Annales des Mines (1864, série 6, volume 6) [Image 276]

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MITE DE GÉOLOGIE. 546 Te terrain à gypse d'Aix présente, comme l'on volt, un groupe de couches très-complexes dans lequel on trouve les équivalents du grès de Beauchamp, des gypses parisiens, de toute la série du grès de Fontainebleau, en y comprenant les couches à huîtres de la base, enfin les équivalents des calcaires siliceux et marneux de la Beauce ainsi que de l'Orléanais. Quant à la partie de ce terrain qui renferme les gypses, elle est un peu moins ancienne que les gypses du bassin de Paris, et elle doit être remontée jusqu'au niveau des marnes à huîtres qui sont à la base des sables de Fontainebleau. La flore, les poissons et les

Insectes d'Aix sont du reste au-dessus des paléothériums de Paris et de Gargas. Nous remarquerons qu'il est intéressant de voir dans le bassin d'Aix le gypse remonter jusque dans le terrain miocène, tandis

que dans le bassin de Paris, il redescend jusqu'à la partie inférieure de l'éocène, notamment dans les sables de Beauchamp et même dans l'étage du calcaire grossier. Bien qu'il ait pris un développement exceptionnel à la fin de la période éocène, le gypse s'est donc déposé en couches puissantes, soit avant, soit après cette époque (1).

Miocène.

Faune.

Pikermi.

Du temps de Cuvier on n'avait pas en-

core rencontré de singes fossiles. On en connaît aujourd'hui plusieurs espèces : le Semnopithecus magnus de l'Inde, le Semnopithecus

monspesulanus de Montpellier, le Macacus pliocenus de Grays, Essex, le Protopithecus Brasiliensis, les Cebus macrognathus, Callithrix primvus, Jacchus grandis du Brésil. Les singes miocènes aujourd'hui connus sont les Dryopithecus Fontani et Pliopithecus antiquus auxquels on a ajouté récemment le Mesopithecus Pantelle! de Pikermi. Wagner est le premier qui ait eu à sa disposition des crânes de cet animal ; il le crut intermédiaire entre les gibbons et les semnopithèques. MM. Lartet et G au dry, en 1856, le ranG audry (2) en gèrent parmi les semnopithèques. Plus tard, découvrit (les membres et montra que si le singe de l'Attique ressemble par sa tête aux semnopithèques, il rappelle les macaques par le reste de son ostéologie. Il est donc une transition qui relie deux genres distincts dans la nature actuelle; nouvel exemple qui

TERRAINS.

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montre qu'il faut se mettre en garde contre les applications exagérées du principe de la connexion des caractères organiques. M. Wagner avait, d'après certains ossements, établi une seconde espèce de singe à Pikermi, Mesopithecus major. MM. Lartet et Ga u dry ont reconnu que les différences qui ont servi à l'établir n'ont rien de spécifique et sont comparables à celles qu'on peut observer entre le mâle et la femelle de la même espèce. Dans son ouvrage, M. Ga u dry cherche à prouver que non-seulement les singes, mais aussi la plupart des mammifères fossiles de Pikermi établissent des intermédiaires entre les espèces déjà con-

nues soit vivantes, soit fossiles; il insiste sur les liens étroits qui semblent les unir. Ainsi, le Metarclos (Simocyon) a une canine de chat, une carnassière de chien, quoique ses autres caractères rappellent surtout la famille des ours; la Promephitis s'intercale pour

sa dentition entre les mouffettes et les martes; le peu que l'on connaît de la Mustela Pentelici indique une grande ressemblance avec les martes vivantes. Les Ictitherium, qui se rattachent à la famille des civettes par le nombre de leurs dents, se rapprochent tellement des hyènes par leur forme qu'un très-habile paléontologiste, ayant trouvé une mâchoire à laquelle manquait la seconde tuberculeuse caractéristique des civettes, l'attribua à une hyène. Réciproquement, un animal de la famille des hyènes, l'Hynictis, a

la même formule dentaire que les civettes à la mâchoire inférieure. Enfin une hyène proprement dite établit Un intermédiaire pour la dentition entre l'hyène rayée et l'hyène tachetée, espèces actuellement vivantes. L'étude des pachydermes et des ruminants de Pikermi offrira les mêmes exemples de passages que les carnassiers.

Les recherches de M. A. Gau dry montrent donc que les animaux fossiles viennent combler des lacunes existant dans la série animale et y établir, selon l'idée philosophique soutenue déjà par M. de Blain ville, une sorte de continuité. On a découvert en Grèce une grande partie des membres du Ma-

chairodus à canines en forme de lames de poignard; c'était un animal un peu plus fort que le lion et le tigre royal ; la phalange onguéale de son pouce indique un ongle énorme. Outre le Machairodus, Pikermi s'enferme quatre espèces de la famille des chats.

Revue de géologie, 11, 251.- Comptes rendus, LI , 192.

On n'a trouvé qu'une seule espèce de rongeur, c'est un porcépie plus grand que les espèces actuelles (Hystrix primigenia). Il faut remarquer que les petits mammifères sont très-rares à Pikermi ; ce gisement a été particulièrement le rendez-vous des ani-

Bulletin géologique, vol. XVIII, p. 1022.

maux gigantesques.