Annales des Mines (1873, série 7, volume 4) [Image 170]

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M. DE VERNEUIL

ET SA COLLECTION PALÉONTOLOGIQUE.

lumières sur le parallèle entre les dépôts anciens d'Europe et d'Amérique. En outre, suivant Ses habitudes, M. de Verneuil, en visitant toutes les localités célèbres par leurs richesses, fit l'acquisition de tout ce qui pouvait être utile à ses travaux. On sait que les types originaux des espèces américaines, et principalement des faunes siluriennes, sont ceux qui ont servi pour le grand ouvrage intitulé Palxntology of .New

A peine revenu en Europe et après avoir publié la notice que nous venons de rappeler, M. de Verneuil éprouvait des satisfactions sceintifiques encore incomplètes. Il était, pour ainsi dire, constamment importuné par la grande lacune géologique que la péninsule espagnole présentait à cette époque. Il se fit donc ce que nous pourrions nommer une vocation personnelle, pour dissiper l'obscurité qui couvrait ce beau pays, sillonné par tant de chaînes de montagnes indiquant plus de bouleversements que sur toute autre surface comparable en Europe. Fidèle à cette vocation qui le condamnait souvent à la plus grande abnégation des aises de la vie, M. de Verneuil a successivement

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York, par le professeur James Hall. Ces types devaient donc rester sur le sol américain. Mais on sait aussi que le plus grand nombre des espèces de ces contrées est repré-

senté dans la collection de M. de Verneuil par de trèsbeaux et de très-nombreux exemplaires, outre ceux qu'il a libéralement distribués à ses amis. Au fait, c'est par l'étude de cette collection américaine

et par celle de la notice publiée par M. de Verneuil, en 1847, sur le Parallélisme des dépôts paléozoïques de l'Amérique septentrionale avec ceux de l'Europe, que nous avons tous été informés de l'admirable harmonie qui existe entre

l'ancien et le nouveau continent, en tout ce qui concerne les faunes paléozoïques.

C'est un nouvel enseignement, comparable par son importance à celui que nous avons signalé ci-dessus, comme résultant de l'ensemble des collections poléozoïques de M. de Verneuil, comparées aux faunes tertiaires. Cet enseignement a été recueilli non-seulement par les géologues français, mais encore par tous les savants d'Europe et par tous les géologues américains, pour qui cette lumière ne sétait pas suffisamment manifestée jusqu'alors, faute d'un initiateur compétent. Ainsi, l'exploration de M. de Verneuil en Amérique lui a fourni l'occasion d'acquérir un de ses plus grands mérites envers la science. Les collections qu'il a rassemblées sur le nouveau continent dérivent de ce mérite une très-haute valeur.

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.fait douze campagnes dans les diverses régions espagnoles. Mais là, il ne pouvait songer à aller droit aux localités renfermant des fossiles paléozoïques, premier et principal but de toutes ses explorations antérieures. Il devait nécessairement prendre tout terrain comme il se présentait, étu-

dier sa structure stratigraphique, recueillir ses fossiles et à l'aide de ses documents, le classer sur l'horizon correspondant dans la série générale. C'est le travail que M. de Verneuil, secondé tantôt par l'un, tantôt par l'antre de ses amis, surtout par M. Édouard Collomb et par feu Casiano de Prado, a exécuté avec une rare patience, durant le cours des-aimées 1849 à 1862. Le but apparent de toutes ces pénibles investigations était de produire la carte géologique d'Espagne. Ce but a été réellement accompli. Mais suivant nous, ce résultat graphique de tant d'efforts a été loin de compenser tous les sacrifices de M. de Verneuil. Il aura peut-être reconnu lui-même qu'il s'était fait une illusion, le jour où sa carte d'Espagne, exposée au palais de l'Industrie, en 1867, à côté de celle que lui opposait la concurrence nationale espagnole fortement excitée, n'a été honorée que d'une semblable distinction. Mais si le même jury avait eu à prononcer son verdict sur les documents- paléontologiques qui