Journal des Mines (1794-95, volume 2) [Image 224]

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84 et demi de hauteur, plusieurs veines de tourbe dons l'étendue en longueur et largeur variait beaucoup. Leurs épaisseurs différaient ente,elles et.variaient depuis s jusqu'à 9 et s o pouces au plus. Les veines supérieures étaient minces , très-compactes , d'une légère couleur brune, marbrée, mêlées de terre et d'une grande quantité de débris de petits coquillages blancs, et très-légères. Elles étaient

séparées par des couches de terre de peu d'épaisseur, et se divisaient par feuillets entre lesquels on distinguait des débris de végétaux pourris. Cette tourbe exhalait une odeur extrêmement forte de

fe-de soufre, due au gaz qu'elle contenait, et

quefon voyait souvent s'échapper en bulles dans les .parties imprégnées d'eau.

Le5.Yeines inférieures reposant sur la glaise, étaientTlus épaisses dans quelques parties que les

veines supérieures ; la tourbe en était d'un brun

noirâtre, compacte , pesante, grasse , plus_ homogène ; et se coupant plus facilement à la-bêche que celle des veines supérieures. On y distinguait aussi çies débris de végétaux décomposés.

Cette dernière tourbe en séchant, s'est gercée en .différens sens, et a acquis une dureté considérable. Mise au feu, elle a brtilé très,,difficilement, en: ellalant une odeur extrêmement désagréable. Elle a produit des scories (lui, après l'entière combustion , étaient faciles à réduire en une cendre grisâtre dont le volume était à-peu-près moitié de celui de la tourbe qui l'avait produite. Nota. Dans la fouille du grand puits de l'École-Militaire, commencée en 1751, et finie en r 753, on a trouvé, 2+ ou 25 pieds de profondeur, dans un banc de glaise

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ardoisée, des morceaux de bois pourri 44, pieds plus bas , après avoir traversé plusieurs bancs de glaise et un banc de roc très-dur et bien entier , on a rencontré aussi du bois pourri dans un banc .formé de morceaux de roche brisés. Enfin il s'est trouvé encore du bois en morceaux

de 8, I o et 12 pouces dé longueur, sur 4. à 5 de dia-

mètre , dans une glaise sableuse mêlée de pyrites, 8 à 9 pieds plus bas, et par conséquent à une profondeur totale de plus de 78 pieds. ( Voyez la première partie du Mémoire de Guet-tard sur les Poudingues. Ment. de l'Aca-

démie, 1753.)

Il paraît, d'après les arbres déposés ainsi dans la vallée de la Seine, et ensevelis à des profondeurs inégales, sous la rivière çhariait les matières qui s'y sont déposées, anciennement comme celles de 'Amérique septentrionale et de la Sibérie, ' des arbres qu'elle arrachait de ses bords. L'île de Chatou paraît devoir sa naissance à un amas d'arbres. On y découVre , à une certaine profondeur, des arbres tout entiers couchés dans différens sens , et d'une grosseur très-considérable , dont quelques-uns paraissent être des chênes et des noisetiers , par les fruits qu'on a trouvés dans la terre qui les recouvre. ( Ménz. de Leroux

cité par Guet-tard.) On en a encore vu dans quelques autres endroits le long de la Seine, entre Chatou et SaintDeniS. Enfin les glaisières de Gentilly contiennent aussi des morceaux de bois pénétrés de parties pyriteuses. On voit, par le récit que fait César de l'expédition de Labienus contre les Gaulois commandés par Camulogene, que tous les environs de Paris étaient couverts d'eaux que la Seine laissait probablement dans ses inondations. Camulogene voyant que toute cette contrée ne formait qu'un immense marais dont les eaux s'écoulaient dans la

Seine, et qui rendait le pays facile à défendre , s'arrêta dans cet endroit et résolut d'y attendre les Romains qui

venaient de Sens, et de leur disputer le passage. Le général romain ( Labienus ) tenta de se frayer une route sur le marais avec des fascines et de la terre ; mais il ne put y

réussir , et remontant alors jusqu'à Melun dont iI s'empara, il réunit 50 barques, et les ayant chargées de soldats, se mit en devoir de des-Cendre par la rivière à Paris, 4 à