Annales des Mines (1871, série 6, volume 20) [Image 325]

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GÉOLOGIE DYNAMIQUE.

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REVUE DE GÉOLOGIE.

lité et la perte qui en résulte est évaluée par l'auteur à une force de 92 chevaux par kilomètre carré. Mais indépendamment de cette source, il peut y avoir dans l'intérieur du globe de grandes masses

d'éléments chimiques non encore combinés, et dont les affinités mutuelles peuvent alimenter à un haut degré l'activité plutonique, soit en augmentant dans l'avenir la réserve de chaleur interne, soit en intervenant directement dans les manifestations violentes des volcans. Sir W: Thomson croit que la terre est solide depuis la surface jusqu'au centre, à l'exception d'espaces relativement restreints, qui sont remplis par de la lave fluide, ou sujets à entrer en fusion sous l'influence des actions volcaniques. Ll ne pense pas que la quantité de chaleur actuellement emmagasinée dans le globe terrestre soit de beaucoup supérieure à celle qui serait nécessaire pour élever de o'à 20o° une masse égale à celle de la terre et composée de roches représentant la moyenne des éléments de la surface terrestre: Sa conclusion est que le terme de cent millions d'années est un maximum dans lequel doit certainement se renfermer toute l'histoire des terrains sédimentaires pourvus de restes fossiles.

Origine des phénomènes volcaniques. M. Pou I ett Sc rope (1) ne croit pas que les éruptions volcaniques puissent être causées par l'introduction accidentelle des eaux de l'Océan pénétrant à travers des fissures jusqu'aux masses incandescentes qui alimentent les volcans. Selon lui, l'eau est intimement associée à ces masses liquides, et c'est sa vaporisation, lors de la sortie de la lave, qui cause la structure celluleuse qu'on observe dans tous les produits volcaniques actuels. Or, cette eau

ne pourrait pas être aussi bien mêlée à toutes les parties de la masse fluide si elle provenait directement de la surface terrestre.

D'ailleurs les fissures sont la conséquence et non la cause des éruptions, dont il faut chercher l'origine dans un excès de chaleur et de pression se produisant au milieu du magna qui alimente les foyers volcaniques. Quant à la situation constatée des principaux volcans sur les

bords de la mer, dont on s'est souvent prévalu pour attribuer à l'Océan une intervention active dans les éruptions, M. Po ulett Sep op e fait observer que, les phénomènes volcaniques étant la

contre-Partie 'des soulèvements continentaux et ne se produisant que là où la résistance de PéCorce est trop faible pour permettre le soulèvement en masse du terrain, il est tout naturel que la plupart des évents volcaniques soient situés dans des régions affaissées, c'est-à-dire précisément en relation intime avec la distribution des mers.

Causes de la liquéfaction des roches. action de la vapeur d'eau et des gaz. On a souvent discuté pour savoir si la pression favorise ou contrarie la liquéfication des roches sous l'influence de la chaleur. M. Po ulet t Sc rope est d'avis qu'une roche fondue se solidifie quand la pression augmente, la température restant la même. M. Sterry Hunt (1) admet cette conclusion quand il s'agit d'une fusion ignée; mais il croit que c'est le phénomène inverse qui se manifeste quand la fusion est à la fois ignée et aqueuse, car dans ce cas la présence de la vapeur d'eau détermine plutôt une disÈoïlution qu'une fusion. Or, tandis que la fusion est,, en général, un phénomène d'expansion, la dissolution est plutôt un phénomène de contraction, Il paraît donc naturel que la pression qui.contrarie la fusion ignée, favorise au contraire la fusion aqueuse. Ajoutons que, pour M. St. Hunt, comme' pour MM. Elle de Beaumont et Sch eerer, les actions volcaniques se passent dans une région où prédomine l'influence de la vapeur d'eau. Les idées de M. Sterry Hunt concordent avec celles de M. stoppant (2), qui s'est attaché à prouver que c'est bien à tort que l'on considère les laves comme les produits d'une fusion ignée. Selon lui, les roches volcaniques, tant anciennes que modernes, sont, non pas des substances fondues, mais des magnas aqueux et cristallins, dont la cristallisation se produit dans l'intérieur du globe, par l'effet de l'eau surchauffée, sous une pression convenable. La voie humide rend alors possibles la formation suc-

cessive et la coexistence de minéraux qui ne pourraient pas se trouver formés ensemble par la voie sèche. La mobilité des laves serait due en grande partie à l'eau qu'elles contiennent, en vapeur ou à l'état sphéroïdal. Elles sont vomies par les volcans à l'état cristallin et la fusion ou vitrification qu'on y observe exceptionnellement, est un phénomène extérieur, résultant de la perte de l'eau à une température qui reste suffisante pour la fusion totale ou partielle des laves mêmes. Geai. May., VII, 60. Bull. soc. géol., XXVII, 137.

(1) Geol. Mag., VI, 196.

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TOME XX, 1871.