Annales des Mines (1863, série 6, volume 4) [Image 110]

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DE M. PALAZOT.

EXPÉRIENCES SUR UN FOYER FUMIVORE

Dans la même année et au commencement de 1859, à la suite d'expériences suivies sur le tirage des cheminées, ce principe a été posé que la marche la plus économique correspond dans les foyers le plus généralement usités à la production d'une fumée noire la plus abondante possible. A cette époque la Société industrielle de Mulhouse avait ouvert un grand concours auquel ont été présentés des générateurs de toutes formes ; les plus économiques devaient remporter des primes

considérables. Un fait très-remarquable est ressorti de l'examen approfondi auquel le comité de mécanique s'est alors livré, c'est que l'on obtenait une économie de combustible considérable en réchauffant l'eau d'alimentation dans des bouilleurs spéciaux, exposés à l'action de la fumée après son passage dans les carneaux du générateur. Ces expériences n'ont pas tardé à porter leurs fruits, et maintenant on compte par centaines, en Alsace et dans les dé. partements voisins, les chaudières munies de bouilleurs réchauffeurs de l'eau d'alimentation. L'économie qui en résulte est au minimum de io p. 100; mais elle atteint moyennement de 15 in p. tao. La raison pour laquelle on obtient un pareil rendement est déduite des observations elles-mêmes. Non-seulement la chaleur développée dans le foyer est mieux utilisée, mais encore et surtout il a été reconnu que l'introduction d'une quantité d'air en excès ne nuisait pas à la production de vapeur comme dans les chaudières non munies de réchauffeurs. Pour celles-ci, par exemple, le maximum de production correspondait à une admission d'air de 8 à 9 mètres cubes par kilogramme de houille, et le rendement pouvait diminuer de 12 à i5 p. 100 avec une admission d'environ 15 mètres cubes. Dans les chaudières munies de réchauffeurs, au contraire, le rendement est à peu près indépendant de l'admission d'air ; il est même plus grand avec un excès de tirage. Alors, en effet, la combustion est plus parfaite et la chaleur enlevée par l'air en excès est rendue à la surface de chauffe considérable des réchauffeurs. On comprend combien d'importance ces faits ont dans la pratique. Les chauffeurs ont toujours une tendance à activer la combustion et augmenter le tirage. Avec des chaudières simples, ils diminuent sans s'en douter la production de vapeur par kilogramme de houille; avec les chaudières munies de réchauffeurs;

leur ineptie ou leur maladresse est en grande partie

compensée

par le fonctionnement de l'appareil. Cependant la Société industrielle n'a pas négligé cet élément Si important de la production économique de la vapeur : la conduite rationnelle du feu. Des concours annuels sont ouverts sous ses aus-

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les plus habiles chauffeurs du département sont convoqué à cette lutte pacifique, et les vainqueurs ont pour récompense des pices ;

médailles et des primes de 25 à 100 francs.

C'est par l'ensemble de tous ces procédés qu'on est arrivé en Alsace à obtenir un rendement qui va jusqu'à 8 kilog. 1/2 de vapeur par kilogramme de houille de qualité médiocre et contenant Io à 15 p. Ioo de cendres. Nous n'avons pas la prétention de formuler ici de nouveaux principes. Nos conclusions sont conformes à celles qu'ont émises les savants qui se sont occupés de la question. Nous citerons notamment M. Combes r), M. Péclet (') et M. Couche (***).

Nous étions dans cet ordre d'idées quand M. Palazot est venu présenter son appareil à la Société industrielle de Mulhouse, qui nous a chargés de l'étudier. Quoique les résultats économiques annoncés par l'inventeur fussent en contradiction formelle avec nos

principes, les rapports de M. Lancelin, ingénieur des ponts et chaussées (29 novembre i86i et 29 janvier 1862), de M. Linder, ingénieur des mines (29 novembre 1861 et io juin 1862), et du conseil d'hygiène et de salubrité du département de la Gironde(iA août et 16 décembre 1861), étaient des documents trop sérieux pour que

nous ne prissions pas tous les soins nécessaires pour résoudre la question qui nous était posée. Appareils fumivores présentés depuis quelques années.

Mais

avant d'étudier le fumivore Palazot, nous avons dû jeter un coup d'oeil retrospectif sur tous les appareils du même genre qui ont été proposés depuis une vingtaine d'années par divers inventeurs. Dès 18113, en Angleterre, la Chambre des Communes prescrivait l'ouverture d'une enquête qui donna lieu à la publication de nom-

breux documents sur les appareils fumivores. Un bill célèbre, connu sous le nom d'acte Palmerston, a été rendu en i855; il dis-. pose qu'a partir du 1" août 1854, tous les fourneaux de Londres devront brûler leur fumée. Une ordonnance du préfet de police de la Seine, en date du 1" novembre de la même année, prescrit les mêmes mesures pour la ville de Paris. Dès lors une foule d'appareils furent proposés par une multitude d'inventeurs. Et cependant les cheminées continuent à verser dans l'atmosphère des torrents de fumée. On s'explique d'autant moins cette anomalie que journellement on affirme que la fumivorité amène avec elle des économies (*) Annales des mines, 1840, tome XI, pages 149 à 210. (") Deuxième édition (iu Traité de la chaleur, page 354, vol. L () Annales des mines, 1862, tome 11, page 366.