Journal des Mines (1798-99, volume 9) [Image 32]

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OPHITE DES PYRÉNÉES.

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La pierre verdâtre de Pouzac contient , if est vrai , des schorls , et ils y sont tellement confus et rapprochés les uns des autres , et la couleur de cette pierre est d'un vert si obscur , qu'il n'est pas étonnant que le C. Pasumot lui ait assigné un rang parmi les schorls en masse. Mais si l'on examine avec le secours d'une loupe la pierre de Pouzac , on découvrira facilement qu'elle est principalement composée , comme toutes les variétés de mon ophite , d'un mélange à peu près égal de petites lames de feld-spath et .de schorl. D'après cela , il semble qu'on pourrait l'appeler feld-spath en masse , avec autant de raison que le C." Pasumot la nomme schorl en masse. La pierre de Pouzac est très-pesante, d'une dureté extrême et étincelle vivement lorsqu'on la frappe avec. l'acier. Si elle n'était qu'un simple schorI lamelleux en niasse , elle sera ir plus tendre. Elle contient donc beaucoup de silice, outre la matière siliceuse

qui forme un des principes constituans de l'hornblende.; substance ( ) qui , selon le C. Lamétuerie , donne seulement quelques étincelles au

briquet, et qui , suivant le C." Chaptal(2), n'en donne pas du -tout.

La pierre verdâtre de Pouzac est donc une roche composée, approchant de Io nature des granits secondaires, de même que les autres pierres des Pyrénées que j'ai appelées ophites. Au reste les caractères qui m'autorisent à le penser , sont beaucoup moins distincts dans la roche de Pouzac

que dans la plupart des autres masses de cette même substance , qui est communément d'une (t ) (

Sciagr. morne Ler

page 29Ç.

2 ) Élémens de chimie, tome II, page S2.

6; couleur moins sombre et moins- uniforme , qui OPHITE DES PYRÉNÉES.

présente enfin des variétés infinies. Dans certains

endroits, elle est .pénétrée d'oxide de fer qui la

rend noirâtre ; dans quelques autres , elle en contient seulement à la surface , tandis que l'intérieur, lorsqu'il a sur-tout reçu le poli , est d'un vert clair et d'un vert obscur : ce qui dénote deux substances différentes, outre le feldspath qu'on y découvre, et par conséquent une pierre composée, granitoïde , et- non une simple pâte de schorl en masse. La différence d'opinions sur la nature de la pierre verdâtre des Pyrénées, prouve que Bailly a raison.

de dire qu'on n'arrive aux découvertes qu'après bien des efforts et des pas inutiles. Sujet à fer-, reur, j'ai pu me tromper dans une matière si difficfle : niais il ne m'arrivera point de 'persister dani

ma façon de penser , si les expériences la contrarient ; et je ne serai pas honteux d'ignorer ce qui n'est pas connu de plusieurs célèbres naturalistes.

Mais s'il est vrai que je n'ai pas toujours emvéritable dénomination qu'il convient l de donner à certaine substance , il est du moins heureux pour moi de pouvoir assurer ceux qui se livrent à l'étude de la minéralogie, que les obployé

servations du C." Pasumot justifient celles que j'ai publiées :.1a.succession alternative des bancs cale-aires et des bancs argileux , que j'avais remarquée dans les Pyrénées., et qui a été un sujet de doute pour quelques savans , est exactement rapportée

dans son ouvrage. En faisant .mention de cette

conformité , ce n'est pas pour en tirer vanité , mais seulement pour rassurer sur l'exactitude des faits que j'ai recueillis : les naturalistes qui 'appliquent

à pénétrer le mystère de la formation des Pyré:-. nées , ne pouvant solidement établir leur théorie