Annales des Mines (1863, série 6, volume 4) [Image 39]

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RAPPORT' AU MINISTRE SUR LA MACHINE

sur les chemins à fortes rampes, ce qu'on demande au moteur, ce n'est pas une grande vitesse, mais un grand effort de traction pour faire 'équilibre aux résistances dont la gravité forme alors l'élément essentiel. L'adhérence étant, jusqu'à présent, l'intermédiaire nécessaire de l'effort de traction, et l'expérience prouvant que, à faible vitesse, les machines ont souvent, si ce n'est toujours, besoin de l'adhérence due à la totalité de leur poids pour utiliser leur puissance dynamique, on se trouve en présence de ce problème : Construire des machines puissantes, de i 5o,i 5o mètres quarrés de sur face

de chauffe, et au delà, utilisant l'adhérence due à la totalité de leur poids, et assez flexibles pour franchir des courbes de 250 mètres et même au-dessous. Ce problème, quelques personnes l'ont cru résolu il y a près de dix ans, par la machine de M. Engerth. On sait au-

jourd'hui à quoi s'en tenir. Cette disposition si prônée d'abord est aujourd'hui abandonnée pour les machines à petite vitesse. Non-seulement on ne fait plus de machines de

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ce système, mais même sur la plupart des chemins qui les avaient adoptées, sur le Semmering lui-même, leur berceau, on les a transformées récemment, comme on l'a fait sur le chemin de fer de l'Est dès l'année 1859, en machines ordinaires convenablement lestées et à tender séparé. L'échec du dispositif, emprunté par M. Engerth au constructeur américain Norris (l'engrenage), est trop connu pour que nous insistions sur ce point. Cet échec a été le point de départ des recherchés de M. Rarchaert ; il s'est proposé de résoudre le problème dont M. Engerth avait poursuivi vainement la solution. On sait que dans la locomotive de l'habile ingénieur allemand, le châssis de la machine proprement dite et celui du. tender, installés chacun sur trois essieux parallèles, sont réunis par une cheville ouvrière qui permet aux deux groupes d'essieux de former des angles variables; la boîte à feu, encadrée avec un jeu suffisant par les longerons exté-

A DOUZE ROUES COUPLÉES DE M. RARCHAERT.

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rieurs du tender, repose sur eux par l'intermédiaire de glissières à portées sphériques. Comme M. Engerth, M. Rarchaert

relie par une articulation deux groupes de trois essieux rigides. Mais le trait caractéristique de son système réside dans l'artifice qu'il a imaginé pour transmettre le mouvement de rotation du premier groupe auquel appartient l'essieu moteur, au deuxième groupe, sans altérer la liberté des déplacements relatifs de ces deux systèmes. L'accouplement, au moyen de bielles, est jusqu'ici le seul moyen pratique de transmettre le mouvement de rotation d'un essieu à un autre. C'est encore à cet expédient que recourt M. Rarchaert, mais en le modifiant. Entre le dernier essieu du premier groupe et le premier du second groupe, il intercale de chaque côté de l'appareil un levier à bras égaux, oscillant dans un plan vertical, et articulé à chaque extrémité, avec une bielle qui reçoit le manneton de la roue correspondante.

Quand la machine marche en ligne droite, les positions moyennes autour desquelles oscillent les balanciers sont verticales. Quand le système est en courbe, ces deux positions moyennes s'inclinent en sens contraires, et rachètent, par la somme des déplacements horizontaux de leurs extrémités, la différence des distances des essieux, mesurées sur l'arc extérieur et sur l'arc intérieur. Il est d'ailleurs évident que la demi-longueur des leviers doit dépasser notablement celle de la manivelle, l'excès devant être assez grand pour que l'amplitude totale de l'oscillation correspondante à. un demi-tour de roue ne soit pas exagérée.

() Il n'est pas inutile de signaler en passant un a% mitage inhérent à l'emploi des balanciers : les manivelles qu'ils relient étant nécessairement calées à 1800, le centre de gravité du système par un balancier et les manivelles et bielles correspondantes, n'a pas de mouvement relatif; de sorte que la machine, malgré la position extérieure de ses cylindres et l'accouplement detoutes ses roues, n'exigerait que l'application de contre-poids velaformé

tivement très-légers.