Annales des Mines (1871, série 6, volume 19) [Image 26]

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SUBSTANCES EXPLOSIBLES

EMPLOYÉES DANS LES TRAVAUX DES MINES.

La nitroglycérine détone très-violemment si l'on enflamme, au contact ou à une petite distance, une certaine

dents. C'est pour parer à cet inconvénient que M. Nobel a préparé la dynamite. 5. Dynamite. La dynamite est un mélange formé de 75 p. oo de nitroglycérine, et de 25 p. 100 de silice pulvérisée. Cette silice, que l'on trouve dans plusieurs formations géologiques, est très-friable ; elle est soluble en grande

'charge de matière fulminante. Sous ce rapport, elle est bien plus vive que le coton-poudre. Toutes les matières fulminantes possibles, même la pou-

dre ordinaire et le coton-poudre, employées en quantité très-petite, produisent l'explosion de la nitroglycérine. Cette propriété fait de ce liquide un corps éminemment dangereux. Il a provoqué des accidents terribles, fait sauter plusieurs navires et plusieurs convois. Aussi son emploi dans les milles a-t-il été formellement interdit en Belgique, où cepen-

dant il s'était très-vite répandu et où il rendait de grands services. De même, un acte du parlement anglais en a délendu le transport; on ne peut l'employer en Angleterre qu'a la condition de le fabriquer sur place. Cependant, il continue à *être appliqué en Suède où il ne paraît pas dan-gereux. Cela tient probablement au climat. En effet, la

température étant presque toujours inférieure à 8 degrés, à l'époque des transports qui ont lieu pendant l'hiver, la nitroglycérine est gelée. Or, à cet état, elle ne dé'toue pas. On peut aussi la rendre inexplosible en l'additionnant d'alcool méthylique ou esprit de bois; pour lui rendre ses propriétés, il suffit de la traiter par l'eau qui lui enlève l'alcool. En France, la nitroglycérine est prohibée, comme toutes les matières explosibles autres que la poudre de mine ordinaire. Cependant, l'administration en a toléré l'emploi dans les carrières de Hamel-Bazire, près Saint-Lô (Manche), à la .condition de la fabriquer sur place. Il en est ainsi depuis a 868, et jusqu'ici on n'a eu aucun accident à regretter.

Néanmoins, je le répète, l'emploi de la nitroglycérine ,est très-dangereux, surtout à cause de la gravité des accidents qu'il cause plutôt que par la fréquence de ces acci-

partie dans la potasse et possède de grandes propriétés absorbantes.

Ainsi constituée, la dynamite se présente sous forme d'une masse pâteuse, de couleur jaune rougeâtre, inattaquable par l'eau. Le. froid la durcit et la rend beaucoup plus difficile à enflammer. Au-dessous de 6 degrés elle ne fait plus explosion. AllUmée à l'air libre, par les procédés ordinaires, la dyna-

mite brûle lentement, en fusant, comme le ferait de la poudre ordinaire mouillée ou comprimée. Elle produit une flamine d'une teintejaune caractéristique. Elle donne un mélange gazeux formé d'azote, d'acide carbonique et de vapeur d'eau, accompagné de traces de vapeurs nitreuses, sensibles à l'odorat. La silice reste comme résidu fixe. Si l'on enflamme la dynamite dans un espace très-restreint, elle détone. Mais pour cela, il faut que les parois de cet espace soient très-résistantes. Ainsi, ona, pu placer sur un feu de bois un baril cerclé de fer et fortement bondé, et contenant 5 kilog. de dynamite, sans avoir pour .cela d'explosion. A un moment, le baril s'est déchiré lentement, et la substance a brûlé comme à l'air libre. Le même résultat a été obtenu en remplaçant le baril par une caisse en tôle mince. L'inflammation directe de la dynarilite dans des espaces restreints est difficile; elle ne peut se produire à l'aide des -

mèches ordinaires dites de sûreté, ni des canettes. Pour l'obtenir d'une façon sûre, et produire une détonation énergique, il faut l'allumer au moyen d'une charge fulminante. TOME XIX , 1871.

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