Journal des Mines (1794-95, volume 2) [Image 159]

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mélique; ainsi au lieu de s'exhausser, le sol de la vallée s'abaissera de plus en plus ; il est déjà couvert en plusieurs endroits d'une multitude de petits

étangs dont le fond est inférieur à celui de la

rivière , et qui par conséquent n'assèchent jamais.

Ces trous à tourbe se multiplient chaque année ; .-enfin- un temps viendra où cette contrée ne sera plus qu'un marais inhabitable, si l'on ne met point en oeuvre toutes les ressources de l'art pour y amener à peu de frais des combustibles qui remplacent celui dont on a fait usage jusqu'à présent. Le fit de la Somme, de mème que celui des fleuves dans lesquels les eaux de la mer refluent, est traversé par une barre , un peu au-dessous d'Abbeville , vis-à-vis le village de Lavier. Depuis

cette barre jusqu'à la mer, ce lit est sujet à de

fréquentes variations ; le terrain sablonneux dans lequel il est tracé n'a point assez de consistance pour résister aux causes accidentelles qui tendent porter le courant tantôt sur une rive, tantôt/sur l'autre. Toute cette plage a été sillonnée à plusieurs reprises , et le sera de nouveau par différens bras

de la Somme.'

Indépendamment des causes accidentelles dont nous venons de parler, une cause générale et plus

puissante agit constamment pour repousser les éauX de la Somme vers sa droite. Les digues qui couvraient les bas champs de Noyelles ont été détruites , les nouvelles renclôtures seront attaquées et détruites à leur tour, parce que les vents régnans Continueront de diriger contr'efles le courant principal qui emplit la baie à chaque marée, tandis que FaIongement de la pointe du Hourdel en rétrécissant cette baie, obligera ce courant de

3é porter vers le nord. Voilà pourquoi le bras

( 57 ). la Somme qui contourne la digue de galet, -depuis cette pointe jusqu'au rivage de Cayeux, se comble de plus en plus, tandis que l'autre bras, appelé passe du Nord-ouest, acquiert tous ele

les jours une plus grande profondeur. Le Crotoy, dont une partie considérable a déjà été emportée, forme maintenant la pointe d'une espèce derrière lequel une assez grande longueur des digues du Marquenterre est à l'abri. La conservation de tout ce pays est attachée à celle de ce point; et si malheureusement la Somme vient à perdre l'appui qu'il lui présente , elle pénétrera dans les rnaeais de Favière et de Rue son embouchure se rapprochera de celle de l'Authie , et le Marquenterre, de nouveau submergé, redeviendra ce qu'il était autrefois.

REMARQUES ET PREUVES. ( ) ENTRE les petites rivières qui viennent se jeter dans la Somme , il faut distinguer celle d'Ancre ou de Miraumont, Elfe descend subitement au-dessous de la ville d'Albert , d'une, hauteur de vingt ou vingt-quatre pieds , et forme une petite cataracte. Le vallon dans lequel èIle coule est couvert à sa surface d'un tuf calcaire friable, et dans lequel on trouve des débris de coquilles fluviatiles. Ce tuf porte encore des empreintes de feuilles d'arbres et d'autres végétaux, comme si ces substances avaient été chariées avec luis et détruites depuis que le dépôt a été fait. La base de-ce vallon et les collines qui l'enferment, sont marneuses de même que le bassin de la Somme.

Ce qui ajoute encore à la singularité de ce vallon

c'est la découverte de plusieurs grottes sur lesquelles une