'éléments suffisants, de me livrer à ces recherches. J'ai pu toutefois constater que les cendres des feuilles du Pinus pinaster renfermaient, pour 1g,0,07 de silice, tandis que celles du Pinus Py-

renaïcct n'en contenaient que 0g,0r25 pour la même quantité, c'est-à-dire que les proportions de silice étaient respectivement dans chacune de ces espèces :: 3 : .