Annales des Mines (1869, série 6, volume 15) [Image 328]

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EXPLOSION D'UN APPAREIL ReCHAUFFEUE

DANS UNE FILATURE DE LIN A LILLE (NORD).

OU séléniteuses, et qu'on emploie des rechauffeurs spéciaux, c'est au point de ces réchauffeurs où l'eau atteint la température de la chaudière, i4o à 15o degrés, que les incrustations s'accumulent avec le plus d'abondance. M. Matrot pense qu'il eût été bon de tenir le registre entièrement fermé, et non à demi ternie, pour ne l'ouvrir en grand qu'au moirent où l'on aurait mis la machine en marche. Il a constaté que cette pratique est suivie dans plusieurs établissements du pays. M. l'ingénieur en chef Declerk s'est préoccupé, dans l'examen auquel il s'est livré sur le rapport de M. l'ingénieur ordinaire, de la nature du métal employé dans la

Tels sont les faits, et telles sont les observations sur lesquelles la commission centrale des machines à vapeur a été appelée à délibérer.

construction de l'appareil.

plus de latitude à.1' industrie, et l'on doit même remarquer que dans le règlement du 25 janvier 1865 elle s'est abste-

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Il suppose que le chauffeur en manoeuvrant les portes des foyers, soit pour le chargement des grilles, soit pour

modérer les feux, aura pu lancer subitement dans la chambre de l'économiseur une masse d'air froid, qui sera venue frapper les tubes portés à une température élevée; la fonte, quelle que soit sa qualité, ne se prête pas à ces brusques changements de température ; ils ont souvent pour conséquence de la faire casser. L'un des tubes aura

cédé, l'eau de l'appareil se sera trouvée libre ; projetée brusquement sur les autres tubes très-chauds extérieurement, son effet aura pu s'ajouter à celui du courant d'air froid pour amener des contractions subites qui ont également occasionné leur rupture. M. Declerk reconnaît qu'en pratique on ne peut empêcher ces manoeuvres des chauffeurs ; sa conclusion est donc

qu'il faudrait proscrire pour l'économiseur, comme on le fait presque universellement pour les générateurs, l'emploi d'un métal aigre, cassant et supportant mal les variations brusques de température; qu'à son avis le danger disparaîtrait si les tuyaux de l'appareil, au lieu d'être en fonte, étaient, comme dans les chaudières tubulaires, en fer ou en cuivre.

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Sans méconnaître la valeur de l'observation ci-dessus rappelée de M. l'ingénieur en chef, elle a pensé qu'il n'y avait point lieu pour l'administration d'intervenir pour proscrire l'emploi de la fonte dans les appareils dont il s'agit. Ces appareils sont nombreux, fonctionnent depuis longtemps ; ils n'ont point, sauf le cas unique qui nous occupe, causé d'accidents graves; on ne peut, à chaque circonstance particulière qui se présente, répondre par une réglementation générale. L'administration entend laisser

nue soigneusement de rien fixer, quant à la nature et à l'épaisseur du métal dont les" chaudières doivent être formées, laissant à cet égard toute latitude aux industriels. A plus forte raison cette même latitude doit-elle être appliquée à des appareils tubulaires tels que l'économiseur,

qui, en dépit de l'accident du 19 décembre, doivent être regardés comme moins dangereux que des générateurs ordinaires.

Elle a donc unanimement émis l'avis, qu'a l'occasion de cet accident il n'y avait pour l'administration, du moins quant à présent, aucune addition à faire aux règlements en vigueur, et qu'il appartenait exclusivement à la justice de rechercher si, dans les circonstances particulières de l'affaire, il y avait quelque responsabilité engagée, soit au point de vue civil, soit au point de vue correctionnel. Mais elle a été aussi unanime à penser qu'il résultait de ce malheureux événement certaines indications dont la pra.

tique peut faire son profit et qu'il importait dès lors de faire connaître. Elles lui paraissent pouvoir être formulées de la manière suivante It5 Tons xv, 1869.