Annales des Mines (1873, série 7, volume 4) [Image 204]

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SUR M. LE CHATELIER. NOTICE NÉCROLOGIQUE 402 tement compris, une explication donnée était saisie dès les premiers mots ; et l'on peut dire véritablement de lui qu'il

semblait plutôt se souvenir qu'apprendre. Le résultat de ce long voyage fut, pour la part de Le Chatelier, la composition de quatre mémoires qui obtinrent les honneurs de l'insertion aux Annales des mines, où ils furent, à l'époque, remarqués et appréciés. Ce travail terminé, Le Chatelier fût envoyé en résidence ordinaire à Angers avec le titre d'aspirant, et fut nommé ingénieur ordinaire de seconde classe, le ter juin 184i. Bien que la résidence d'Angers n'eût, au point de vue industriel, qu'une importance très-secondaire, Le Chate-

lier sut s'y distinguer et montrer dès le début ce qu'on pouvait attendre de lui, même dans des fonctions modestes, avec un champ d'action en apparence très-limité. Grâce au laboratoire annexé au bureau de l'ingénieur ordinaire d'Angers, il étudia très- complétement les houilles

des bassins de la Vendée, et les minerais de fer des environs de Segré, exploités par les anciens, qu'il signala à l'attention des maîtres de forge, et auxquels des travaux récents de recherches semblent donner aujourd'hui une importance assez sérieuse. Il fit un travail sur les eaux corrosives employées souvent, dans les mines et les carrières, à l'alimentation des chaudières vapeur. Son mémoire fut approuvé par la commission centrale des machines à vapeur, inséré aux Annales des mines, et enfin tiré à part et envoyé aux préfets avec une circulaire administrative en date du 12 octobre 1842. Peu de temps après la rédaction de ce mémoire, il fut chargé officiellement d'étudier la préparation et l'emploi des étoupilles de Bickford, ou fusées de sûreté, récemment importées d'Angleterre, et qui depuis lors sont devenues d'un usage si étendu pour le tirage à la poudre, dans les mines, les carrières et les travaux publics. A cette occasion, des expériences furent faites sur ses

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indications dans les carrières d'ardoises des environs d'Angers, etle rapport qu'il rédigea à la suite de ces expériences

fut imprimé à plusieurs reprises, et servit longtemps de guide aux personnes qui adoptèrent l'emploi de ces fusées. Il est mentionné dans le Traité d'exploitation de M. Combes

qui a paru en 1844. Enfin il contribua fortement par ses conseils à inaugurer

dans les carrières d'Angers l'emploi des câbles en fil de fer, fabriqués par les procédés qu'il avait observés en Alle-

magne et qui venaient d'être importés en France. Ce fut le point de départ de la fabrication des câbles métalliques

dans la ville d'Angers, industrie aujourd'hui très- developpée et très-florissante. Signalé par ces différents travaux à l'attention de l'administration, il fut rappelé à Paris en 1842, pour être attaché, sous les ordres de M. Junck.er, au service des carrières. 11 le Seconda d'une manière très-active dans le travail de réorganisation de ce service important laissé plusieurs années en

souffrance, et sa collaboration fut très-appréciée par cet excellent ingénieur. Cependant un service ordinaire, quelque chargé qu'il pût être, ne devait pas suffire à l'activité et au besoin de travail de Le Chatelier. C'était à ce moment que la grande industrie des chemins

de fer, après de trop longues controverses, allait enfin prendre chez nous un essor série-ux.

A la fin de 1842, nous n'avions encore que 600 kilomètres de lignes, en tronçons isolés dans la Loire, le Nord, l'Alsace, le Gard et l'Hérault, etc... ; de Paris on n'allait encore en chemin de fer qu'à Saint-Germain, Versailles et Corbeil. Mais les lignes de Rouen et d'Orléans étaient en construc-

tion et devaient être ouvertes l'année suivante ; les pouvoirs publics, après de longs et sérieux débats, venaient de promulguer la loi de 1842, et il était évident qu'il s'ouvrait de