Annales des Mines (1872, série 7, volume 1) [Image 115]

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TRAVAUX DE 1865 A 1871.

EXTRAITS DE CHIMIE.

qu'il se produise un équivalent d'hyposulfite pour deux de polysulfure, et que l'on traite les eaux par l'acide chlorhydrique, il tendra à se produire un dégagement d'acide sulfureux et d'hydrogène sulfuré en proportions convenables pour réagir immédiatement, et donner lieu à de l'eau et à du soufre libre. Il se produira en même temps une certaine quantité d'acides thioniques ; mais néanmoins la majeure partie du soufre contenu clans les eaux jaunes sera régénérée. il existe plusieurs procédés pour arriver à ce résultat. A Aussig, en Bohême, M. Sella filer exposait les marcs de soude à

l'action de l'air, en petits tas de 50 à Go centimètres de hauteur, que l'on arrosait et que l'on retournait plusieurs fois. Au bout d'un temps variable, plusieurs mois au minimum, on lessivait lu matière; le résidu subissait de nouveau le contact de l'air pendant quelques jours et était lessivé une seconde fois; les eaux faibles obtenues dans ce second lessivage étaient employées pour exécuter le premier, et amenées ainsi à la concentration voulue. Elles étaient ensuite traitées par l'acide chlorhydrique, et donnaient du soufre et de l'acide sulfureux ou de l'hydrogène sulfuré, suivant que l'hyposulfite ou le polysulfure était en excès;. on cherchait toujours à éviter ce dernier cas. A Stolberg, M. flassenclever a employé, en le perfectionnant, le procédé de M. Schafner. Le traitement par l'acide chlorhydrique se fait dans un système de deux cuviers conjugués et remplis tous deux d'eaux jaunes à traiter : lorsqu'on verse l'acide dans l'un, les gaz, s'il s'en produit, se rendent dans l'autre où ils réagissent et sont absorbés par les eaux qui le remplissent ; la réaction terminée, ce premier cuvier est vidé et rempli d'une nouvelle quantité d'eau jaune; on verse l'acide dans le second, et ainsi de suite. Le dépôt de soufre ainsi obtenu contient toujours 8 à Io pour I oo de sulfate de chaux que l'on sépare facilement en fondant le produit dans l'eau sous pression à 120 degrés.

Ce mode de traitement peut s'appliquer aux marcs provenant d'une fabrication ancienne, quand leur masse les a préservés d'une oxydation complète. Si cette oxydation n'a pas été. suffisante, on l'amène au point voulu par l'exposition en petits tas à l'air, et dans un temps très-court.'

Pour éviter la main-d'uvre qui résulte de la mise en tas et du retournement des marcs de soude dans le traitement qui vient d'être décrit, M. mond a eu l'idée de produire leur oxydation dans les

bacs mêmes où ils se trouvent après leur lixiviation, au moyen d'un courant d'air injecté au fond de ces bacs par un ventilateur.

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Lorsque cette oxydation est suffisante, on procède au lessivage, toujours dans les mêmes bacs. Le grand inconvénient de ce procédé consiste dans l'augmenta-

tion du nombre des bacs et dans la nécessité de donner à ces

vases deux ouvertures d'évacuation distinctes, l'une pour les lessives de soude, l'autre pour les eaux jaunes ; il ne faut pas, en effet, que ces liquides puissent se mêler. En outre, il est assez difficile d'insuffler de l'air dans une matière comme la charrée, qui ressemble beaucoup à du sable. délayé dans de l'eau, de manière à rendre uniforme l'action oxydante. Le courant gazeux se fraye

en effet, à travers la masse, un chemin qu'il suit après, et il ne peut agir sur toutes les parties de cette masse. Il est vrai que l'on peut remédier à cet inconvénient en lessivant la matière après un certain temps d'oxydation, puis, redonnant le vent; le lessivage aura rendu homogène la charrée, et le nouveau courant d'air achèvera plus ou moins l'Oxydation. Mais alors l'inconvénient d'augmenter le nombre des bacs devient plus grand encore.

. Lorsque l'usine fabrique à la fois le carbonate de soude et le chlore, il convient de traiter les résidus de chlore au moyen des eaux jaunes. Ces résidus sont versés directement dans un bassin dans lequel les matières les plus lourdes en suspension se déposent; ils s'é-

coulent ensuite dans des canaux d'une assez grande longueur, et dans lesquels ils se .clarifient empiétement. Les matières déposées se composent d'un peu de manganèse fin, de sulfate de baryte, d'argile et de sable, et quelquefois de cristaux de chlorure de baryum si l'on traite des manganèses barytiques comme ceux de Romanèche,.

La liqueur claire, colorée en jaune brun foncé, se rend dans des bassins de e à 5 mètres de profondeur. La capacité de ces réservoirs doit être telle que chacun d'eux puisse contenir environ les résidus produits en quarante-huit heures. La liqueur marque environ 52 degrés B., et se compose d'une dissolution de sesquichlorures de fer et de manganèse, de protochlo-rure de manganèse, d'acide chlorhydrique, de chlore, de chlorures de baryum et de calcium. L'analyse suivante, faite par M. W. Hoffmann, indique la composition d'un échantillon de résidu de chlore de l'usine de Dieuze, marquant 32 degrés B. à 15 degrés centigrades :