Annales des Mines (1870, série 6, volume 18) [Image 21]

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NOUVEAU PROCÉDÉ DE TRAITEMENT

DES MINERAIS D'OR ET D'ARGENT.

grillés est toujours supérieur à la teneur indiquée par les essais: ce résultat est le même pour les minerais de composition simPle et pour les minerais les plus complexes, tels que la pyrite arsenicale, le cuivre gris, le sulfure d'antimoine mélangé de blende ; c'est-à-dire pour les minerais qui sont désignés en Amérique sous le nom de minerais

faits en grand en Californie démontrent que la vapeur durchauffée agit complètement, mais avec trop de lenteur sur 'les minerais d'or et d'argent, traités seuls ou mélangés avec

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rebelles, et desquels on ne retire par amalgamation que des

fractions très-faibles de l'or et de l'argent contenus. D'après ces résultats, j'ai pensé que même avec une forte consommation de vapeur d'eau et une longue durée de grillage, il serait possible de traiter avantageusement en Amérique un certain nombre de minerais rebelles, riches en or et en argent, qui sont considérés jusqu'ici comme inexploitables. Les expériences en grand faites par M. Gaillardon, en 1864, 65, 66 et 67, dans des conditions presque toujours défavorables, ont démontré la possibilité d'opérer industriellement en réalisant les mêmes' résultats que j'obtenais au laboratoire. Mais en grand comme en petit, la durée du grillage est très-longue. Il en résulte dans l'application que les frais de traitement sont très-élevés, et que l'action de la vapeur d'eau même surchauffée ne peut être utilisée que pour un certain nombre de minerais riches. De là j'ai conlu qu'il fallait entreprendre une nouvelle série d'expériences, dans le but d'arriver à diminuer beaucoup la longueur du grillage, et la dépense de vapeur d'eau : c'est seulement à la suite de cette série d'expériences que j'ai véritablement résolu le problème de l'emploi économique de la vapeur dans le traitement des minerais d'or et d'argent. TROISIÈME SÉRIE 'D'EXPÉRIENCES.

Le point de départ de cette nouvelle série d'expériences est le suivant Mes travaux de laboratoire de 1854 à 1867, les essais

des pyrites. La plupart des minerais exigent l'addition d'une proportion assez forte de pyrite pour un grillage complet, et c'est précisément cette addition obligatoire des pyrites qui augmente la durée de l'opération. De là, cette conclusion qu'il faut éviter l'addition de pyrites et trouver une autre matière minérale qui, mélangée avec les divers minerais simples ou complexes, permette d'abréger beaucoup la durée de l'action de la vapeur d'eau, et de conser-

ver en même temps le résultat important obtenu à l'aide des pyrites, que les minerais grillés contiennent l'or et l'argent en totalité à l'état métallique. J'ai expérimenté, avec un succès complet, l'oxyde de manganèse, l'oxyde de

fer et les pyrites de fer bien grillées à l'air. La pyrite de fer grillée au contact de l'air agit seulement par le peroxyde de fer qui a été produit : elle doit être évidemment préfé-

rée aux minerais de fer et de manganèse dans toutes les focalités où la pyrite est notablement aurifère; par exemple dans les États de l'Amérique. Les minerais de fer ne contiennent pas ordinairement de l'or et de l'ai-gent; il en est

de même des minerais de manganèse; on ne peut guère citer comme exception que l'oxyde de manganèse qui constitue le chapeau d'un petit nombre de filons argentifères du Mexique. Par conséquent, en mélangeant une proportion notable de "ces minerais avec les minerais d'or et d'ar-

gent, dans le but de faciliter l'action de la vapeur d'eau, on introduit généralement une matière stérile qui diminue notablement le poids des minerais d'or et d'argent qu'on peut traiter dans une opération. L'action de l'oxyde de manganèse est du reste la même que celle de l'oxyde de fer; j'ai obtenu des résultats identiques avec les deux oxydes dans les nombreuses expériences que j'ai faites ; cette égalité d'action étant bien