Annales des Mines (1869, série 6, volume 16) [Image 27]

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EMPLOI DES EAUX D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.

PROCÉDÉS GHIHIQUES.

1865, de concert avec M. Léon Durand-Claye, frère du pré-

n'est pas actuellement applicable à Paris (5). L'emploi des eaux d'égout de la capitale, comme agent de fertilisation,

cédent, une série de recherches dans le laboratoire de

ne pourrait, selon lui, se propager que très-lentement,

M. Hervé IVIangon, à l'École des ponts et chaussées. Ils en ont déduit qu'une dépense moyenne de Of , 0 2 de réactif

tandis que la Seine ne saurait continuer à recevoir dans son faible débit le torrent d'eau infecte que vomit incessamment le collecteur d'Asnières, et qui vient de s'augmenter de l'apport de la rive gauche. C'est sous l'empire de ces idées que M. Le Chatelier, qui s'occupait d'ailleurs depuis longtemps des applications industrielles des sels d'alumine, a conclu

devait procurer la clarification d'un mètre cube d'eau d'égout et fournir environ 2 kilogrammes de matière sèche, dont la valeur calculée avec les prix élémentaires en usage dans le commerce des engrais, payerait une grande partie des frais de l'épuration. Quant au liquide décanté, Q. il est, a disent-ils, en même temps désinfecté, et ne se trouble de nouveau qu'au bout de plusieurs jours (5) ». Telle est l'origine des expériences de Clichy. L'établisse-

à la nécessité d'une épuration préalable, à l'aide des substances que nous avons indiquées, et qu'il a entrepris en

ment est situé sur la rive droite de la Seine, près de l'embouchure du collecteur d'Asnières. Une pompe à vapeur

(*) La solution adoptée à Londres, dit M. Le Chatelier, et dont plusieurs auteurs ont recommandé l'application à Paris, a pour base ou pour condition nécessaire la possibilité d'évacuer l'excédant des eaux infectées, c'est-à-dire ce que la culture ne pourra pas absorber, soit d'une façon permanente, soit à certaines époques de l'année. A Londres, cet excédant est évacué à une distance de 70 kilomètres sur une plage basse et déserte de la mer du Nord, où son déversement n'aura d'inconvénient d'aucune

puise journellement dans l'égout 5oo mètres cubes de liquide et les envoie à un champ d'essai de Ih"ta",6, où on les distribue, soit dans des bassins pour le traitement chimique, soit dans des rigoles pour l'application agricole.

Ce dernier mode a été lui-même envisagé sous deux

« sorte et donnera, au contraire, l'occasion de conquérir sur la mer des terrains précieux pour l'agriculture. « Rien de pareil ne serait possible pour Paris. Il faudrait con-

aspects : au point de vue de l'irrigation des plantes mare-

duire les eaux à l'embouchure de la Seine ou à Dieppe, en franchissant un faîte élevé. La distance est de 23o kilomètres dans un cas, de 180 à 200 dans l'autre ; la dépense serait énorme, et le littoral ne se présente pas dans des conditions favorables pour recevoir les dépôts ; il est, en effet, formé d'un côté par des falaises escarpées, d'autre côté par les plages du Calvados où sont assis de nombreux établissements de bains de mer. » M. Le Chatelier insiste en outre sur ce point que « ni la confi-

guration du sol autour de Paris, ni la constitution de la propriété et de la culture, ne se prêtent, comme autour de Londres,

à l'emploi illimité des eaux d'égout. La grande culture à son siège sur les plateaux qui bordent la vallée de la Seine, et elle est généralement entre les mains de fermiers dont les baux sont à ceurt terme, et qui manquent de capitaux ou de crédit ; la petite culture, qui occupe les terrains d'ailleurs peu étendus de la vallée, opère sur des terres morcelées à l'infini. « Par suite de cet état de choses, conclut M. Le Chatelier, l'emploi des eaux d'égout de la capitale, comme agent de fertilisation, ne pourrait se propager que très-lentement. »

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(*) Nous avons reconnu, dit M. Le Chatelier, que le sulfate « d'alumine ferrugineux, à la teneur de Io pour 100 d'alumine et 2 à 3 pour 100 d'oxyde de fer, fourni soit par la dissolution de la bauxite dans l'acide sulfurique, soit par les magmas rouges de Picardie, produisait une clarification complète et rapide des eaux d'égout recueillies au collecteur d'Asnières quele maximum d'effet était obtenu par l'emploi, pour i mètre cube d'eau d'égout, de i à a litres d'une dissolution au cin« quième de ces matières, soit à la teneur de 20 grammes d'alu« mine par litre ; que l'eau clarifiée était en même temps désinfectée, et ne se troublait de nouveau qu'au bout de plusieurs jours ; que le dépôt contenait la totalité de l'acide phosphorique « et la moitié de l'azote existant dans l'eau impure ; qu'enfin le dépôt ne s'infectait pas par l'exposition à l'air, et n'éprouvait pas la moindre déperdition d'azote. « L'épuration devait être obtenue par une dépense de réactif de « 1caminic,3 à 2centhries,6 par mètre cube, fournissant environ 2 kilo-

grammes de matière sèche... »