Annales des Mines (1873, série 7, volume 3) [Image 40]

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NOTES GÉOLOGIQUES SUR LE CHILI.

NOTES GÉOLOGIQUES SUR LE CHILT.

s'est point effectué en une seule fois, mais qu'il y a eu au moins trois périodes successives d'élévation, d'une durée

sont parfaitement vifs. Ce sont certainement des blocs erra-

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relativement courte, et séparées par des intervalles de calme beaucoup plus prolongés. Extension des glaciers. - Nous avons vu que dans le détroit de Magellan, par 54° environ de latitude sud, des glaciers, entretenus par la grande quantité de pluie qui tombe

chaque année, descendent actuellement presque jusqu'à la mer, bien que les cirques où ils prennent naissance n'aient qu'une altitude assez faible. Sous la latitude de Santiago (53° 26' sud), les Andes qui s'élèvent jusqu'à l'altitude de 6.854 mètres (sommet de l'Aconcagua) , possèdent encore, dans les hautes régions, des

glaciers qu'on aperçoit de la plaine : mais ces glaciers ont eu, à une époque antérieure, une bien plus grande extension. Nous avons pu reconnaître en effet, en remontant le

pittoresque ruisseau sur le bord duquel sont situées les sources thermales de Cauquenès, qu'avant d'arriver à rétablissement des bains, en un point situé à Go ou 7 o kilomètres de l'axe de la chaîne, et à une hauteur qui ne doit point dépasser, d'après la carte de M. Pissis, 5 à fioo mètres, la vallée était barrée presque complètement par un monticule transversal. Cette sorte de digue, dont la partie supérieure est dans un plan à peu près horizontal, et au travers

de laquelle le torrent s'est frayé péniblement un étroit passage, est formé de matériaux confusément mêlés, sans aucun Classement de grosseur, et réunis par une sorte d'argile caillouteuse. La position de ce monticule et la nature des matériaux qui le constituent ne laissent aucun doute sur son origine. C'est bien une ancienne moraine semblable à toutes celles que l'on observe dans les régions alpines. Cette conclusion est d'ailleurs confirmée par la présence, à divers niveaux, de blocs énormes, dont quelques-uns ont un volume de plusieurs mètres cubes, et dont les angles

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tiques. Un de ces blocs, et l'un des plus volumineux se trouve au milieu même du jardin de l'établissement des bains. L'extension des glaciers qui a eu lieu en Europe pendant la période quaternaire s'est donc produite également dans les Andes.

Nous n'avons observé aucune trace d'anciens glaciers sous la latitude de Copiapô (26° 5o') , bien que nous nous y soyons élevés jusqu'à la hauteur de 2.5.00 mètres environ

au-dessus de la mer. Il paraît d'ailleurs que, dans cette partie des Andes, il n'existe pas actuellement de glaciers, ou du moins de grands glaciers comparables à ceux que l'on rencontre au pied de l'Aconcagua et des pics élevés de la région méridionale.

Phénomènes quaternaires dans les vallées. - Vallées principales. - Mais si le nord du Chili ne montre, dans ta faible partie que nous avons explorée, ni moraines anciennes, ni rochers striés, ni blocs erratiques, il offre à l'observateur le plus beau champ d'études en ce qui concerne les actions exercées par l'eau courante pendant la période quaternaire. On comprend en effet que, dans un pays où la pluie fait défaut, probablement depuis le commencement de la période actuelle, où la végétation et même la terre végétale sont à peu près absentes, où l'homme n'a pu s'établir que de loin en loin et d'une façon précaire, les moindres accidents du sol produits pendant la période géologique antérieure se soient conservés avec une religieuse fidélité. Dans cette nature, que l'on dirait figée depuis le jour où elle a reçu son modelé définitif, on peut lire l'histoire de la période quaternaire avec une bien autre facilité que dans nos pays recouverts d'une végétation luxuriante et bouleverses par les travaux de l'homme.. La partie septentrionale du Chili est sillonnée par de nombreuses vallées. Les unes, qui prennent leur origine