Annales des Mines (1862, série 6, volume 1) [Image 29]

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RAPPORT AU MINISTRE

l'action de la chaleur, la carbonisation résout le problème, quoique d'une façon peu satisfaisante, puisqu'une opération en définitive assez coûteuse, aboutit à appauvrir le combustible et à le rendre, dans le cas dont il s'agit, moins propre à sa destination : la production de la vapeur. Mais pour les menus de charbons maigres, cette ressource telle quelle fait défaut. Aussi est-ce spécialement à eux que s'applique l'agglomération , opération ingénieuse qui a rendu. et rendra encore des services réels, mais qui, au point de vue des Chemins de fer, paraît avoir plutôt le caractère d'un expédient d'attente que celui d'un progrès définitif: Si, en effet, on réussit ainsi à reconstituer du gros, et cela, sans la destruction de matière combustible qu'entraîne la carbonisation des houilles agglutinables par la chaleur, la dépense n'en est pas moins considérable, 8 francs au moins par tonne. Le véritable progrès, celui qu'il faut poursuivre et atteindre, c'est, je le répète, l'emploi immédiat dans les locomotives du tout-venant, même après séparation du gros proprement dit, et parfois même l'emploi des menus seuls, le gros et l'aggloméré étant réservés pour les cas où la production de la vapeur est compliquée de conditions spéciales d'approvisionnement et d'arrimage, comme cela a lieu dans la navigation maritime. Quoi qu'il en soit, les agglomérés entrent en ce moment pour une très-grande part dans la consommation de plusieurs de nos chemins de fer. Or, quoique formé généralement de charbons maigres, ce produit dégage, par suite de la présence du brai et du goudron, une fumée abondante et particulièrement désagréable. L'influence de la nature plus ou moins

fumeuse du menu s'efface même en partie, parce que plus le charbon est maigre, plus il faut forcer la dose de matière agglutinante. Nous n'allons pas cependant jusqu'à admettre que tous les agglomérés, quelle que soit leur provenance, soient équivalents sous ce rapport, et doivent être assimilés aux charbons les plus fumeux les briquettes de Belgique,

SUR L'EMPLOI DE LA HOUILLE DANS LES LOCOMOTIVES.

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brûlées sur le chemin du Nord, nous ont toujours paru être

notablement moins fumeuses que celles de Brassac, par exemple, employées sur le chemin de Lyon. Mais il ne s'agit, en somme, que d'une différence du plus au moins, et il faut

reconnaître qu'au point de vue de la fumée, la différence est beaucoup moindre entre les agglomérés provenant de charbons de nature diverses, qu'entre ces charbons euxmêmes. 1. RÉSEAU DU NORD.

Le gros brûlé sur ce réseau, placé dans des conditions si favorables, provient de Belgique (bassins de Charleroi et du Centre); la consommation s'élève à 37 ou 58.0oo tonnes de charbon demi-gras,

à faible proportion de matières volatiles (16 à

p. io0), très-

pur (guère plus de 5 p. i.00 des cendres), et à tous égard excellent. La fumée est généralement très-faible, et tout à fait comparable à celle du coke, pourvu que les mécaniciens se conforment aux instructions du service de la traction; ajoutons que la surveillance exercée sur ce point laisse dès à présent très-peu à désirer, et que pour le 'charbon dont il s'agit, on peut regarder la prescription du

cahier des charges comme exécutée à peu de chose près, et son exécution complète comme assurée, dès qu'on le voudra fermement. Mais les charbons dont il s'agit coûtent 20',50 sur place. C'est évidemment trop cher pour un chemin aussi heureusement placé ; il doit tendre à restreindre chaque jour davantage l'emploi du gros, en lui substituant le menu, mais seulement jusqu'à nouvel ordre, sous forme d'aggloméré. Déjà pour l'exercice t861, le chiffre dela consommation de la briquette atteindra 45.000 tonnes. Elle provient des bassins de Charleroi et de Mons (Sauvarton). La compagnie pourra d'ailleurs cesser

bientôt d'être sur ce point tributaire de la Belgique, les mines d'Anzin s'organisant en ce moment pour une production de briquettes qui doit s'élever à 50à.opo tonnes par an.

L'aggloméré belge, livré au chemin du Nord, fait un très-bon service; il contient 6 à 6 1/2 p.. 100 de cendres Quand cette proportion s'abaisse à 5 1/2, le fabricant reçoit une prime. Quand elle atteint 7, il subit une retenue. Au delà de 7, lalivraison est rejetée. La proportion de brai et de goudron est considérable, à cause de la maigreur du charbon. Elle s'élève à 8 et même Io p. loo: ainsi TOME 1, ,862.

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