Journal des Mines (1797-98, volume 7) [Image 223]

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RAPPORT DES VOYAGES 426 s'étaient formés en niasses solides , et étaient restés

en place, en affectant en apparence beaucoup de situations diverses., à la manière des sels fini , cristallisant dans des vaisseaux, s'y accumulent inéga-

lement, et adhèrent aux parois verticaux de ces .vaisseaux. Saussure , et moi après lui , nous avons trèsbien reconnu (non pas dans un seul lieu , mais dans

une infinité d'endroits. où il ne pouvait point y avoir d'équivoque ) que le granit, ainsi que toutes les autres roches primitives, est disposé en bancs que ces bancs affectent toutes les directions et toutes .les situations entre la verticale, et l'horizontale; que dans les granits, ces bancs peuvent être tellement

'épais , qu'en ne montrant point leurs limites , ils ont pu faire illusion et laisser douter de leur existence. Nous avons bien pris soin de ne pas confondre des fentes avec des divisions de bancs fentes qui , presque toujours inclinées sur le plan .

des bancs, déterminent la forme de rhombe qu'affectent presque toutes les grandes masses ; et j'ai constaté que la disposition du mica dans les roches

qui en contiennent, peut presque toujours servir à déterminer la direction des bancs, quel qu'ait été leur déplacement. J'ai remarqué dans cette chaîne un autre très-

grand fait géologique; c'est que depuis que les

couches primordiales y ont pris la situation qu'elles affectent maintenant, leur masse a été presque en7 tièrement ensevelie sous des couches calcaires coquillières, alternant avec des couches de grès ( i). (

On a déjà dit souvent que mille faits concordons ne

servaient qu'à rendre vraisemblables certaines hypothèses , et qu'un seul fait discordant ou contradictoire suffirait pour le, 7CIPieTSer, J.l s'en faut de beaucoup qu'elle ait en sa faveur ces

DU C.

DOLOMIEU, EN L'AN 5 ET L'AN 6.

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Ces couches secondaires qui s'étaient modelées sur les inégalités du sol qu'elles venaient recouvrir, et Mille bits concordans : l'opinion d'après laquelle nos couches secondaires se seraient formées au sein des eaux, dans le fond d'une mer tranquille , par une précipitation ou un sédiment régulier et successif ; et l'existence de ces couches de grès et de brèche qui alternent avec les couches secondaires, dans le voisinage des montagnes primitives , serait un de ces faits dis-

cordans qui renverserait toute cette supposition, et ce fait n'est pas le seul. Ces couches de grès ont souvent pour pâte ou pour gluten le calcaire. Les grains de quartz et les autreS fragmeris primitifs sont inégalement répartis dans cette pâte. Quelquefois, dans la partie inférieure de ces bancs de grès, le calcaire presque pur ressemble à celui des autres couches calcaires, auxquelles ils sont associés ; ailleurs, les plus gros grains occupent fa partie

supérieure du banc, et les petis grains l'inférieure, Quelquefois les gros grains et les petits grains sont mélangés, et les petites écailles de mica et les gros grains de quartz sont associés , sont

empâtés ensemble. Or, tous ces accidens n'auraient pu arriver, ai le sédiment s'était fait aussi tranquillement qu'on le suppose s'il s'était fit en traversant une grande épaisseur du fluide dans lequel on veut que ces couches se soient formées. Chaque matière , chaque grain auraient pris la place commandée par leur pesanteur absolue et spécifique ; leur répartition inégale annonce du trouble, leur mélange prouve qu'ils n'ont eu ni le temps ni les moyens de se séparer : il faut que chaque banc ou couche ait été formée comme d'un seul jet ; qu'elle ait été dès-lors dans un état pâteux, qu'elle ait eu la consistance de la boue, puisqu'elle n'a pas permis aux gros grains de quartz de gagner le bas de son épaisseur. Rien de tout cela ne s'accorde avec l'hypothèse que je combats depuis long-temps, et on ne peut pas dire que le fait que je cite , et dont j'ai déjà parlé ailleurs, soit un fait particulier qui n'appartient qu'a des circonstances locales. Le fait se généralise, puisqu'il se trouve par-tout à la proximité du primitif. Les sommets des plus hautes montagnes calcaires secoas claires voisines du centre de la chaîne des Alpes, quoiqu'isolés, sont fréquemment couverts de ces grès, dont on retrouve d'autres bancs, alternant avec les bancs calcaires et parallèles entre eux, qui constituent leur masse centrale. Les couches purement calcaires qui sont entremêlées avec ces grès', doivent nécessairement s'être formées d'une manière analogue , et on ne peut pas dire que d'autres couches calcaires, pour être éloignées de celles-la, doivent s'être formées d'une manière différente.-

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