Annales des Mines (1871, série 6, volume 20) [Image 38]

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MÉTALLURGIE DE L'ARGENT AU MEXIQUE.

Ces variations dans le prix de l'entretien des mules, se traduisent par de très-grandes sommes dans les dépenses totales des usines, à cause du grand nombre d'animaux qui leur sont nécessaires. Ainsi l'usine du Fresnillo, avant l'établissement de ses machines à vapeur, n'occupait pas moins de 1.800 mules en moyenne ; les dépenses pour ses animaux pouvaient donc varier d'une année à l'autre, de .

la somme de 468. 000 francs à celle de 2.464.000, soit 2 millions de surplus de dépenses dans un an (*). Les entreprises prospères et fortement organisées peuvent seules faire face à de pareils excès de dépenses, les autres sont forcées de suspendre leur travail.

Aussi une année de disette pour l'agriculture, est toujours suivie d'une baisse dans la production de l'argent A Guanajuato pour des prix successifs du maïs de 2/8 piastres, la production a été de 5.2112.200 piastres en '862. 4.,15.200 piastres en 1865. idem. 4 piastres. . . 5.572.000 piastres en ,861t. idem. 9 piastres.. .

Les relations de l'agriculture et de l'industrie minérale sont donc intimes au Mexique; la première ne doit pas seulement fournir à la seconde l'alimentation de la population ouvrière, elle doit, encore, lui assurer la force motrice nécessaire. Le travail des champs doit, en un lieu donné, précéder le travail des mines ; cette condition est absolue, et toute entreprise qui n'en tiendrait pas compte, considérant seulement les gisements disponibles sans apprécier exactement les ressources agricoles qui les avoisinent, compromettrait sûrement son existence : et c'est cette nécessité

même qui pourra reculer, peut-être pour longtemps, l'époque à laquelle les exploitations de l'argent pourront pénétrer dans les régions encore désertes des provinces du nord. (*) c'est justement à la suite d'une disette terrible, en 1850, que la compagnie du Fresnillo décida l'établissement de moteurs a vapeur pour l'épuisc,'nent des mines et le broyage des minerais.

MÉTALLURGIE DE L'ARGENT AU MEXIQUE.

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§ 2. - RÉACTIFS MÉTALLURGIQUES.

Sel marin. Le sel est, eu égard à son prix et aux quantités qui en sont nécessaires, le réactif le plus dispendieux de l'amalgamation mexicaine. Pendant très-longtemps on le retirait exclusivement des eaux de la mer, soit dans les salines du golfe voisines de Tampico, soit dans celles de Colima, sur le Pacifique. Mais ce sel, encore demandé par quelques mines, ne peut y arriver qu'il un prix très-élevé, 15 piastres environ la charge, soit 587 francs la tonne. Il n'est guère possible d'espérer, tout au moins pour un avenir prochain, une diminution un peu notable sur ces prix. Le climat malsain des côtes mexicaines en éloigne, en effet, la population, il y rend ainsi la main-doeu.vre rare et très-chère, et s'oppose à l'établissement d'une industrie régulière pour l'exploitation des marais. salants. De plus, les principaux districts de mines d'argent, Pachuca, Guanajuato, Zacatecas sont à 8o, ioo, 15o lieues des côtes, et,

sur la plus grande partie de ce parcours les transports

doivent se faire à dos de mulet ; enfin les dissensions civiles qui divisent le pays interrompent à tout instant les relations' commerciales lorsque les distances à parcourir sont un peu

étendues, les approvisionnements des usines deviennent, par cette cause, souvent impossibles, et l'existence même des exploitations est aussitôt compromise, car une cessation de travail leur devient bientôt ruineuse à cause des nombreux animaux qui sont nécessaires. On s'est donc efforcé de s'affranchir de la nécessité de recourir à la mer, en exploitant les terres et les eaux salées que l'on trouve, à l'intérieur du pays et à proximité des mines. Toute la région centrale du Mexique, dans les provinces de San-Luis, Zucatecas, Durango, etc., forme un vaste plateau où se rencontrent fréquemment .des bassins hydrographiques, isolés les uns des autres, et sans communication