Journal des Mines (1795-96, volume 4) [Image 126]

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Le 8 janvier r 779, le médecin Oudot compta neuf colonnes de très-belle glace sur les débris des

anciennes, et, de même que l'année précédente, une seule surpassait toutes les autres en grandeur

et occupait toujours la même place ; sa hauteur était de 5 pieds ; elle en avait Io de circonférence; le piédestal était d'un pied d'épaisseur. Le thermo-

mètre se tint dans l'intérieur à 5, et descendit 7 au dehors. Le sol de la grottera'avait aucune humidité..

Quelle que fût la grandeur de ces colonnes la tradition en supposait de bien plus considérables dans les temps antérieurs , puisque plusieurs

personnes prétendaient qu'avant 1727 , époque de leur dégradation , il s'en trouvait quelques-unes qui atteignaient la voûte ; le désir de revoir cette belle décoration suggéra au médecin Oudot l'idée d'une expérience qui pût contribuer à rétablir plus promptement les choses dans l'ancien état. Il pratiqua , en conséquence , trois échancrures profondes sur les trois colonnes les plus élevées , et y engagea verticalement trois pièces de bois en saillie ; l'une de quatre pieds , l'autre de cinq, et la troisième de dix, de manière que chacune d'elles correspondait à une gouttière de fa voûte. Empressé de reconnaître l'effet de cette tentative, il retourna sur les lieux le 22 février suivant, _et vit, avec la plus grande satisfaction-, que les deux pièces de bois de quatre et cinq pieds étaient entièrement recouvertes de glace , et formaient des colonnes d'un pied de diamètre. La troisième pièce ne se trouva pas enduite uniformément sur toutes ses faces ; en revanche , elle était couronnée par un large chapiteau d'une glace parfaitement transparente et qui formait un spectable très-agréable

( 71 ) la vue. Les autres colonnes _avaient aussi gagné quelque accroissement, mais beaucoup moins que celles où l'art avait secondé la nature. Ce iour là dans l'intérieur , et le thermomètre marquait H- 1.2 au dehors. Cette expérience prouve la possibilité de. rétablir la. glacière dans l'état où l'on assure qu'elle a existé 'autrefois; mais il paraît que la première ébauche du médecin Oudot a été détruite et les bois enlevés , car je n'en ai vu aucune trace quelques années après.

OBSERVATIONS. Outre l'article de l'Encyclopédie dont parle Je citoyen Girod- Chantrans , et qui est tiré d'une lettre écrite par M. de Croismare , en 173i , nous connaissons aussi, r .° une description très-étendue

de la même grotte, envoyée en 1726 à l'académie des sciences , et imprimée en 1737 , dans une

histoire de. Bourgogne qui parut alors à Dijon. .° Une lettre écrite de Besançon au.célèbre Réau-

mur, le 29 novembre 174.3 , par Cos' signy , ingénieur en chef à Besançon , et qui a paru dans le premier volume des Mémoires des savans étrangers,

accompagnée d'un plan de la grotte. Les obser-

vations du citoyen Girod-Chantrans et du médecin,

Oudot serviront à dissiper l'incertitude que ces rapports opposés pourraient avoir laissés dans l'esprit de quelques personnes ; et désormais il sera

bien constaté que la glace n'augmente pas en été dans ce souterrain : cependant comme le merVeilleux a presque toujours quelque vérité pour fondement , ne peut-on pas soupçonner que ceux qui ont cru voir ce phénomène n'ont fait attention qu'à la couche de glace dont le sol est couvert i