Annales des Mines (1870, série 6, volume 17) [Image 136]

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RESSOURCES MINÉRALES

par tradition que le travail de ces mines a été continué sinon ou depuis 5 ou Goo ans, que les Catalans ayant traversé les montagnes se jettèrent armés de fer et de feu auec telle furie dans le pays de Couserans brulant et tuant tout ce qu'ils rencontrèrent, sans pardonner à âge ni à sexe, qui demeura longtemps inhabitable, qui fut cause que les mines furent abandonnées, et ont été toujours du depuis inutiles, sans être travaillées; toutes ces montagnes et plusieurs autres, ensemble plusieurs forêts et boscages qui sont aux environs, appartiennent entièrement à Sa Majesté. t; Ce fut dès le dix-septième jour du mois d'août de l'an r600, jusqu'au 25 du même mois, que M. de Malus fit la recherche de ces mines du pays de Couserans et se montra si résolu, que les .rapports pleins d'effroy et de terreur, que les gents du pays lui faisoient des abismes qui se font ordinairement dans ces vieux uoyages et lui discourroient les grands bruits terribles et épouvantables qui soyent souvent du Poueg-de-Gouas; les esclairs et le tonnerre ne le peuvent détourner d'entrer dans les uoyages, qui y sont, moins le peut arrêter l'appréhension de rencontre des esprits, ayant dire à ces gens-là, que les mines de cette montagne étoient charmées, ains comme un autre chevalier de l'ardente épée se mit en devoir de les décharmer, il n'entra jamais en aucune considération des périls et hazards qu'il couroit d'être déuoré des bêtes sauuages, desquelles il y a grand nombre en ces lieux qui sont déserts et inhabitables, et afin que la mémoire n'en demeure esteinte à la postérité, je me suis délibéré d'escrire quelques-uns des huards auxquels il s'est opiniâtrement exposé contre l'aduis .de tous ceux qui l'assistoient; -tandis qu'il fout en Couzerans à la recherche de ces mines, il fout toujours assisté du sieur de Poentis, viscoute de Couzerans et d'un grand nombre des gens du pays que le sieur Visconte fit uenir avec toute sorte d'outils et ferremans, pour ouvrir les entrées des uoyages qui côtoient fermés; ayant donc reconnu les grands uoyages, les canaux pour resceuoir les égouts des eaux qui couloient dans les mines, les puis miniers, les soupiraux et les 87 meules à moudre les mines qui étoient esparses ça et là, en un endroit ro, et en un autre 6, en d'autres 4 ou pieux ou moins, pour avoir moyen d'entrer pieux aisément dans les uoyages, il employa une partie des ouvriers à l'ouuerture des cannaux et esgoûts, afin de faire escouler les eaux, tandis qu'on faisoit cette ouverture d'un uoyage qui est à 3o brasses des égoûts, il s'en alla accompagné du sieur Visconte et de quelques-autres un quart de lieue vers le haut de la montagne recognoitre un vieux uoyage dans lequel il entra accompagné de trois hommes toujours le ventre contre terre, tant le uoyage est bas et étroit, plus de r5o brasses de profond duquel il fout contraint de sortir avec les trois hommes qui étoient entrés auec luy, tous couverts de boue, sans qu'il eut moyen de recognolire dedans aucune sorte de mines, moins aucunes vailles E qu'ause que l'eau qui tombe dedans est congellée et endurcie de tous côtés de l'espessus trolls doits pour le moins; sortant de voir le uoyage, il s'en descendit vers les ouvriers, lesquels à son retour eurent outiert et nettoyé un uoyage jusques à la profonde r5 degrés seulement, lequel il fit abandonner voyant qu'il y auroit trop de peine à l'ouurir; toutefois ne se peuuant contenter de cette recherche, il retourna au château minier avec le sieur Yisconte et plusieurs autres ou estant, il fit ouurir l'entrée d'un uoyage qui était tout auprès du château, l'ouuerture

DE L'ARIÈGE.

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estant faite, il entra dedans le uoyage tout botté pour n'estre empêché de le suivre tout par les eaux ; le sieur Yisconte y entra aussi avec quelques autres, mais comme ils furent à brasses de profond dans le uoyage, ils commencèrent très tous à ressentir le pieux grand et le pieux violent froid du monde; s'estouant et perdant cur d'appréhension, le sieur Visconte s'en retourna, avec tous ceux qui étoient entrés, sinon deux qui demeurérent pour assister M. Malus. Comme le sieur Visconte faut dehors et ceux qui s'en retournèrent auec lui, les autres qui n'étoient pas entrés dans le uoyage les uoyant uenir, furent tous esbahis de les uoir; car ils seinhloient des hommes morts qu'on sort de la sépulture, tant ils étaient blesmes et estonnés, mais M. de Malus qui no perdit jamais courage, continua toujours son chemin assisté d'un homme seulement, qui demura auen luy ayant l'eau jusques aux genoux ; dans lequel uoyage il demura pieux d'une heure-et-demye, suyuant toujours plusieurs autres uoyages qui sont dedans les uns à la droite, les autres à la gauche dans lequel, il remarqua des grands rochers chargés de ueines d'argent. Le sieur Visconte et ceux qui étaient dehors avec luy eurent opinion qu'il feut mort ou se fout perdu dedans, de quoy ils montroient estre fort marris. M. de Malus pourtant continua sri auant son uoyage qu'il se uint rendre au haut de la montagne, où il sortit pieux de trois quartz de lieue loing de l'entrée, non sans

beaucoup d'ennuy et de fachery à cause que l'homme qui l'accompagnoit, pensa se mourir trois ou quatre fois dans ledit uoyage, il craignoit de ne l'en pouuoir sortir jamais, mais Dieu le favorisa tellement, qu'ils sortirent enfin sains et saufs et uindrent trouver le sieur Visconte et les autres, qui l'alleudoit à l'entrée hors d'espérence de le reuoir plus, et leur apporta de marbre noir, marquetées d'encles d'or et d'argent; il faudroit uoir son procèsuerbal pour estre bien informé de cette recherche des mines royales. »

Dans le courant des dernières années une galerie ancienne d'écoulement a été réouverte pour être continuée par-dessous les anciens travaux, elle marchait irrégulièrement du nord vers

le sud, pouvait avoir 120 mètres et paraissait avoir été abandonnée avant de recouper le gîte. En i865, son front a été déblayé et dirigé droit au sud, à travers schistes vers le filon des anciens; après un travail de deux

années et un parcours de 70 à 8o mètres de galerie à travers bancs, a été trouvée une craque irrégulière très-mince, remplie de rognons de galène assez riche; la fente a été fouillée en tous sens, le minerai a bientôt disparu ; la recherche a été continuée

de quelques mètres vers le sud, mais malheureusement a été aban-

donnée avant d'avoir recoupé le calcaire cristallin, qui forme nettement à la surface le toit des vieux travaux; quelques trié-tres d'allongement suffiraient probablement pour atteindre ce toit et reconnaître si à ce niveau le gisement des anciens est dépilé, 'stérile ou exploitable. La Ciassolle%

En grav:ssant en écharpe le Pouech, à environ