Annales des Mines (1862, série 6, volume 1) [Image 43]

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SUR L'EMPLOI DE LA DOUILLE DANS LES LOCOMOTIVES.

RAPPORT AU IrtINISTRE

En développant ainsi la consommation de la houille, les ingénieurs ont fait, et non sans succès, tous leurs efforts pour atténuer les inconvénients de la fumée. Justement convaincus de l'insuffisance

des dispositions diverses essayées sous leurs yeux en Angleterre (dispositions efficaces,peut-être avec certains charbons, mais nullement avec plusieurs de ceux que le chemin du Midi met en oeuvre), ils se sont attachés, faute de mieux, à tirer le meilleur parti possible du foyer ordinaire; ils ont réussi, par des soins minutieux, à réduire l'emploi du coke au 1/5 environ de la consommation totale, et cela sans provoquer, je ne dirai pas une seule plainte, ce serait aller trop loin, mais des protestations sérieuses et pressantes., Il est vrai que la majeure partie de la houille est du Cardiff, et que les charbons français beaucoup plus fumeux, celui d'Aubin surtout,

sont exclusivement réservés pour les machines à marchandises. Pour le dernier notamment, il faut bien reconnaître que tous les efforts ont été à peu près impuissants et qu'une solution radicale est de toute nécessité. 11 en est de même, quoique à un degré moindre, pour le charbon de Graisssesac (*). Sans cet obstacle, les deux bassins dont il s'agit seraient naturellement appelés, par leur situation, à concourir pour une large part à l'approvisionnement du chemin du Midi. Il est donc fort intéressé à ce que cet obstacle disparaisse, et à appliquer sans délai une disposition qui atteint ce but.

Chemin de Ceinture.

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« trains de marchandises) » dit la décision précitée « a été tolérée « par l'administration, peu de réclamations se sont produites, parce « que les centres de population à proximité des stations sont rares « et peu importants. Il n'en est pas de même pour le chemin de « ceinture qui, sur tout son parcours, traverse la banlieue de Paris, « où les populations sont extrêmement agglomérées, et il y aurait « de véritables inconvénients et peut-être même du danger à se « départir, pour cette ligne, de l'exécution rigoureuse des disposi« tions qui stipulent que les chemins de fer devront consumer leur « fumée. »

L'annexion de la banlieue plaçant le chemin de ceinture entièrement Mira muros, est venue plus tard à l'appui de ces motifs. D'un autre côté cependant, les charbons employés par le chemin du Nord sont beaucoup moins fumeux que ceux de Saarbrikke, dont son prédécesseur sur le chemin de ceinture faisait usage, et les progrès réalisés depuis 1859 ont d'ailleurs bien changé l'état de la question.

11 ne s'agit pas, au surplus, de revenir sur l'interdiction de la fumée, justement appliquée au chemin de ceinture ; mais l'interdiction de l'emploi de la houille cesse d'être motivée, si la houille peut être brûlée sans fumée ; et le chemin de ceinture devra, comme

les grandes lignes dont il est le trait d'union, profiter du progrès acquis. CONCLUSION.

Cette petite ligne offre l'exemple unique d'un chemin sur lequel il n'y a jusqu'à ce jour, qu'un trafic de marchandises et sur lequel pourtant le coke est exclusivement employé, ou l'était du moins jusqu'à l'époque toute récente où le chemin de l'Est a remis la traction au chemin du Nord. Une décision ministérielle, en date du 9 juin 1857, l'a formellement excepté,e de la tolérance provisoirement accordée aux autres. o Depuis que cette mesure (l'emploi de la houille dans les mérés sphériques, et qui n'appartenait pas à la compagnie, a cessé de fonctionner: cette circonstance a restreint l'emploi des briquettes. Une machine nouvelle vient d'être commandée à M. Voruz de Nantes. (') Les mécaniciens, » dit M. l'ingénieur en chef Duvignaud, chargé du contrôle, « brûlent la bouille de Carder, non sans faire de fumée, mais sans en faire « assez pour incommoder les voyageurs. Avec la houille d'Aubin ils font toujours une fumée insupportable. Avec la houille de Graissessac, ils en font moins, mais assez cependant pour qu'elle soit incommode. » ,

Les faits qui précèdent établissent, ce me semble, que le moment est venu d'assigner un terme 'à la grande expérience qui se poursuit depuis plusieurs années.

Il faut sans doute y regarder à deux fois, en pareille matière, avant d'affirmer qu'un problème est résolu. L'histoire de toutes les industries, celle des chemins de fer ,en particulier, est remplie de ces solutions affirmées un jour sur la foi de quelques essais et démenties ensuite, un peu plus tôt ou un peu plus tard, par l'expérience. Mais s'il est sage de douter longtemps, il ne faut pas douter toujours et nier l'évidence. Si une expérience aussi prolongée, faite dans des conditions aussi variées que celle dont j'ai rendu