Annales des Mines (1864, série 6, volume 6) [Image 190]

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REVUE DE GÉOLOGIE.

MM. Pe 1 onze et Cali ours font encore observer que les pétroles d'Amérique ne proviennent vraisemblablement pas d'une distillation de la houille par la chaleur, puisqu'ils ne contiennent pas de benzine ni aucun de ses homologues. Cette conclusion est bien conforme à ce qu'apprend l'étude géologique de leur gisement, ces pétroles se trouvant dans des terrains plus anciens que le terrain houiller.

Canada. De. même qu'aux États-Unis, il existe au Canada d'importantes mines de pétrole sur lesquelles d'intéressants travaux ont été publiés par le Geological Survey de ce pays. Récemment des fouilles entreprises à Gaspé ont amené la découverte d'une source nouvelle d'huile minérale, et voici les indications données à ce sujet par M. Cauld rée-Boucau (1), consul général de France à Quebec, qui a visité les travaux, pendant qu'ils étaient en cours d'exécution. C'est à une profondeur de 159 mètres qu'on a rencontré le pétrole. La roche qui le contient est un calcaire paraissant être le même que celui dans lequel on le trouve habituellement, Le pétrole de Gaspé est légèrement coloré en vert ou en brun et l'on prétend qu'il n'a point la détestable odeur qui caractérise l'huile minérale du Haut-Canada. Sir William Logan avait déjà signalé, dans ses rapports géologiques, l'existence de l'huile minérale à Gaspé; il avait même reconnu, aux environs de 'Far-Point, un axe anticlinal, orienté du Sud-Est au Nord-Ouest, et formé par un dyke de greenstone. Or les druses de ce dyke contiennent souvent du pétrole, qui est quelquefois endurci jusqu'à présenter l'apparence du goudron.

De plus, deux sources d'huile minérale se montrent, d'après sir William Logan, sur l'axe anticlinal de 'Far- Point, l'une sur le côté sud de la rivière Saint-Jean, à un demi-mille au-dessous de Douglas-Town, l'autre sur un affluent du Silver Brook qui se jette lui-même dans un fleuve tributaire du bassin de Gaspé. C'est dans la seconde localité qu'on s'est décidé à creuser un puits, et l'on y a trouvé du pétrole qui jaillit à la surface du sol. La roche qu'on a d'abord attaquée était un grès appartenant, d'après sir William, au groupe d'ilei(derberg du terrain dévonien et reposant sur des masses calcaires d'une grande épaisseur.

(I) Extrait d'une dépêche adressée à M. le Minis Lre des affaires é tr a nger es à la dais du 9 octobre 1163 par M. Gould ree - Coi I ea u, consul général de France à Quebec.

ROCHES.

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M. T. Sterry Hunt (i) a du reste fait connaltre d'une manière générale le gisement du pétrole dans les terrains paléozoïques du Canada. Il se rencontre à deux niveaux distincts dans la série de New -York.

O sait qu'à la base de cette série se trouvent les grès siliceux de Postdam, auxquels succèdent des calcaires sableux; ces derniers passent pour la plupart à la dolomie et renferment accidentellement de petites quantités de gypse, ainsi que d'autres sulfates terreux. Au-dessus vient le calcaire de Chazy et le groupe de Trenton, dans lequel on commence à rencontrer le pétrole, mais il est en quantité beaucoup moindre que clans les couches supérieures. A Pakenham, de grandes orthocères contiennent quelquefois du pétrole qui suinte aussi dans les coraux fossiles du calcaire à yeux d'oiseaux (Birdseye limestone) de la rivière à la Rose, comté de Montmorency. En s'élevant encore dans la série, on atteint les pyroschistes d'Utica, puis les schistes du groupe de l'Hudson qui terminent le silurien inférieur. Le calcaire dévonien inférieur (corniferous formation) est l'étage qui renferme le plus de pétrole. D'un autre côté, M. Hall a constaté que la dolomie du groupe de Niagara dans le comté Monroê contient souvent du bitume. Du pétrole a également été observé dans les nodules des schistes de Marcellus et de Genesee. Enfin les grès dévoniens supérieurs sont très-imprégnés de pétrole dans les États de New-York et de Pennsylvanie; c'est même de ces couches et d'autres supérieures que s'échappent les sources si remarquables qu'il y a dans ce pays. D'après M. S. Hunt, dans le Canada occidental et particulièrement à Enniskillen , à Tilsonburg, le pétrole vient incontestablement du calcaire dévonien inférieur (corniferous limeFtone). A liainham, sur le lac Érié, on trouve quelquefois du pétrole à l'intérieur du pentamerus aratus. A Bertie, sur la rivière Niagara, des calcaires renfermant des favosites et des heliophyllum contiennent aussi du pétrole. Du reste, les sources de pétrole du Canada occidental se rencontrent toutes sur les affleurements du corniferous limestone ou des schistes d'Hamilton qui le recouvrent, ainsi que le long d'une ligne qui court à peu près de l'Est à l'Ouest. M. S te rry Hunt observe que le pétrole qui est plus léger que l'eau devait toujours tendre à s'accumuler vers les lignes de redressement et à s'échapper à travers les fissures qui ont accompagné leur formation; ce phénomène peut d'ailleurs dater d'une épo-

(I) American Journal, 1863; XXXV, 166.