Annales des Mines (1864, série 6, volume 5) [Image 98]

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APPAREIL .RESPIRATOIRE,

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APPAREIL BESPIRATOIRE.

Quelques minutes d'exercice suffisent pour arriver à effectuer facilement, et en quelque sorte instinctivement, ce ,jeu alternatif de la langue. L'air à respirer entre ainsi constam-

ment par un des tuyaux de caoutchouc; l'air expiré sort par l'autre.

S'agit-il seulement de pénétrer dans une excavation viciée voisine du jour, comme une fosse d'aisances, un puits quelques mètres, etc., l'un des tubes au moins, celui qui sert à l'aspiration, devra être assez long pour que son extrémité libre soit maintenue en arrière dans une atmosphère respirable ; il conviendra qu'il en soit de même du second tuyau, pour prévenir les conséquences de fausses manceuves de la langue. Il faudra également, au lieu de tubes simples susceptibles de s'aplatir dans les coudes et d'intercepter le passage de l'air, avoir des tubes suffisamment épais, renforcés intérieurement par de légers ressorts en hélice. Un diamètre intérieur de n ou 5 centimètres paraît pouvoir suffire pour une longueur de 25 à 5o mètres. Mais s'il s'agit de pénétrer à de grandes distances dans un milieu qui est ou peut être partout irrespirable, comme, par exemple, dans une mine de houille à grisou après une explosion, ou bien dans un quartier où se développe un incendie, l'emploi des tuyaux ci-dessus devient évidemment impraticable. Il faut que l'homme qui s'aventure pour le sauvetage des ouvriers restés dans le quartier envahi par le mauvais air emporte avec lui une provision d'air respirable. Voici, dans ce cas, comment M. Galibert propose d'opérer L'appareil comprend, en sus des organes ci-dessus décrits, un réservoir formé d'une de ces outres en peau de bouc, semblables à celles qui servent en Espagne pour le transport du vin à dos de mulet. Cette outre, d'une capacité d'environ 5o litres, se fixera, au clos, au moyen de bretelles et d'un ceinturon. Elle communiquera, par le bas avec le tuyau d'as-

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piration, par le haut, avec le tuyau d'expiration. De cette manière l'air relativement vicié et chaud sortant des pou-. nions se mêlera le moins possible avec l'air aspiré. L'homme respirera un air de moins en moins pur à mesure que son séjour se prolongera ; mais l'air ne se viciera que graduellement, et l'on peut croire qu'au moment où l'homme commencera à se sentir fatigué, il aura encore le temps de

se retirer avant que l'air ne soit devenu tout à fait irrespirable. Rien n'empêcherait d'ailleurs d'avoir quelques outres de rechange sur place. Telle est la forme définitive à laquelle M. Galibert s'arrête. Il se réserve d'ailleurs de disposer sur le trajet de l'air, dans son retour au réservoir, un récipient contenant de la chaux vive en morceaux, une éponge imprégnée de potasse caustique, ou toute autre substance propre à retenir l'acide carbonique produit par l'acte de la respiration. Pour assurer la conservation de l'outre dans l'état de sou-

plesse nécessaire, on la mouillera de temps en temps, ou même on l'entretiendra constamment pleine d'eau. On la rein plira d'air avec un soufflet ordinaire au moment de l'emploi.

Quant aux tuyaux, il seront fabriqués en caoutchouc vulcanisé ; il paraît qu'on leur conservera leur élasticité pri-

mitive, en les gardant à l'abri du contact de l'air, soit dans l'eau pure, soit mieux, dans une eau légèrement alcaline.

Le système de M. Galibert rappelle des appareils qui ont été décrits depuis longtemps, notamment dans l'instruction pratique de 1824 préparée par l'administration des mines et insérée au tome X de la 1" série des Annales des mines. Cette instruction est citée par M. Combes (Traité de l'exploitation des mines, tome II, page 61o) et par M. Ponson (Traité de l'exploitation des mines de houille, t. Il, p. 514). Plusieurs des appareils décrits ont été expérimentés dans les mines de Carmeaux (Tarn). par M. Boisse , qui leur a reconn u divers inconvénients.