Annales des Mines (1869, série 6, volume 16) [Image 59]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

86

EMPLOI DES EAUX D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.

l'émissaire, à Barking-Creek, et à les dériver dans un grand aqueduc de 70 kilomètres de long, qui aboutira aux côtes de la mer du Nord, au-dessus de l'embouchure de la Tamise. Le volume des eaux, fournies par une population de 2 millions et demi d'âmes, s'élève à près de 5oo. 000 mètres cubes

par jour ou à 100 millions de mètres cubes environ par an, non compris les jours de grosses pluies (*). Elles sont concédées gratuitement, sous la réserve que le conseil métropolitain entrera en partage du bénéfice au delà d'un revenu net de 5 pour 100 des capitaux engagés. Elles seront distribuées, autant que possible, aux propriétés situées sur le parcours de l'aqueduc et qui consentiront à les acheter; le surplus sera déversé sur des sables aujourd'hui incultes, concédés par l'état à la compagnie et que celle-ci devra reprendre sur la mer du Nord, à l'aide d'un immense endiguement. La superficie des propriétés privées, susceptibles d'être desservies par gravitation, dépasse 4o. oo o hectares; celle des sables à endiguer atteindra, si besoin est, le chiffre de 8. 000 hectares. La compagnie est constituée au capital de 52.500.000 francs pouvant être porté, par des émissions ultérieures, à 100 millions, dont 75 millions en actions et 2 5 millions en obligations ; le capital a été souscrit en 1865

ou du moins l'annonce en a été faite. Les travaux ont été commencés dès les premiers mois de l'année suivante; ils deraient, aux termes du cahier des charges, être terminés dans

le délai de dix ans à partir de l'acte de concession, soit le 19 juin 1875, pour ce qui concerne l'aqueduc et ses dépendances, et dans le délai de quatorze ans, soit le 19 juin 1879, pour ce qui concerne l'endiguement des sables littoraux. Un coup d'oeil sur ces travaux n'est pas dépourvu d'intérêt ("). (*) La compagnie parle même de porter le chiffre à 120 en utilisant, le cas échéant, les jours de pluies, les premières eaux qui ont toujours une certaine richesse.

(") Les plans sont dus à deux ingénieurs en renom, MM. Bateman et Hemans. Ils sont exécutés, sous leur direction, par un

ENTREPRISES D'IMIEGATIONS.

87

Le grand aqueduc de dérivation est construit sur le' modèle de l'émissaire de la ville. Il est de forme circulaire,. au diamètre de 5 mètres, et repose sur une solide base en béton. Il s'embranche sur les ouvrages de la ville en deux endroits : 1° sur l'émissaire même, de façon à prendre les eaux immédiatement avant leur entrée dans le réservoir et à un niveau de orn,45 au-dessous de la haute mer ; 2 ° sur un bassin de sortie nommé le spécial, à un niveau de 4m,95 audessous du précédent, ou de 5m,4o au-dessous de la haute nier; cette dernière prise est ménagée en vue des averses.. En temps ordinaire, la première seule fonctionnera et dé-

tournera la totalité des liquides ; mais lorsque les égouts charrieront des torrents d'eaux pluviales, on la fermera pour laisser le flot s'écouler à la Tamise, et l'on recueillera alors, par la prise inférieure, l'eau d'égout que contiendra. le réservoir. L'aqueduc se dirigera de l'ouest à l'est, à peu près parallèlement à la Tamise, et aboutira à la mer, au. sud des bouches du Crouch , après tin parcours, avonsnous dit, d'environ 70 kilomètres. Vers le quarantième kilomètre, une branche d'une trentaine de kilomètres, projetée pour un avenir encore lointain, se détacherait vers le' nord-est, traverserait le Crouch, et se jetterait à la mer audessus de cette rivière. L'exécution de cette branche, qui aurait pour but, comme la ligne principale, d'arroser des,

terres en culture et de conquérir une nouvelle aire de sables sur la mer, est naturellement subordonnée au développement que prendront les irrigations. Dans le tracé du canal, on n'a pas eu seulement à s'oc-

cuper d'amener les eaux aux sables du littoral dans les meilleures conditions possibles ; mais il fallait aussi que l'ar-jeune et habile ingénieur, M. Tancred. Nous devons des remerciements particuliers à MM. Hemans et Tancred qui, non-seulement , nous ont fourni de nombreux renseignements, mais ont bien voulu nous faire visiter eux-mêmes les travaux. Ces travaux subissent en ce moment un temps d'arrêt pour des motifs étrangers à la question technique (Note de Juillet 1869).