Annales des Mines (1864, série 6, volume 6) [Image 139]

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DU TYROL MÉRIDIONAL. 7

CONSTITUTION GÉOLOGIQUE

avant tout, le sens que nous voulons attacher à cette dénomination. Nous comprendrons dans cette classe celle des roches

du Tyrol méridional qui, au milieu d'une pâte d'un noir verdâtre, contiennent des cristaux de feldspath du sixième système, de pyroxène, d'amphibole et de fer oxydulé ; c'està-dire que nous réunirons en un seul groupe ce que M. de Richthofen avait divisé en deux classes, celle du mélaphyre et celle du porphyre augitique. M. de Richthofen a développé, dans une brochure datée de 1859, les considérations qui l'ont conduit à faire cette distinction ; les voici en quelques mots Depuis Brongniart, le nom de mélaphyre a été appliqué à un si grand nombre de roches sans autre caractère commun que la teinte foncée de la pâte et l'absence du quartz, qu'il n'a plus aujourd'hui de sens précis si l'on n'y joint pas, en même temps, le nom de l'observateur qui l'emploie. Frappé de cette confusion, l'historien de la géologie du Tyrol a cru devoir remonter à l'origine même du nom. Brongniart, en 1815, ayant défini le mélaphyre « une pâte noire d'amphibole pétrosiliceux enveloppant des cristaux de feldspath, » M. de Richthofen en conclut que le nom de méla-

phyre doit être réservé aux roches qui contiennent de l'amphibole, et que celles où l'augite et l'élément essentiel doivent être réunies au porphyre augitique de M. de Buch. Il forme ainsi deux groupes : l'un acide, caractérisé par l'amphibole et roligoklase ; l'autre basique, caractérisé par l'augite et le labrador. Considérée en elle-même, cette distinction est assurément

fort légitime; mais le choix des termes laisse à désirer. M. de Cotta, dans la deuxième édition de sa Lithologie, fait remarquer avec beaucoup de raison que lorsqu'une expression a été employée d'une manière aussi générale que celle

de mélaphyre, c'est hasarder quelque chose de bien peu pratique que de venir en restreindre à ce point la portée. Il demande donc que l'on conserve le nom de mélaphyre,

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comme une qualification en quelque sorte provisoire, que l'on appliquera aux roches éruptives compactes et à teinte foncée dont la composition n'est pas nettement définie, de même qu'on se sert encore aujourd'hui du mot de griinstein pour désigner des roches incomplétement déterminées, se rattachant, par tous leurs caractères, à la famille des Cliorites, des diabases et des gabbros. Nous irons plus loin et nous demanderons que ce nom de mélaphyre soit conservé, non pas seulement à titre provisoire, mais comme une expression générique s'appliquant à toutes les roches basiques de la série porphyrique.

En effet, de même que la série granitique qui forme un

ensemble bien défini, tant par ses caractères pétrographiques que par sa position géologique, a ses représentants acides dans les granites proprement dits, et ses représentants basiques dans les grtinsteins ; de même la grande famille porphyrique peut se partager en deux groupes carac-

térisés: le premier par les porphyres quartzifères et les porphyrites, le second par les mélaphyres ; et comme les grtinsteins se divisent en diorite et diabase, ainsi les mélaphyres peuvent se diviser en groupe amphibolique et groupe

pyroxénique, à quoi il faut ajouter, comme dans la série granitique, les variétés compactes et les amygdaloïdes. En définitive, les mélaphyres seraient l'équivalent por-

phyrique des grtinsteins, auxquels ils ont succédé dans l'ordre des temps, et, au lieu de ne voir qu'une confusion fâcheuse dans l'incertitude qui a régné jusqu'ici sur la définition exacte du mot, il faudrait y reconnaître l'effet d'une sorte d'instinct secret, avertissant les géologues du lien étroit qui unit toutes ces roches de couleur noirâtre, échelonnées entre la période permienne et celle du Jura. M. G. Rose avait bien saisi cette analogie, lorsqu'il faisait du porphyre augitique sa cinquième division des griinsteins (diorite , porphyre dioritique , hypérite , gabbro, porphyre augitique) ; néanmoins cette classification avait