Annales des Mines (1863, série 6, volume 3) [Image 255]

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BULLETIN.

BULLETIN.

Nouveaux gisements aurifères du Canada.

riches qu'on le prétend, ils viendraient sans doute en aide à la

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Si les gisements aurifères de la rivière Saskatchewan étaient aussi

De nouveaux gisements aurifères viennent d'être découverts dans le territoire de la baie d'Hudson. Ils se trouvent sur la branche

septentrionale de la rivière Saskatchewan, entre le fort Pitt et Edmonton, à mi-chemin environ des établissements de la rivière Rouge à ceux de l'île Vancouver. Le métal est disséminé clans des sables extrêmement fins. Il paraît que les placers ont une étendue considérable et ils sont assez riches pour que l'exploitation en soit profitable. L'or provient sans doute du massif montagneux dans lequel la Saskatchewan prend

sa source et d'où sort également la rivière Fraser, qui coule vers l'ouest. Jusqu'à présent les régions que baigne la Saskatchevan étaient demeurées à peu près inhabitées elles n'avaient cependant pas échappé à l'attention du gouvernement du Canada, qui, dès 1858, en avait fait étudier les ressources par une Commission dont le rapport a été publié l'année dernière. Les recherches de la commission n'ont pas été poussées au delà de Carlton-llouse, par le 107e degré de longitude. De cette localité à la rivière Rouge, on

a constaté l'existence de plus de ii millions d'acres de terres arables de première qualité. Le climat n'a d'ailleurs pas été jugé assez rigoureux pour empêcher la colonisation ; et le pays, qui est légèrement ondulé, sans offrir nulle part des pentes abrutes, présenterait un ensemble de conditions favorable à l'établissement d'un chemin de fer. La Saskatchewan se jette dans le lac Winnipeg,

qui reçoit également la rivière Rouge, dont l'Assimboin est le principal affluent. Les lacs Supérieur et Winnipeg sont mis en communication par un système de lacs, d'étangs et de rivières qu'il ne serait pas impossible de canaliser. On pourrait aussi, sans trop de difficultés, rendre la Saskatchewan navigable pour des steamers qui ne tireraient pas plus de 2 pieds d'eau. De cette manière, on atteindrait aisément les placers nouvellement découverts, qui commencent environ au JoSe degré de longitude et s'étendent, à ce que l'on dit, jusqu'au 1.25°. Les trois quarts de la distance de Quebec à Victoria seraient alors franchis. Ce serait assurément un grand pas de fait vers la colonisation de la partie méridionale du territoire de la baie d'Hudson, ainsi que vers la construction d'un chemin de fer destiné à relier la vallée du SaintLaurent et l'océan Pacifique. Le railroad dont il s'agit est à l'étude depuis plusieurs années en Angleterre, où tout récemment encore on s'occupait sérieusement des moyens de l'établir.

réalisation d'un projet qui ne saurait manquer d'augmenter à tous égards l'importance des possessions britanniques de l'Amérique du Nord.

découvertes d'or ne sont d'ailleurs pas bornées à la colonie L de Victoria et à la branche septentrionale de la Saskatchewan. On vient de trouver dans le bas Canada, dans les collines où la Chaudière et la rivière du Loup prennent leur source, un filon de quartz qui contient de l'or en quantité notable. Jusqu'à présent l'existence du métal n'avait été reconnue que dans les sables et les argiles du

lit des rivières. On n'avait vu l'or qu'une seule fois en place, et encore n'en avait-on obtenu que des traces : c'est donc un fait important, au point de vue de la production des métaux précieux au Canada, que d'avoir constaté la présence du métal, en masse appréciable, dans une veine de quartz. L'or se montre aussi dans la Nouvelle-Écosse : on exploite à Tan-

gier, sur le littoral oriental de cette province, à 50 milles à peu près d'Halifax, des gisements dont la valeur, réputée fort médiocre

au début des opérations, tend constamment à s'accroître. La découverte de ces placers remonte à peine à quelques mois, et c'est le hasard qui l'a produite. Un grand nombre de personnes sont occupées, dès à présent, à chercher de l'or; elles sont contentes, à ce que l'on assure, du résultat moyen de leurs travaux, et l'ordre se maintient au milieu d'elles. Des compagnies se sont même formées en vue d'attaquer les filons de quartz d'où le métal semble provenir, et l'on me dit que des machines pour broyer la roche aurifère ont déjà été commandées aux États-Unis et en Angleterre. La Nouvelle-Écosse, qui comptait 55o.000 habitants en )85:, en possède 580.000 aujourd'hui ; mais elle se développerait plus rapidement encore si les espérances qu'on fonde sur l'avenir des mines d'or prenaient de la consistance.

(Extrait d'une lettre adressée à M. le ministre des affaires étrangères par M. GAULDRÉE-BOILEAll,

consul de France à Québec, le 5 avril 186i.)