Annales des Mines (1871, série 6, volume 20) [Image 9]

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SUR UN NOUVEAU FLUOPHOSPHATE

§ I.

HISTORIQUE.

Parmi les débris de roches et les fragments de quartz, surface par gangues diverses et minerai abandonnés à la les anciens, on remarquait des morceaux, souvent volumineux, d'un minéral blanc mat, un peu lustré, ressemblant, sauf par les clivages, à du feldspath. plus Une partie des fragments étaient sillonnés de veines étaient en même ou moins épaisses de wawellite ; d'autres temps teintés sur certaines faces d'une belle nuance bleu clair, qui pénétrait le minéral à d'inégales profondeurs. Les nombreux visiteurs, ingénieurs et minéralogistes, auxquels j'avais eu l'occasion de montrer ces matières, lés avaient regardées avec curiosité; mais il semble que la wawellite ait toujours attiré seule l'attention. Jusqu'à l'été de 1869, le minéral passa pour un singulier feldspath. A cette époque, des essais de fusibilité faits dans un four à porcelaine de Vierion sur divers échantillons d'orthose de Montebras, portèrent aussi sur un fragment du minéral blanc et démontrèrent que ce n'était pas un feldspath. Au même moment une branche de la galerie d'écoulement arrivait, sous un couvert de 5o mètres, à l'aplomb des points où les fouilles superficielles des anciens présentaient les plus remarquables échantillons du minéral. La galerie y recoupait un puissant filon stannifère, orienté est-ouest, et contenant engagé dans le quartz, outre l'étain oxydé, du feldspath orthose rosé, de l'argile brun rouge et un minéral certainement assimilable aux morceaux de surface précités. La substance rencontrée à 5o mètres est semi-translucide avec une teinte légèrement violacée ; elle a d'ailleurs l'éclat gras lustré, la cassure esquilleuse, la structure lamellaire et les deux principaux clivages du miféral blanc mat. Son aspect suffit à faire soupçonner la présence du fluor ; un échantillon fut examiné sommaire-

TROUVÉ DANS LE GÎTE D'ÉTAIN DE MONTEBRAS (CREUSE).

à

ment au bureau d'essai, et l'on reconnut promptement, qu'au point de vue des éléments constituants, ce minéral appartenait au groupe de l' amb lygonite et de l' herderite. Les deux principaux clivages donnaient des angles d'environ 750 et o5° observés sur l'amblygonite, la densité 5,1

était aussi la même. Mais dès les premiers essais, on constata que la proportion de fluor était bien supérieure à 8,11 p. f oo, quantité indiquée Par Rammelsberg dans l'amblygonite d' Arnsclorf. La certitude d'avoir affaire à un fluophosphate d'alumine,

soude et lithine, expliqua la génération de la wawellite comme minéral d'altération, et permit de reconnaître dans les parties \ bleu clair la turquoise, autre dérivé phosphaté, teinté par un peu de cuivre. § II.

COMPOSITIO.N. DU FLUOPTIOSPHATE.

Propriétés chimiques.

Analyse du minéral.

Sous l'influence de la chaleur, le minéral en fragments décrépite avec violence ; en avant soin de pulvériser finement la matière, on évite toute décrépitation, et l'on obtient au rouge la fusion pâteuse, difficilement complète à cette température. Après refroidissement, la matière fondue est d'un blanc opaque. Les acides azotique, chlorhydrique et sulfurique attaquent le minéral à des degrés différents. L'acide azotique concentré n'attaque que lentement, même avec l'aide de la

chaleur; l'action de l'acide chlorhydrique est plus énergique, mais le véritable dissolvant est l'acide sulfurique. Le minéral porphyrisé est facilement et entièrement décomposé par l'acide sulfurique. En chauffant doucement, tout se dissout et le fluor est expulsé.

Les échantillons rencontrés jusqu'ici contiennent tous