Annales des Mines (1873, série 7, volume 4) [Image 208]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

411

NOTICE NÉCROLOGIQUE

SUR M. LE ,CIIATELI,É,R.

laquelle il put enfin donner à ses éminentes faéùltés tout leur essor. Indiquepar sa notoriété 'connue ingénieur, il fut choisi pour être le conseil technique dune puissante société finan-

rédiger un rapport à présenter à une assemblée générale d'actionnaires, et discuter avec un ingénieur du matériel quelque détail minutieux de la construction ,ne locomo-

ZI!1 0

cière, le Crédit mobilier, dans l'administration de laquelle se trouvaient des hommes éminents citil l'avaient vu à l'oeuvre

et avaient su l'apprécier de 1846. à 1849, et d'autres qui étaient ses amis personnels. Pendant treize ans, sans d'ailleurs avoir à s'occuper de la partie financière des opérations, il fut,, au point de vue technique, le conseiller écouté d'une société qui se propo-

sait d'entreprendre et qui entreprit en effet, soit par ses propres ressources, soit de concert avec des capitalistes groupés par son initiative, un vaste ensemble d'opérations embrassant en quelque sorte l'Europe entière. Pour nè parler que des chemins de fer, qui constituent la spécialité dont Le Chatelier eut surtout à s'occuper, il faut citer le chemin de fer du Midi en France, ceux du nord de l'Espagne et de Cordoue à Séville, les chemins de fer de l'État autrichien, et enfin les chemins de fer russes. La participation de Le Chatelier à ces grandes affaires s'exerça sous des formes variées. Tantôt, comme pour les

chemins de fer autrichiens, il eut d'abord à étudier les bases sur lesquelles la compagnie, formée de capitalistes autrichiens et français, pouvait accepter la cession que lui faisait le gouvernement autrichien, et il devint, après la ceSSion faite, le conseil technique du comité de Paris ; tantôt, comme pour le chemin de fer du Midi, il fut, avec M. E. Flachat, le conseil de la compagnie ; tantôt, comme avec le nord de l'Espagne, il fut le véritable directeur de l'exploitation, etc. n' Quelle que fût la mission, et quel que fût même le nom"' bre de ces missions dont il se trouva simultanément chargé,

Oheelier se montra toujours à lehanteur delta situa tion, sut suffire à totitet on le vit d'ans la mêmejOurnée

tive. Telles étaient sa puissance de travail, ainsi que la souplesse etl'élasticité de son esprit. Pendant treize ans, il soutint sans relâche ce lourd fardeau, fournissant chaque jour, sans apparence de fatigue, une somme de travail qui aurait suffi à absorber les facultés de plusieurs hOtrimes moins fortement trempes qu'il ne l'était. En 1868, toutes ces grandes affaires auxquelles il avait participé étaient termines ; il songea à se retirer du Crédit mobilier et à rentrer dans le corps. Il y rentra en effet, mais sans reprendre le service ordinaire. Il fut chargé d'une mission scientifique, consistant à étudier les procédés alors usités en France et à étranger pour la marche à contre-vapeur des machines locomotives, ainsi que la méthode due à M. Siemens pour la production directe de l'acier et du fer fondu sur la sole d'un four à réverbère.

En d'atitres termes, il continua, avec une attache officielle, à s'occuper d'études qui, dès longtemps, avaient attiré son attention. Pour ne parler d'abord que de la contre-vapeur, tous les ingénieurs de chemin de fer connaissent l'importance pratique qu'elle a prise, et tous savent aussi à quelle polémique prolongée donné lieu la question de priorité, entre Chatelier et un autre ingénieur attaché à l'exp1oi9tion du chemin de fer du nord de l'Espagne, alors que Le Chatelier, eR avait .1a, haute direction.

Il ne me paraît pas qu'il soit opportun de revenir ici sur cette -polémique, qui a, comme il arrive le plus souvent en pareille matière, laissé le débat au même point qu'a ,gine, en ce sens ;que chacun des deux adversaires a continué de,inaintenirea prétention à la priorité.