Annales des Mines (1869, série 6, volume 15) [Image 4]

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NOTICE SUR P. BERTHIER.

assez complète de ses découvertes. D'ailleurs, son uvre, riche en faits nouveaux, ne comporte pas une exposition succincte, comme Si son activité s'était concentrée sur un petit nombre de sujets ; les études de Berthier embrassent., en effet, presque toutes les branches de la minéralogie etde la minéralurgie, en même temps qu'elles éclairent plusieurs questions importantes de la géologie, et que certaines d'entre elles sont d'une extrême utilité pour l'agriculture. Cette notice se divise naturellement en trois parties, dont la première est consacrée à la biographie de Berthier, la seconde à l'exposé de ses travaux, et la troisième à quelques observations sur son caractère et son esprit scientifique. I.

Pierre Berthier est né à Nemours (Seine-et-Marne), le 3 juillet 1782, dans la même rue, où, un demi-siècle avant lui, était venu au monde le mathématicien Étienne Bezout. D'anciens documents authentiques constatent qu'à dater du commencement du xvir siècle, plusieurs de ses ancêtres furent baillis de Puiseaux-en-Gâtinais, d'où ils paraissent originaires. En 1789, M. Berthier, son grand-père, fut élu député aux États-généraux, pour le bailliage royal de 'Nemours. Il mourut la même année, presque aussitôt après l'ouverture de l'Assemblée constituante. Le père du savant auquel est consacrée cette notice, fils du précédent, débuta.. dans sa jeunesse comme avocat au bailliage. Il était maire

de la ville en 1795, et sut, par son énergie et le respect qu'il inspirait à la population, maintenir l'ordre pendant la disette, et lors du passage des bandes terroristes des Marseillais. Il fut, pendant de longues années, juge de paix canton, et termina, en 1844, une Carrière remplie par cinquante ans de fonctions publiques, en récompense des-

quelles il avait reçu la croix de la Légion d'honneur. mourut à l'âge de quatre-vingt-huit ans, et sa femme, qui

NOTICE SUR P. BERTHIER.

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lui survécut plusieurs années, s'éteignit doucement à quatre-

vingt-douze ans, après une union de soixante-deux ans et demi.

M. Berthier laissa quatre enfants, deux garçons et deux filles. Pierre, l'aîné, dont nous avons à parler ; Charlotte-

Sophie, la seconde, qui épousa, en 1817, M. Charroy, ancien lieutenant-colonel à l'État-major de la vieille garde impériale; Hilaire Paul, qui S'engagea dans les vélites de la garde, devint rapidement officier, et périt dans un naufrage, en vue des côtes de France ; enfin A.dèle, remarquable

par sa beauté, qui épousa, en 1811, M. Gréau de Troyes, l'un des camarades de Pierre Berthier à l'École polytechnique. Après s'être distingué comme officier d'artillerie, il donna sa démission pour prendre la direction de la maison de commerce de son père, et apporta à l'industrie de sa ville natale les ressources de ses connaissances scientifiques ; industriel éminent, il disait que C'était non avec le canon, mais avec la navette qu'il fallait lutter, au profit

de l'humanité, contre l'Angleterre, notre ancienne rivale. Madame veuve Gréait, dans laquelle s'éteint le nom de Berthier, est morte le 6 janvier i868, dans sa quatre-vingtième année. L'aîné de la famille, Pierre BERTHIER, le seul qui doive nous occuper maintenant, commença ses études au collège de Nemours. Cette ville avait alors une importance relative : chef-lieu d'un bailliage royal ressortissant directement du parlement de Paris, elle renfermait les établissements que comportait un centre administratif et judiciaire.

Entré ensuite à l'École centrale de Fontainebleau, Berthier y fut le condisciple de Poisson. Admis -à l'École polytechnique en 1 798 (an VII) , à l'âge de seize ans, en même

temps que ce dernier, il eut la bonne fortune d'entendre les leçons de plusieurs de ses -illustres fondateurs, Monge, Berthollet et Fourcroy ; il en sortit en 18o (an X),

pour entrer à l'École des Mines, dont il fut nommé élève,