Annales des Mines (1869, série 6, volume 16) [Image 36]

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PROCÉDÉS AGRICOLES.

EMPLOI DES EAUX D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.

tion. L'eau qui à l' oeil paraît le mieux purifiée, par filtra-

lion ou autrement, peut, sous certaines conditions, engendrer des épidémies graves au sein des populations qui en font usage. Au contraire, le sol et les racines des plantes à végétation active ont un grand pouvoir pour débarrasser rapidement les eaux d'égout des impuretés qu'elles contiennent et pour les rendre tout à fait inoffensives désormais. La seule alternative qui reste donc est de répandre les liquides d'égout sur les terres (*). « Il est non-seulement possible de les utiliser en les ame-

nant dans la campagne par un système de tuyaux et de conduites, mais même une telle entreprise peut devenir une source de bénéfices pour les villes qui disposent ainsi de leurs résidus. « Ce bénéfice peut, en quelques années, augmenter considérablement; ; car déjà aujourd'hui, la quantité d'engrais artificiels est insuffisante et les sources des plus importants seront bientôt épuisées. Il faut donc recourir à des moyens nouveaux pour fertiliser les terres. « Le drainage de la métropole réclame comme complément, dans le plus bref délai possible, l'adoption d'un système qui puisse convertir un élément nuisible en une source permanente de fertilité. » (.) Le corps de l'enquête offre des déclarations plus explicites encore, s'il se peut, en faveur de l'arrosage, comparé aux autres procédés : « il résulte de nos expériences, dit le D' Hofmann,

que tous les plans conçus pour utiliser les eaux d'égout, excepté celui qui consiste à les employer en irrigations, portent en eux-mêmes la preuve de leur impraticabilité. » ( Enquête de i862, on sewage of towns.) « Les méthodes de précipitation des eaux d'égout, dit le professeur T. Way, n'ont jamais donné des C'est une erreur « résultats qui payent la somme dépensée

d'opérer la séparation des eaux d'égout en deux parties. »

(Même enquête.) « Mon opinion, dit le D' Francklancl, est que la seule méthode pour employer les eaux d'égout considérées comme engrais, c'est de les appliquer directement sur les terres, avec ou sans désinfection préalable, mais, s'il est possible,

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La troisième enquête a été entreprise en 1865 et dure encore. Les savants commissaires (5) qui ont eu charge de trouver les moyens de protéger les cours d'eau, après avoir parcouru les divers bassins de l'Angleterre, ont conclu

qu'il n'y avait point d'autre solution au problème que de faire servir les liquides d'égout à l'arrosage. « Tous les modes d'emploi de l'eau d'égout des villes, disentils dans leur rapport de 1866 sur la purification de la Tamise, autrement que par application aux terres, nous

paraissent, par un côté ou par un autre, soulever des objections. Les fosses à ordures dans les villes cor« rompent l'air et l'eau des puits : elles sont incompatibles avec la santé publique et doivent être abolies. Le drainage est donc devenu une nécessité pour toute communauté importante. La difficulté est d'opérer avec le volume d'eau d'égout ainsi accumulée, de manière à ne pas corrompre l'atmosphère ou les rivières : les désinfectants et le filtrage ont été essayés de bien des façons, mais sans succès. En tant qu'appliqués aux liquides d' égout, les désinfectants ne désinfectent pas et les filtres ne filtrent

pas.» - « Aucun mode de traitement des eaux d'égout n'est satisfaisant, répètent-ils dans un second rapport de

1867, si ce n'est l'application directe aux terres pour sans désinfection. » (Même enquête.) Selon M. Lawes, «l'emploi de l'eau d'égout à l'état naturel est la meilleure manière de

l'appliquer aux terres. » ( Enquête de i365.) « L'engrais des villes, dit le W Odling, doit être appliqué aux terres en l'état où il existe dans les égouts. » (Même enquête.) « Pour les convertir (les éléments fertilisants des eaux d'égout) en matière solide, dit le baron Liebig, il faut une dépense supérieure à la valeur

qu'on en retirerait pour la production. L'application de l'eau d'égout sur les terres offre véritablement le seul moyen d'utiliser les matières fertilisantes qu'elle contient. » (Lettre au lord maire de Londres, du 19 janvier 1865.) (*) La commission est composée de : MM. Robert Rawlinson,

J. Thomas Way et J. Thornhill Harisson, assistés d'un légiste comme secrétaire.