Journal des Mines (1798-99, volume 9) [Image 212]

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SUR LA MINÉRALOGIE

parsemée de la même espèce de pierre à chaux sans doute que le dessous est de la même nature que le rocher de /a citadelle : on ne doit donc pas être étonné d'y voir de la pierre calcaire ,

mais on doit l'être d'y voir mêlés des blocs de granit ; car les voyageurs assurent que ces blocs y sont entremêlés avec ceux de la pierre calcaire.

Ainsi voilà le même phénomène minéralogique qu'on a admiré si souvent en Suisse vers la montagne de Salèves et ailleurs , et qu'on n'a pu expliquer qu'en supposant que de hautes montagnes granitiques qui dominaient jadis ces pays, ont été renversées, et que leurs débris ont fourni ces blocs; ou en suivant l'idée de quelques autres, comme Giraud- Sozdavie , qui ont prétendu qtre les blocs granitiques sont des concrétions. naturelles faites sur la pierre calcaire même , et ils en

Ont donné pour preuve la fameuse roche sur laquelle se trouve aujourd'hui la statue de Pierre I.", qui a été trouvée dans un marais , à plus de 'zoo

milles de toute espèce de montagnes primitives.

C'est encore une remarque à faire , que toit ce qui s'élève en hautes montagnes dans ce' payslà, se trouve toujours être de granit , et que les bas sont en pierre calcaire , sable, argile ou marne c'est ce qu'on voit en s'approchant de plus en plus de la mer : car déjà nus avons fait remarquer que cette vaste partie de l'Amérique diffère des anciens continens , en cenque ses (évations granitiques

les plus grandes se trouvent sur les bords de la mer.. Il paraît donc que le système granitique s'étend fort avant dans la mer. On a d'autant plus lieu de le croire, que Louisbourg île vaste et 'fort éloignée de Québec-, est toute en granit, ou presque entièrement : Ses roches en font une

417 bordure terrible pour les vaisseaux ; et même ce qu'on appelle le Banc de Terre-Neuve n'est autre chose qu'un massif de granit couvert de sable. Les DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE.

voyageurs dont il est ici question trouvent les mêmes preuves de l'opinion que nous émettons ici : en suivant depuis le Canada les pays où se

trouvent Albany, New-York et Boston , la nature des pierres qu'ils ont troitvées de temps en temps jusqu'à Boston , est de granit tendre , entremêlé de pierre calcaire et de schiste.

Cependant il court dans le haut pays et fort loin des bords de la mer, plusieurs chaînes de montagnes granitiques , du sud au nord , de la Floride au. Canada. On en reconnaît au moins trois qui vont dans cette direction , et qui sont à plus de 600 milles les unes des autres. Mais c'est avec raison que Liancourt , le seul des deux

voyageurs qui s'tst trouvé dans la Caroline méridionale lorsqu'on lui a fait faire cette observation, croit' qUe ces chaînes ont fait autant de bords de mer, et qu'elles ont été . jadis ce que sont maintenant les côtes de la Pensilvanie et de l'état de Boston. Ce qui le prouve , c'est qu'on voit auprès de la première, c'est-à-dire, vers celle qui est le

plus près de Charles-ton , ou , pour mieux

dire , qui borde la Caroline, non-seulement des pierres calcaires coquillières, mai, même des bancs

d'huîtres entiers. On en voit un fort remarquable près d'un lieu qu'on appelle Colonzbiaà t ao milles des bords actuels de la mer. Ce banc , dont les coquilles sont parfaitement bien pétrifiées calcairenient , court parallèlement à la chaîne des montagnes , et est d'une grande étendue. Au surplus d'après le récit des voyageurs , on a lit u de croire que presque tout cet état n'est autre chose qu'une